SALY : Le président de la République, Macky Sall, a procédé, hier, à l’inauguration officielle de l’Institut Diambars qui a fêté son 10ème anniversaire dans ses locaux, à Saly. L’occasion pour le chef de l’Etat d’appeler les autres clubs à s’inspirer de l’expérience de cette structure.
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a été, hier, l’hôte de marque de l’Institut Diambars, à l’occasion de la célébration des 10 ans du club. A cette occasion, le président de la République a d’abord vivement félicité les promoteurs, Saër Seck, Patrick Viera, Bernard Lama et Jimmy Adjovi Boco, qui ont eu à lancer le projet. « Ma satisfaction est d’autant plus grande que le modèle pédagogique qui fonctionne parfaitement bien dans cette académie, avec ses infrastructures modernes, nous donne l’occasion de développer le sport dans notre pays, de former des champions et des citoyens exemplaires. Je vous encourage donc à persévérer dans cette dynamique », a-t-il ajouté. Selon lui, l’Institut Diambars s’est inscrit dans la voie de la qualité et de la performance en décidant de prendre en charge des footballeurs très jeunes, de leur inculquer les fondamentaux de la pratique sportive et de les placer dans un environnement favorable au perfectionnement sportif et à la pratique de haut niveau.
A son avis, tous les sportifs sénégalais ont apprécié, avec l’expérience en cours dans cet institut, les nouvelles tendances opérées dans les structures de formation sportive, à l’instar de Génération Foot, Aspire Académie, Dakar Sacré-Cœur, etc. « Diriger un club de foot requiert aujourd’hui plus que par le passé, une vision, une communion des adhérents, un projet sportif, un engagement permanent et une contribution notable à la formation des jeunes et à la consolidation nationale », a-t-il poursuivi. Le club de foot, a-t-il soutenu, doit rester un facteur de cohésion nationale managé par des meneurs d’hommes remarquables. Il cite, à titre d’exemple, des « pédagogues, dirigeants sportifs émérites » tels qu’Abdoulaye Fofana, Lux Guèye, Yoro Sow, El Hadji Malick Sy Souris. D’après lui, ces illustres personnalités du mouvement sportif n’ont de cesse de donner aux jeunes un encadrement moral, une leçon de citoyenneté à travers le sport.
Performance et excellence
Macky Sall en a profité pour lancer un appel au fair-play, à tous les dirigeants pour qu’ils placent les intérêts des jeunes au cœur des préoccupations des clubs. Il a affirmé que la doctrine de l’Institut Diambars met la performance et l’excellence au cœur de la formation des jeunes. « C’est important de former de grands joueurs comme Idrissa Gana Guèye, Pape Ndiaye Souaré que le tournoi de football des Jeux olympiques a révélé au monde entier ; mais il est aussi essentiel de former des jeunes capables de trouver un emploi après la carrière sportive du reste très limitée », a encore martelé le président de la République. Il a estimé qu’à côté d’une carrière sportive fructueuse, il est nécessaire de développer des activités entrepreneuriales pouvant contribuer à l’essor de l’économie nationale. Dès lors, explique-t-il, les centres de formation doivent allier études, apprentissage et sport de haut niveau. Le chef de l’Etat, a, du coup, exhorté les dirigeants et autres managers sportifs, à s’inspirer de l’expérience de l’Institut Diambars. Sous un autre angle, il a invité l’Académie Aspire à s’impliquer davantage dans le mouvement sportif et aux compétitions nationales. Cela contribuera, sans doute, au renforcement du niveau technique de notre football qui constitue, pour mon gouvernement, une préoccupation, a-t-il encore soutenu.
Appel aux entreprises et aux sociétés nationales pour accompagner le professionnalisme des clubs
S’agissant de la situation financière des clubs, Macky Sall a estimé que ces derniers peinent à parachever leur professionnalisation, faute de moyens conséquents. Il a néanmoins révélé qu’avec la mise en place du Fonds de développement du sport, des débuts de solution seront apportées à cette question.
Le président de la République a parallèlement invité les entreprises privées, les sociétés nationales, à accompagner le processus de professionnalisation de notre football dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.
Il a aussi accepté de doter l’Institut Diambars d’enseignants suffisants pour alléger les charges de cette structure. Cette question faisait partie des doléances formulées à son endroit par le président de Diambars, Saër Seck. Aussi, Macky Sall s’est-il engagé à étudier la meilleure façon pour permettre à cette entité d’avoir un titre foncier.
Auparavant, le président Saër Seck est revenu sur la création de Diambars en 2003, rendant un hommage mérité aux initiateurs Patrick Viera, Bernard Lama, Jean Marc Adjovi Boco dont l’engagement a permis, selon lui, de mettre sur pied l’Institut. Il a rappelé que cette structure est une association à but non lucratif. « Tous les pensionnaires sont totalement pris en charge par l’Institut et je prends à témoin les parents qui sont présents », a-t-il souligné. Faisant le bilan parcouru depuis la création du club, il a affirmé, avec satisfaction, que de nombreux joueurs ont été formés dont une douzaine joue actuellement dans les clubs européens.
Non sans ajouter que le club est champion du Sénégal et que plusieurs de ses joueurs sont pensionnaires en équipe nationale.
Parmi ses chantiers, il y a l’éclairage du terrain et la Pépinière, l’école des moins de 6 ans qui devra être la principale source de recrutement dans le futur.
TROIS QUESTIONS à Jimmy Adjovi Boco, membre fondateur de Diambars : « Quand on a mis en place ce projet, ça ne se prêtait pas du tout au Bénin »
Diambars est un projet d’hommes, mais c’est avant tout l’idée ingénieuse d’un homme, Jean Marc Adjovi Boco plus connu sous le nom de Jimmy. A l’origine de ce projet qui a révolutionné l’environnement du sport sénégalais, le Béninois d’origine et Sénégalais d’adoption ne cache pas sa fierté d’avoir pu, avec ses collaborateurs, transformer un rêve en réalité.
Jimmy, il y a dix ans, Diambars sortait de terre. Un projet démarré dans une petite auberge louée à Saly Niakh Niakhal. Vous qui êtes à l’origine de ce projet. Que ressentez-vous lorsque vous regardez aujourd’hui ce bel édifice et les résultats faits par l’institut ?
« C’est vraiment la fierté qui nous anime nous tous. Je pense que ce que nous avons réussi est une belle œuvre, et comme toute œuvre, elle n’a de sens que si on lui attribue une pérennité, c'est-à-dire continuer à travailler. C’est vrai que la première étape est réalisée, et plutôt bien. Le président vient de l’inaugurer, mais maintenant, il ne faut pas dormir sur nos lauriers. Il reste encore beaucoup de travail, des jeunes à former, des jeunes à éduquer, continuer à apprendre, à former et à développer notre jeunesse. Des projets, nous en avons encore plein la tête. »
Qu’est-ce qui vous rend le plus fier entre le fait d’avoir réussi à mettre sur le marché des joueurs bien formés et celui d’avoir pu former des hommes qui indiquent la philosophie de l’Institut ?
« C’est former des hommes parce que pour moi, le sportif de haut niveau est d’abord un homme. Former un footballeur professionnel qui n’est pas éduqué, qui demain signera des contrats sans savoir ce qu’il y a dedans ou se comportera en dehors comme le pire des voyous. Ce n’est pas ce qu’on veut montrer ni du Sénégal ni de l’Afrique. Ce qu’on veut, ce sont des joueurs de qualité. Demain, si Aly Sileymani qui était talibé quand il est arrivé devient ingénieur, qu’on arrive à l’aider à monter son entreprise qui devient une très grosse entreprise et qu’il devienne l’un des plus grands chefs d’entreprise de toute l’Afrique subsaharienne, ce serait une grande fierté aussi. »
Certains peuvent trouver paradoxal que vous, d’origine béninoise, choisissiez le Sénégal pour lancer ce projet d’une grande envergure. Avez-vous en tête d’autres projets pour votre pays d’origine notamment ?
« Non, pour moi, cela ne sonne pas comme un paradoxe. Je suis Africain. Ce projet c’est une histoire d’hommes. Ces hommes, je les ai rencontrés ici, l’environnement s’y prêtait. Quand on a mis en place ce projet, ça ne se prêtait pas du tout au Bénin. Aujourd’hui, les choses ont l’air de changer, les gens ont vu ce qu’on a fait ici et ils pensent que c’est peut-être le moment de le faire là-bas. Ce sera avec le plus grand des plaisirs, mais si le Bénin n’est pas prêt, ce sera peut-être la Côte d’Ivoire. Pour moi, ce sera un déchirement, mais le plus important, c’est qu’est-ce qu’on peut faire pour notre continent ? Voilà, je suis Sénégalais d’adoption, Béninois et fier de l’être, mais Africain avant tout.
De nos envoyés spéciaux : Diégane SARR, Wahany Johnson SAMBOU (textes) et Abdoulaye MBODJ (photos)