Dakar, 21 août 2014 (AFP) - Un opposant et ex-ministre sénégalais, Samuel Sarr, a été inculpé et écroué pour "offense au chef de l’Etat" après avoir accusé le président Macky Sall de disposer sur des comptes bancaires à l’étranger "d’argent mal acquis", a-t-on appris jeudi auprès de son avocat.
M. Sarr, un proche de l’ex-président Wade (2000-2012), dont le fils et ancien ministre Karim Wade est actuellement jugé à Dakar pour enrichissement illicite présumé, s’en est également pris à l’avocat français William Bourdon, membre du collectif d’avocats de l’Etat dans ce procès.
Ministre de l’Energie sous Abdoulaye Wade, M. Sarr a été écroué mercredi soir après avoir été inculpé notamment d’"actes et manoeuvres de nature a troubler la sécurité publique, offense au chef de l’Etat, diffusion de fausses nouvelles", a affirmé à la presse son avocat Me El Hadji Amadou Sall.
"Il se considère comme un prisonnier politique", a ajouté Me Sall.
Samuel Sarr, membre de la direction du Parti démocratique sénégalais (ex-pouvoir), avait le 18 août publié sur sa page Facebook un article contre le président Sall et Me Bourdon, ancien président de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et président de l’association Sherpa pour "la défense des populations victimes de crimes économiques".
"Pourquoi William Bourdon n’informe pas et ne saisit pas les milliards de Macky Sall déposés dans des banques américaines ?", avait-il accusé.
"William Bourdon se tait lorsqu’il est grassement payé par ceux-là mêmes, comme Macky Sall, qui crient au voleur alors que leurs comptes bancaires sont pleins d’argent mal acquis", avait ajouté M. Sarr.
Le procès de Karim Wade s’est poursuivi jeudi avec les débats de procédure qui l’ont marqué depuis le début, a constaté un journaliste de l’AFP.
La défense de M. Wade, qui a introduit plusieurs recours pour annuler la procédure, a essuyé cette semaine trois revers, selon des arrêts rendus publics.
La Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), la juridiction spéciale qui juge Karim Wade, a rejeté mercredi une demande de la défense de suspendre les débats, en attendant que des recours qu’elle a introduits devant des juridictions soient tranchés.
La Cour suprême avait également rejeté mardi un pourvoi en cassation de la défense de Karim Wade contre la CREI.
Avant ces deux décisions, la CREI s’était lundi déclarée "compétente" pour son procès après avoir été récusée par la défense de M. Wade.
Les avocats de l’Etat et le parquet considèrent ces recours comme des tactiques "dilatoires".
"Karim Wade est en prison. Il n’a aucun intérêt à +faire du dilatoire+" pour y rester, a déclaré mercredi Me Madické Niang, un avocat de la défense.
Karim Wade, en détention préventive depuis avril 2013, est accusé d’avoir illégalement acquis 178 millions d’euros par le biais de montages financiers complexes du temps où il était conseiller puis ministre de son père.
D’après la défense, son patrimoine est d’environ deux millions d’euros, gagnés pour l’essentiel quand il était trader en Europe avant de travailler auprès de son père.
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