Évidemment, l’indignation. Un jeune étudiant, atteint par balle en plein front par un policier, s’écroule. Il est mort. Tout nous indigne: l’âge de la victime, l’agression, la mort. Mais juste après l’indignation, l’embarras des mots, et les questions sur les circonstances.
La victime, Bassirou Faye, était étudiant en première année en Mp à l’Ucad. Quant à son meurtrier, il serait un policier qui fait partie de ceux qui ont la charge du maintien de l’ordre au Sénégal. Suite à «cet acte indigne et ignoble», certains continuent à se demander si la violence serait un moyen d’expression. Depuis le mois d’octobre, les étudiants sénégalais critiquaient les mauvaises conditions de vie auxquelles ils sont confrontés dans les «restos» universitaires et dénonçaient le non-paiement des bourses.
Face à ces douleurs revendiquées, tant d’oppression, la chronologie des drames file cent à l’heure. L’accélération de la cadence a sonné. La grève des étudiants n’est pas semblable à celle d’une entreprise privée où la production interrompue peut être remplacée par celle d’autres établissements ou reprise lors du retour au travail.
Il y a donc urgence à trouver une voie de sortie et amorcer un dialogue avec les étudiants. Dans le cas d’un conflit privé, le ministre de l’Enseignement supérieur aurait, depuis longtemps, nommé un médiateur pour rapprocher les parties et suggérer un compromis. Cela pourrait être fait dans l’atmosphère actuelle si le gouvernement veut trouver une solution sans perdre la face. Quoi qu’il advienne, il devra sans doute, tôt ou tard, accepter de se mettre à la table. Pourquoi attendre que les choses dégénèrent ? S’ils ne le sont pas déjà. Il est vraiment tant, que l’Etat comprenne que les évènements de l’Ucad seront sur sa conscience. A tout jamais.