A l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad), les étudiants ont décidé de suspendre les cours et les examens jusqu'à la manifestation de la vérité sur la mort de leur camarade, Bassirou Faye. Ce dernier a perdu la vie suite aux échauffourées entre étudiants et forces de l'ordre, le jeudi 14 août.
Vendredi 15 août. Lendemain des échauffourées avec les forces de l’ordre, les étudiants ruminent toujours leur colère. Ils sont impuissants face aux dégâts causés par des forces de l’ordre qui se sont comportés en vrais bulldozers piétinant tout sur leur passage. L’étudiant Bassirou Faye, en Licence I mathématiques-physique informatique (L1 MPI), est tombé sous leurs balles.
Les étudiants indexent les forces de l’ordre et réclament toute la lumière sur cette affaire. Pour eux, la reprise des cours et des examens est suspendue à cette exigence de vérité. Sur place, aussi bien dans l’enceinte du campus que dans les chambres, le décor est indescriptible. Tout est sens dessus dessous. Un calme inhabituel y règne. Les pavillons A, B, E et D, sont vides. Quelques étudiants trouvés sur place se préparent à rejoindre leur domicile familial. Ils fuient l’insécurité qui règne sur le campus.
A la chambre 51 du pavillon E, où logeait le disparu, c’est la tristesse et la consternation qui animent les étudiants venus marquer leur solidarité aux proches du défunt. Ici les occupants pressés d’apporter leurs témoignages se perdent dans les mots. Mbaye Faye, colocataire, étudiant en Licence III, à la faculté des sciences raconte : «Bassirou Faye est tombé au pavillon D. Il a été abattu froidement. Nous avions pris le petit déjeuner et le déjeuner ensemble. Au moment des faits, nous étions dans la chambre et quand la situation a commencé à dégénérer. Un ami, nous a appelés, nous ordonnant de quitter la chambre. C’est au moment de quitter le pavillon E que nous avons été pris pour cibles. C’est le sauve-qui-peut. C’est sur ces entrefaites que Bass a été tué».
Selon lui: «Voilà quelqu’un d’intègre, d’affable, et surtout d’accessible. Nous regrettons sa disparation. Par ailleurs, nous demandons maintenant une seule chose. Que le procureur de la République se saisisse du dossier et qu’il tranche en toute responsabilité cette affaire».
Sette Diagne, étudiant, témoin oculaire raconte : «Nous disons non au sacrifice humain. Trop c’est trop! Comment un citoyen sénégalais bien formé peut-il se permettre de tirer à bout portant sur son frère, sans gène. Ce que je vous raconte là c’est passé devant moi. J’ai vu mon ami s’effondrer. Ce qui se passe dans ce pays notamment à l’Ucad est inadmissible». Et de s’interroger «Comment les autorités peuvent-elles s’offusquer du paiement des bourses des étudiants venus des profondeurs du pays, sans aucun soutien. Et ce, pendant des mois, sous prétexte qu’il y a des réformes. Vous imaginez le tort, et les dommages collatéraux pour étudiants de vivre cette situation pendant des mois?
Nous avons tout simplement marre de cette situation qui n’a trop durée, sans issue heureuse. Il faut que nos gouvernants arrêtent et se ressaisissent». Un autre étudiant sous anonymat déclare: « c’est tout simplement abject! La situation perdure et aucun homme religieux ne s’est prononcé sur la question de manière responsable. Et de jour en jour, nous assistons au pire à l’Ucad. Pour ce cas ci, nous ne laisserons rien. Nous irons jusqu’au bout. On nous impose des réformes à la con, oubliant que les occidentaux ne font que ce qui les arrange», s’est-il offusqué.
MORT DE L'ETUDIANT BASSIROU FAYE - LE SUDES POUR UN ARRET DE TRAVAIL LE LUNDI 18 AOUT
Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/enseignement supérieur et recherche (Sudes/Esr), dans un communiqué parvenu à notre rédaction, condamnant la mort de l'étudiant Bassirou Faye, tué le jeudi 14 aout, lors d'un affrontement entre les étudiants et les forces de l'ordre, demande un arrêt de travail de travail, le lundi 18 août.
La source poursuit, en outre, que le Sudes «demande au Gouvernement que toute la lumière soit faite sur les circonstances de cette mort qui ne devrait, en aucun cas, connaître le même sort que celui de l'étudiant Balla Gaye. En conséquence, il est impératif de situer les responsabilités et d'en tirer toutes les conséquences de droit». Le Sudes condamne par ailleurs les cycles récurrents de violences et appelle les autorités à éradiquer définitivement leurs causes dans les universités publiques.
CRISE UNIVERSITAIRE - LES JEUNES REPUBLICAINS DENONCENT LA VIOLENCE AU SEIN DU CAMPUS
Les jeunes républicains de l’Alliance pour la République (Apr)ont dénoncé la violence qui secoue le monde universitaire entre les forces de l’ordre et les étudiants qui réclament le paiement de leur bourse.
Les jeunes de l’Alliance pour la République (Apr) ont déploré la violence au sein du campus universitaire, consécutive au non paiement des bourses des étudiants. Selon Mamadou Kassé, jeune de l’Apr, par ailleurs conseillé en urbanisme du chef de l’Etat, «au regard de la situation actuelle où il y a divers événements dans l’espace universitaire, nous condamnons avec la plus grande énergie la violence dans ce milieu ayant entrainé mort d’homme, bien que nous concevons l’université comme un espace qui doit être en permanence apaisé. Nous exigeons également qu’une enquête soit diligentée dans les plus brefs délais, et que toutes les responsabilités soient situées. Enfin nous appelons le gouvernement à mener la plus grande réflexion et pose la question du monopole d’une seule institution financière sur le paiements des bourses ».
Pour lui l’Etat doit être réceptif pour résoudre les problèmes dans l’immédiat et savoir où se trouve la lenteur dans la délivrance des bources, si réellement c’est au niveau du ministère ou de la banque. C’est dans cette même optique que lance un membre de la jeunesse républicaine du nom de Cheikh Babou : «C’est une situation regrettable. Nous souhaitons qu’elle puisse être tirée au clair, parce que ce n’est pas normal dans un pays comme le Sénégal. Les étudiants sont une partie intégrante de la société qui doit être protégée pour pouvoir bénéficier d’une formation adéquate qui leur permettra de s’intégrer à la vie active. » Quant à Ndongo Ndiaye, il a déploré avec fermeté ces incidents, avant de confirmer l’engagement de l’Etat à œuvrer pour l’éclosion de la vérité : «l’Etat a l’obligation de situer les responsabilités » dit-il.
Abdou Khadre SAKHO
(Stagiaire)
VIOLENCES A L’UNIVERSITE - LE MEER DENONCE LES BAVURES POLICIERES
Le Mouvement des élèves et étudiants républicains(Meer) condamne la bavure des policiers qui a conduit à la mort d’un étudiant. Cet acte, montre, selon le Meer, que les réformes à l’université ne peuvent se faire que dans la concertation.
«Aujourd’hui, nous fustigeons avec la dernière énergie les bavures policières qui ont eu lieu à l’Ucad et qui ont conduit à la mort d’un étudiant».
Cette condamnation émane des du Mouvement des élèves et étudiants républicains (Meer), en conférence de presse organisée hier, vendredi 15 août, au siège de l’Apr. Le Meer, par la voix de son secrétaire administratif national, Arona Seck, s’est dit consterné, d’autant plus que «cet étudiant ne réclamait que son dû car la situation dans nos campus est insoutenable». Pour le Meer, cette situation est en partie due à l’absence de concertation avec les étudiants, pour la bonne et simple raison que le ministre de tutelle s’entête à vouloir faire appliquer les réformes de force. «Nous sommes persuadés que l’on ne peut gérer le secteur de l’enseignement supérieur avec des mesures musclées», a déclaré Arona Seck. Et de poursuivre : «à notre humble avis, nous pensons que la tutelle devrait négocier avec tous les acteurs afin de pacifier l’espace universitaire».
Déplorant vivement la mort de l’étudiant Bassirou Faye, le Meer a tenu toutefois à dire qu’il ne demandait pas le limogeage du ministre de l’Enseignement supérieur, laissant la latitude au Président de la République de prendre ses responsabilités : «c’est le président de la République qui l’a mis à la tête de ce ministère, donc c’est à lui d’évaluer la situation pour voir si les missions qui lui été assignées ont été accomplies, et de prendre ses responsabilités». Pour finir, les camarades d’Arona Seck ont lancé un appel à tous les étudiants invités à trouver des moyens non violents pour solutionner leurs problèmes. Un appel cependant handicapé par la présence des forces de l’ordre dans l’enceinte universitaire, selon le Meer qui dit «ne pas comprendre que nos temples du savoir soient transformés en champ de bataille car depuis plus d’un mois, les forces de l’ordre ont occupé l’espace universitaire en le transformant en caserne»
Ousmane Demba KANE
(Stagiaire)
MORT DE L’ETUDIANT BASSIROU FAYE - LE COMITE SENEGALAIS DES DROITS DE L’HOMME OUVRE UNE ENQUETE
Suite à la mort de l’étudiant Bassirou Faye, tué dans l’affrontement entre forces de l’ordre et étudiants, le 14 août, le Comité Sénégalais des Droits de l’Homme a promis d’ouvrir une enquête pour y voire plus claire. L’annonce a été faite par Alioune Tine, Président dudit comité hier, vendredi 15 août, sur les ondes de la radio Sud Fm.
La mort de l’étudiant Bassirou Faye, lors des affrontements entre forces de l’ordre et étudiants, le 14 août, suscite indignation et regret de part et d’autre. Sur les ondes de la radio Sud Fm, hier, vendredi 15 août, le Comité Sénégalais des Droits de l’Homme, à travers la voix de son président, Alioune Tine, a fait une sortie au vitriol pour fustiger la violence qui sévit dans l’espace universitaire. Selon lui, le Comité Sénégalais des Droits de l’Homme est «très fortement émus par cette information de cette mort d’étudiant, que nous condamnons».
Dans la même logique, il a indiqué que le comité condamne avec la dernière énergie la violence récurrente à l’université de Dakar. Ainsi, a-t-il promis que, pour que la lumière soit faite et que les responsabilités soient situées, «nous allons envoyer aujourd’hui (ndlr: hier) même une délégation qui va voir les étudiants et également la police». A l’en croire, ladite délégation va enquêter et faire des propositions très concrètes.
Par ailleurs, il s’est dit indigné par la présence permanente des forces de l’ordre dans l’espace universitaire, qui, selon lui, est un problème pour la liberté académique. A l’en croire, «l’université est un espace d’acquissions de savoir, de production de savoir, il faut qu’il y ait la paix, la sérénité dans la durée». Au banc des accusés, il a tout d’abord pointé un doigt accusateur sur l’Etat, au premier chef, et ensuite la responsabilité des enseignants, ainsi que celle des étudiants.
Toutefois, il a appelé tous les acteurs à engager un dialogue franc et également à exercer leur responsabilité. «Je pense qu’un dialogue franc, ouvert et massif doit s’ouvrir», a-t-il estimé. Mieux, il a déclaré qu’il faut que «la police quitte et qu’on respecte ses engagements».
Jean Michel DIATTA
MEUTRE DE L'ETUDIANT BASSIROU FAYE A L'UCAD - TOUTES LES RESPONSABILITES SERONT SITUEES, SELON LE GOUVERNEMENT
Le gouvernement du Sénégal a décidé de faire toute la lumière sur le meurtre de l'étudient Bassirou Faye qui a succombé à ses blessures suite aux violentes manifestations entre étudiants et policiers avant-hier, jeudi 14 Août, à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar -Ucad).
Suite aux violents affrontements entre étudiants et forces de l'ordre sur le campus social de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) qui se sont soldés par la mort d'un étudiant de la faculté des sciences et techniques du nom de Bassirou Faye, le gouvernement du Sénégal à travers un communiqué rendu public hier, a fait savoir que toute la lumière sera apportée sur ce meurtre. « Le procureur de la république, saisi du dossier s'attèlera à situer toutes les responsabilités et prendra les mesures appropriées », lit-on dans ce communiqué.
Le président de la République Macky Sall , le premier Ministre ainsi que les membres du gouvernement ont ainsi exprimé toute leur compassion et leurs sincères condoléances à la famille du disparu et à la communauté universitaire du Sénégal.
Tout en déplorant la violence qui a caractérisé ces manifestations, le gouvernement, indique qu'il continuera à veiller sur la sécurité des biens, des personnes et aux maintien de l'ordre public.