La presse quotidienne revient largement sur le décès jeudi de l’étudiant Bassirou Faye, tué lors d’affrontements avec la police, à l’occasion d’une manifestation pour le paiement des bourses à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD).
L'émotion le dispute partout à l'indignation dans les quotidiens dakarois qui, tous, décrivent les circonstances de la mort du pensionnaire de la Faculté des Sciences et Techniques.
Ainsi de L'As qui explique que le défunt, qui était inscrit en mat-physique, a ‘’reçu une balle réelle qui lui a traversé la tête, causant sa mort quelques minutes plus tard’’.
La violence venait alors d’atteindre son paroxysme à l’UCAD et dans ses alentours, où les étudiants, armés de pierres, s’affrontaient avec les forces de l’ordre.
Déroulant le film de cet évènement tragique, le quotidien Enquête précise que c’est vers 14h, ‘’alors que la tension et la violence étaient à leur paroxysme’’, que ‘’Bassirou Faye a été mortellement atteint à la tête’’.
‘’Secourus par les étudiants, il a été évacué au service médical. L’étudiant grièvement blessé y est resté vingt minutes, avant d’être évacué à l’hôpital Principal. Mais ses camarades en pleurs affirment qu’il était décidé’’, raconte le journal.
Il ajoute que ‘’ce qui s’est passé jeudi au Campus égale en barbarie ce qui se passe dans la bande de Gaza entre les forces israéliennes armées jusqu’aux dents et les populations civiles armées de pierres’’.
Pour le Populaire, cette mort porte à deux le nombre de victimes par balle à l’Université Cheikh Anta Diop. ‘’Comme en janvier 2001, avec l’affaire Balla Gaye, le drame est survenu pendant de violentes bagarres entre étudiants et forces de l’ordre dans ce temple du savoir’’, écrit le journal.
Pour Walfadjri, les ministres de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, et celui de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane, sont désormais ‘’sur le gril’’. D’après ce quotidien, les étudiants, qui ‘’se sont réunis au sein d’un collectif pour faire face à ce qu’ils considèrent comme des dérives des autorités en charge de l’enseignement supérieur’’, réclament leur départ.
Le quotidien du Groupe Walfadri signale également qu’’’après avoir réclamé la démission du ministre de l’Intérieur, le SAES [Syndicat autonome de l’Enseignement supérieur] exige le départ de son collègue de l’Enseignement supérieur’’. Sans le départ de ce dernier, il n’y aura plus de cours à l’UCAD, avertit le journal
Plusieurs journaux indiquent que la délégation gouvernementale envoyée à Diourbel pour présenter les condoléances de l’Etat à la famille du défunt a été ''éconduite''. L’information est notamment rapportée par Enquête et Walfadjri.
Selon Libération, la Direction des investigations criminelles (DIC) est à la recherche du tireur. Le journal souligne que le procureur de la République a ‘’demandé à la DIC ‘’d’identifier le ou les meurtriers de Bassirou Faye et de les déférer devant son parquet’’.
L’Information fait la Une de L’Observateur, qui indique que l’enquête a été confiée à la DIC. Selon ce journal, ‘’l’autopsie conclut à une mort par arme à feu’’. Le quotidien du Groupe Futurs Médias annonce qu’’’une expertise est envisagée’’.
Si l’en croit Le Soleil, ‘’l’Etat va situer les responsabilités’’ dans la mort de l’étudiant Bassirou Faye. Il annonce dans le même temps que ‘’le ministre de l’Intérieur promet de revoir les mesures de sécurité à l’UCAD’’.
Quoi qu’il en soit, le commentateur de Direct Info estime que la mort de ‘’Bassirou Faye était prévisible’’, affirmant que ‘’ce jeudi 14 août constitue le point culminant d’une situation que les autorités ont laissé pourrir sciemment’’.
Un point de vue que semble partager La Tribune. Selon ce journal, ‘’l’Etat qui devait régler avec diligence ce problème des bourses impayées, a laissé faire malgré les revendications récurrentes des étudiants’’.
‘’La bombe n’ayant pas été désamorcée à temps, a fini par exploser avec à la clé, un mort, des centaines de blessés et des arrestations aux dires des étudiants’’, écrit encore le journal.