Des athlètes sénégalais installés aux Etats-Unis d'Amérique se disent affectés par leurs résultats aux 19èmes Championnats d'Afrique d'athlétisme, affirmant être passés à côté de leurs objectifs parce que partagés qu'ils étaient entre les exigences d'une bonne préparation et la nécessité de travailler pour subvenir au quotidien à leurs besoins.
Moussa Dembélé et Amadou M. Guèye (110m haies), comme du reste Mamadou Guèye (triple saut), ont fait part de leur dilemme relativement à cette situation.
Interrogés séparément par l'envoyé spécial de l'APS, les trois athlètes assurent de leur volonté de toujours porter haut les couleurs du Sénégal. Mais ils se disent également dans l'obligation de travailler pour réussir leur vie.
"Nous avons nos familles et aux Etats-Unis, il est vrai que c'est le pays de tous les possibles, mais sans argent et sans bourse, on ne peut rien faire", insiste Moussa Dembélé, qui a participé mercredi à la finale du 110m haies.
Le hurdler se déplace en béquilles après avoir buté sur une haie lors de la finale. Il a rappelé que malgré une saison difficile marquée par des blessures, il se croyait "capable de ramener une médaille de Marrakech".
"Il est vrai qu'en plus des entraînements, je dois travailler à côté pour aider notamment ma famille restée au pays", a-t-il dit, non sans signaler être l'un des rares athlètes sénégalais à revenir des Etats-Unis pour courir sous les couleurs de son pays.
Moussa Dembélé qui en est à sa 6-ème année aux USA, plus précisément à l'Université de North Carolina, se dit conscient de ce que les observateurs pourraient avoir du mal à ''comprendre ces résultats catastrophiques". Il s'empresse tout de même d'ajouter que leur volonté est de "toujours de faire briller" le Sénégal.
"Nous avons choisi l'athlétisme et nous avons le potentiel pour le faire", tente de convaincre qui celui qui dit être passé de 14s à 13s 50 en passant de l'Europe aux USA.
Affirmant demeurer dans l'ambition de "toujours bien représenter" le Sénégal aux prochains Championnats du monde (2015) et aux JO de Rio (2016), il note que ce ne sera possible qu'avec le soutien des autorités. "Aux USA, dit-il, tout se paie : le kiné, l'entraîneur et les soins. Or, avec la bourse, ça ne suffit pas toujours".
Amadou Moctar Guèye, éliminé dès le premier tour du 110m haies, reconnait lui aussi être passé à côté de sa course. "Je dois améliorer ma technique de course pour taquiner les meilleurs", a reconnu le natif d'Abidjan (Côte d’Ivoire), qui a toujours du mal à passer le premier tour, après deux championnats d'Afrique.
Se disant très déçu, le hurdler de 23 ans a dit que sa difficulté de se maintenir en forme - entre la fin de sa saison américaine et le début des championnats d'Afrique - pourrait également expliquer sa contre-performance. "Avec du soutien et une bonne communication, je pense avoir le potentiel pour faire mieux surtout si on m'aide", a-t-il dit.
Le 3-ème "Américain", Mamadou Guèye en l’occurrence, finaliste du triple saut avec un bond de 16m 11, loin des 17m 03 de Khotso Mokoena, le vainqueur sud-africain du concours, est à 28 ans partagé entre son envie de poursuivre sa carrière sportive et la nécessité de faire un virage professionnel.
"Jusque-là, ma famille me soutient, j'ai eu des diplômes dans des universités privées au Sénégal avant de rejoindre les Etats Unis en 2011", a relevé celui qui vient de décrocher ses diplômes en administration et business à l'université de New York.
Le spécialiste des sauts horizontaux assure qu'il est temps pour lui d'aller chercher du boulot. Il nourrit dans le même temps l'ambition de "donner raison à ceux qui croient à son potentiel''. Il veut pour cela réussir "de grandes choses" aux championnats du monde et aux JO.
"Je sais aussi qu'en travaillant, je vais bien gagner ma vie, mais le temps consacré au sport sera tellement limité que je peux dire adieu à mes rêves de grandeur sportive", a-t-il résumé.