Environ 20.000 personnes sont attendues à la cérémonie initiatique du Bukut prévue samedi à Bessire, dans le département de Bignona (Sud), a annoncé son chef de village, Aliou Bodian.
Il s’exprimait à l’occasion d’une cérémonie officielle de remise de l’appui du gouvernement pour accompagner le village dont la dernière édition du Bukut remonte en 1978.
Le ministre, chef de cabinet du président de la République, Abdoulaye Badji qui conduisait la délégation gouvernementale a remis 15.000.000 francs et 15 tonnes de riz aux organisateurs de la manifestation culturelle.
A quelques jours de l’entrée des futurs initiés dans le bois sacré, le village est gagné par la ferveur du Bukut, une initiation qui selon un notable permettra aux personnes concernées d’entrer dans la catégorie des hommes.
Les détonations des fusils traditionnels se font entendre partout dans le village où on note déjà une forte affluence. Des abris-provisoires et des tentes sont en train d’être installés pour accueillir les invités qui viennent des autres régions du Sénégal, de la sous-région et de la diaspora.
Selon Sidiya Sonko, enseignant à la retraite et notable du village, le Bukut, ’’est un moment de retrouvailles des fils du pays’’.
Le notable dit éprouver un sentiment de culpabilité à l’égard des futurs initiés qui ont attendu 35 ans pour pourvoir se marier dans la tradition Diola, une des ethnies majoritaires de la Casamance.
‘’Ça nous pousse même à la limite à piétiner la religion. Il est heureux que les villageois aient pris la décision d’organiser cette année le Bukut’’ a souligné Sidiya Sonko, par ailleurs président de l’Association des ressortissants de Bessire pour le développement (ARBD).
Expliquant les raisons qui ont concouru au retard dans l’organisation du Bukut, il a évoqué plusieurs facteurs dont la bonne moisson de riz, la maturité des futurs initiés et l’annonce de signes révélateurs par les prêtres du bois-sacré.
Le notable a renseigné que ‘’la cérémonie du Bukut prépare le futur initié à être un homme complet, à connaître sa place dans la hiérarchie sociale’’
En somme, a-t-il poursuivi, ‘’c’est une éducation complète qu’on délivre aux futurs initiés pour leur permettre de partager avec les autres et à se confondre dans la masse’’.
‘’On vous apprend à vous défendre, le secret des racines, à nager etc. On fait de vous un homme complet en quelque sorte’’ a argué le notable du village de Bessire.
‘’C’est comme dans l’armée. On donne aux futurs initiés des matricules (à la nuque) pour qu’on puisse les identifier’’ a-t-il renseigné.
Poursuivant ses explications, le notable a indiqué que l’enfant est confié à sa famille maternelle et paternelle, quelques jours avant son entrée dans le bois sacré dans le but de lui inculquer les origines et les totems de sa famille.
D’après le notable, ‘’c’est aussi une façon de dire aux parents que l’enfant est sous leur responsabilité, en les invitant à veiller sur lui pour qu’il sorte sain et sauf de l’initiation. C’est ça le contrat (moral). Chacun a sa part de responsabilité dans le Bukut’’.
‘’L’idée c’est d’aller vers l’intégration du Bukut dans le calendrier culturel du pays pour que l’Etat puisse être obligatoirement présent dans ces manifestations culturelles’’ a fait valoir le ministre, chef de cabinet, Abdoulaye Badji.
‘’Dans la socio-culture diola, l’élément dominant, c’est le Bukut. Le président Sall a très bien compris que c’est un élément important pour consolider la nation sénégalaise’’, a-t-il estimé.
Le président du conseil départemental, Mamina Camara, a soutenu que la culture pourrait contribuer au retour de la paix en Casamance, en proie depuis 1982 à un conflit armé.