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Le Quotidien N° du 16/12/2013

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Son sucre invendu depuis des mois : La CSS menace de fermer
Publié le lundi 16 decembre 2013   |  Le Quotidien


Le
© Autre presse par DR
Le sucre du milliardaire M. Jean-Claude Mimran


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Sous les coups de boutoirs des commerçants et des importateurs de sucre, les produits de la compagnie sucrière du Sénégal ne trouvent plus preneur, et empêchent même au «sucrier» national d’avoir des marges pour pouvoir faire face à ses charges de fonctionnement. Une situation qui se corse par l’entrée en scène d’autres importateurs, qui détournent la production destinée au Mali et en inondent le marché local. A Richard Toll, le spectre de la fermeture de l’usine de Jean-Claude Mimran n’est plus juste une vue de l’esprit.
Des informations concordantes indiquent que, pour payer les salaires de novembre, la direction de la Compagnie sucrière sénégalaise a dû faire recours à la cassette personnelle de son propriétaire, M. Jean-Claude Mimran que la publique renommée au Sénégal présente comme un milliardaire. Si la Css en est arrivée à payer difficilement les salaires, c’est tout simplement qu’elle fait face à une mévente exceptionnelle de ses produits. Des informations internes indiquent qu’environ 20 000 tonnes de sucre moisissent dans ses entrepôts depuis près de deux mois, ce qui représente 90% de la production de l’unité industrielle pour cette période.
Cette situation s’explique, une fois de plus, par le laxisme dans le système de distribution des autorisations d’importation. La compagnie sucrière dénonce que du fait de la distribution incontrôlée des Droits d’importation des produits alimentaires (Dipa) en quantité plus que nécessaire, le sucre importé a envahi le territoire national, empêchant l’écoulement de sa production. Pis, constatent les agents de la compagnie, même des étrangers se sont mis dans le circuit. Selon eux, des commerçants font entrer du sucre importé sur le territoire national, sous prétexte de le convoyer au Mali. Mais pour la plupart de temps, bizarrement, ce même sucre destiné au Mali se retrouve en vente sur le territoire sénégalais. Et les prévisions les plus pessimistes ne pensent pas que la situation pourrait s’améliorer au plus vite.
Les spécialistes déclarent en effet que ces commerçants maliens parviennent «par le jeu des rectifications de manifestes à écouler dans le pays des milliers de tonnes de sucre à l’origine sans Dipa ni acquittement des droits de douane et de la Tva». Et pour corser le tout, ces mêmes gens estiment que ces opérations peuvent se renouveler de manière quasi indéfinie, «compte tenu du renouvellement incessant des stocks sous ce régime qui permet, par un effet revolving, de retarder l’apurement des comptes avec les douanes».

Dans ces conditions, le pire n’est plus inimaginable.
Les pouvoirs publics ont été avisés que la Css pourrait être amenée, dans les semaines à venir, à fermer ses portes. La compagnie indique qu’elle ne parviendrait pas, si elle est dans l’incapacité de vendre ses produits, à faire face à ses charges d’exploitation et à payer ses fournisseurs. Il semblerait que le Premier ministre Aminata Touré a été avisée de la situation et aurait, dit-on, promis de prendre des mesures. En attendant, les choses sur le terrain ne changent pas. On trouve plus facilement du sucre importé que du sucre local sur les rayons des boutiques.
Sans doute qu’au ministère du Commerce, où s’octroient les Dipa aux commerçants, peu de gens intériorisent cette éventualité. Exacte­ment comme avant 2007 aux Etats-Unis, peu de gens ne s’imaginaient qu’une banque aussi puissante que Lehman Brothers pouvait se retrouver du jour au lendemain en cessation de paiement. Too big to fail ? Cela n’existe plus nulle part.
D’ailleurs, dans la région de la Vallée du fleuve, on a déjà commencé à ressentir les effets des politiques économiques décidées depuis les bureaux climatisés de Dakar. La filière tomate ne cesse de continuer sa descente vers les enfers. La forte baisse de la production de la saison écoulée trouve ses causes dans les méventes de la production de tomate que connaissent les deux industriels qui ont fait la remontée de la filière, victimes de la concurrence des négociants importateurs de triple concentré de tomate. D’ailleurs, la Socas avait dû mettre ses employés de l’usine de Savoigne en chômage technique, faute de pouvoir garantir l’écoulement de sa production.
Si la région nord a pu supporter le choc de l’usine de Savoigne, personne ne peut assurer que ce sera le cas si la Compagnie sucrière de Richard Toll devait fermer, ne serait-ce que provisoirement, et mettre son personnel en chômage technique.
Qu’on l’aime ou pas, force est de reconnaître aujourd’hui que, plus que les riziculteurs ou les acteurs de la filière tomate, la Compagnie sucrière sénégalaise est le véritable poumon de l’économie du Nord du pays, sinon d’une bonne partie du pays tout entier. En saison pleine, la Css emploie directement et indirectement environ 18 000 personnes, coupeurs de cannes, ouvriers de l’usine, transporteurs et autres, compris. C’est une masse salariale d’environ 15 milliards injectés dans la zone, sans compter d’importantes recettes en taxes et impôts pour le Trésor public. Sans doute que Macky Sall et ses ministres auront fait la part des choses avec ce que leur rapportent les commerçants à qui ils ne veulent pas refuser l’importation du sucre, et ont pris leur décision.
Finalement, on se demande, au vu de tout cela, si Baïdy Agne était ironique ou simplement prémonitoire, quand, lors des Assises de l’entreprise, il a interpellé le ministre de l’Economie et des Finances en ces termes : «Le Sénégal a-t-il pris l’option de la désindustrialisation… Nous voulons savoir.»

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