En réponse à la décision de Taïfour Diop, Premier président de la Cour d’appel de Saint-Louis, invalidant sa victoire à Podor, Aïssata Tall Sall et ses avocats ont convoqué hier la presse pour faire un procès acerbe au haut magistrat. Loin de rendre les armes, ils décident de porter le combat devant la Cour suprême.
Me Aïssata Tall Sall ne compte pas se faire déboulonner dans «sa» mairie. Taïfour Diop, Premier président de la Cour d’appel de Saint-Louis, ne savait pas qu’il allait s’attirer les foudres du maire de Podor en invalidant sa victoire. En conférence de presse hier, Aïssata Tall Sall et ses avocats ont prononcé un réquisitoire acerbe à l’encontre du haut magistrat. Avec une voix empreinte de furax, Me Massokhna Kane déplore : «Aujourd’hui, on assiste à l’écriture d’une page sombre de l’histoire du Sénégal. Le juge Taïfour Diop ne mérite pas ce titre de juge. Avec cette forfaiture qu’il a commise, je ne peux que l’appeler par son nom : Taïfour Diop.»
Emmitouflée dans une robe mauve assortie d’un foulard autour de la tête, Aïssata Tall Sall assimile «la Cour d’appel de Saint-Louis à une Cour du miracle où on peut transformer un homme en femme. Taïfour Diop déshonore la famille judicaire et je pense que c’est un virus qu’on doit extirper du système judicaire».
4 magistrats sur 10 boycottent la décision rendue
Sur le plan juridique, Me Mbaye Sène s’est penché sur les «dérives» du Premier président de la Cour d’appel. Il retrace la genèse de la procédure : «des recours ont été déposés par la coalition And liguéyal Podor dirigée par Monsieur Racine Sy et qui sont au nombre de trois. A l’audience du 25 juillet 2014, après la lecture du rapport par le conseiller-rapporteur d’un recours déposé le 30 juin 2014. Ce même conseiller a dit l’avoir reçu du préfet de Podor. Nous avons adressé une sommation interpellative au préfet qui a dit n’avoir jamais reçu de recours encore moins déposé sur la table du Premier président de la Cour d’appel de Saint-Louis.»
De plus, Me Sène invoque l’article L 255 du Code électoral pour rejeter le recours du camp de Racine Sy. «La procédure a commencé le 4 juillet alors qu’aujourd’hui nous sommes le 12 août (hier). La loi dit que la Cour d’appel a un mois pour donner une décision et, au-delà, elle devait se dessaisir du dossier en déclarant son incompétence», soutient la robe noire qui fait appel au quorum des magistrats pour montrer la «partialité» de Taïfour Diop envers Mamadou Racine Sy. L’avocat fait savoir que «cette décision s’est faite avec 5 juges. Ils sont 10 juges à siéger à la Cour. L’un est absent et quatre autres ont décidé de boycotter, en se disant non concernés par la décision. La loi dit qu’il faut 6 magistrats pour rendre une décision», ajoute Me Mbaye Sène qui rappelle que Taïfour Diop a enfreint la loi en recevant le recours des mains du plénipotentiaire du camp de Racine Sy, Samba Ndiaye.
«Les morts ont voté à Saint-Louis, pas à Podor»
Sur la question d’un éventuel vote des morts Daouda Sy et Ourouss Niang, Me Aïssata Tall Sall dégage en touche en soutenant que «les morts ont voté à Saint-Louis, car dans le procès-verbal de la Ceda de Podor, ces morts n’avaient pas de signature». Optimiste, le camp du maire de Podor espère que «la Cour suprême va dire le droit». Elle précise toutefois qu’elle «félicitera Racine Sy, si la Cour suprême dit le droit en donnant ce denier vainqueur».
Se disant «amadouée» par les excuses de Taïfour Diop suite aux exclusions de ses avocats, Aïssata Tall Sall rappelle à qui veut l’entendre qu’elle reste l’édile de Podor jusqu’au verdict de la Cour Suprême où ses conseils ont fini de déposer un recours.
