C’est un mémoire de 1 000 pages de preuves que Abdoulaye Baldé a livré pour justifier la licéité de son patrimoine qui serait surévalué par la Crei à 5 milliards de francs Cfa. Le maire de Ziguinchor, qui a déposé hier sa réponse à la mise en demeure du Procureur spécial Alioune Ndao, dénonce la «mauvaise foi des enquêteurs» et se dit «serein» quant à l’issue de cette affaire.
Les éléments justificatifs sont à l’image des accusations : énormes ! Sommé d’apporter les preuves de la licéité de son patrimoine évalué par le Procureur spécial près la Crei à plus de 5 milliards de francs Cfa, l’ancien ministre d’Etat et maire de la commune de Ziguinchor a livré hier à 11 heures (il a reçu une mise en demeure le 10 juillet dernier) un volumineux mémoire de «1 000 pages» pour démonter «les accusations fallacieuses des enquêteurs». A l’en croire, le commandant Cheikh Sarr de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale et ses hommes auraient non seulement surévalué ses bien, mais lui ont aussi attribué des biens qui ne lui appartiennent pas.
Au sortir des locaux de la Crei hier, le leader des Centristes du Sénégal et ses souteneurs, parmi eux Idrissa Seck, se dit «serein», car souligne-t-il, «si cela repose sur le droit et la justice, je n’ai pas d’inquiétudes». Toutefois, flairant des dessous politiques de cette affaire, Baldé dit «s’attendre à toutes les éventualités».
«Je viens de déposer la réponse à la mise en demeure qui m’a été servie le 10 juillet dernier. J’ai apporté des preuves sur l’ensemble des accusations quelquefois fallacieuses portées à mon encontre. J’ai déposé un mémoire de 1 000 pages avec toutes les preuves. J’ai listé l’ensemble de mes avoirs et j’ai pris un expert qui a donné les véritables valeurs de mon patrimoine immobilier, les mouvements dans mes comptes qui ont été surévalués. Mes revenus légaux sont largement supérieurs à mon patrimoine actuel», indique le maire de Ziguinchor qui a aussi «dégagé toute propriété des biens qui appartiennent à sa femme, à d’autres, qui lui ont été attribués». En effet, comme il l’a déclaré il y a un mois, Abdoulaye Baldé réitère : «Ils m’ont attribué les biens de ma femme qui ne m’appartiennent pas. Nous sommes mariés sous le régime de la séparation des biens.» Des arguments qui, selon cet ancien commissaire de police et ex-Inspecteur général d’Etat, établissent «la mauvaise foi des enquêteurs».
Le sort de l’ancien ministre d’Etat est ainsi suspendu à la décision du Procureur spécial près la Crei, Alioune Ndao, qui jugera dans les prochains jours, à l’aune des accusations et éléments de justification, de la nécessité ou non de placer sous mandat de dépôt l’actuel maire de la ville du sud. En attendant, Abdoulaye Baldé reste «serein» et se prépare à toute «éventualité», comme soutenu plus haut.