A cause du démarrage tardif de la saison des pluies, l’approvisionnement en moutons en quantité suffisante est loin d’être acquis. D’ailleurs, le directeur de l’élevage a reconnu hier un déficit en ovins. Du coup, la Tabaski 2014 risque d’être un casse-tête chinois pour les musulmans sénégalais.
Le retard noté dans l’installation de l’hivernage charrie un lot d’inquiétudes chez les cultivateurs et pasteurs. Mais c’est surtout chez les éleveurs que le malaise semble être plus profond. Surtout à deux mois de la fête de la Tabaski. C’est sous ce registre que le directeur de l’élevage, Ousseynou Sakho, a annoncé hier qu’il y aura des difficultés sur la disponibilité du mouton. C’était à l’occasion de la signature de la convention du projet d’appui à la sécurité alimentaire dans les régions de Louga, Matam et Kaffrine entre le ministère de l’Agriculture et trois agences d’exécutions.
‘’Dans le contexte où nous sommes, le Sénégal est déficitaire en moutons. On est près de 12 millions d’habitants, notre cheptel se trouve autour de 5 millions 500 000 ruminants et quand on prend cette somme, c’est les 11% qui constituent les mâles utilisés pour la Tabaski. Malheureusement, ce n’est pas seulement que pour la tabaski, il y a les naissances, les retours de pèlerinage en plus des ‘’dibiteries’’. Nous sommes de gros consommateurs de viande de moutons’’, a dit M. Sakho.
A l’en croire, la seule alternative qui s’offre à eux pour l’instant : ’’c’est d’effectuer un voyage, durant la troisième semaine de ce mois, vers les pays voisins tels que le Mali et la Mauritanie pour discuter avec eux afin de faciliter et d’encourager l’exportation de moutons vers le Sénégal. Il y a un stock d’aliments de bétail prévu pour appuyer les éleveurs au niveau de ces zones d’attente pour qu’ils n’aillent pas loin chercher l’aliment’’, a-t-il expliqué.
Avec l’opération ‘’sauver des bétails‘’ organisée en 2012, dit-il, l’Etat avait dégagé une enveloppe de 3,955 milliards pour aider les éleveurs à acheter l’aliment. ‘’Nous n’en avons pas fait une distribution gratuite. Le ministère avait parlé avec les éleveurs pour que cet aliment soit vendu à un prix subventionné à 50% et que cette somme soit gérée par des comités de gestion. L’intérêt a été de maintenir le prix de l’aliment parce que dans de telles périodes, des spéculateurs faisaient monter la surenchère’’, a souligné M. Sakho.
‘’Si la pluie n’est pas au rendez-vous, nous allons gérer une catastrophe’’
Lors d’une récente tournée dans les régions de Tamba, Bakel, Ousseynou Sakho et son équipe ont demandé aux éleveurs de vendre le sac de ‘’ripass’’ à 50% ou au prix réel. ‘’Nous avons mobilisé près de 3, 800 milliards francs. Globalement, cela devrait permettre d’acquérir 20 000 tonnes d’aliments de bétail pour soutenir les éleveurs’’, a soutenu le directeur de l’élevage. Mais la tâche risque d’être rude. Et pour cause, ‘’l’aliment principal de l’animal, c’est l’herbe.
C’est un ruminant. Nous faisons tout pour que les animaux les plus faibles puissent traverser cette crise. Il y a déjà des pertes de productions car, des animaux qui étaient en gestation ont avorté, faute de nourriture. C’est des difficultés qui sont réelles’’, se désole M. Sakho pour qui, ce qu’il y a lieu de faire, c’est de prier pour que le ciel ouvre ses vannes. Car, ‘’ si la pluie n’est pas au rendez-vous, nous allons gérer une catastrophe ‘’, a averti Ousseynou Sakho.