Dakar - Le procès de Karim Wade, fils de l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade accusé d’enrichissement illicite, a été ajourné mercredi au 18 août après une nouvelle journée de débats sur la compétence de la Cour, a constaté un journaliste de l’AFP.
"L’affaire a été mise en délibéré. L’audience reprend lundi 18 août", a
déclaré Henri Grégoire Diop, président de la Cour de répression de
l’enrichissement illicite (CREI), une juridiction spéciale.
Le procès a commencé le 31 juillet. Depuis lundi, les avocats de la
défense, de la partie civile et le parquet spécial discutent de la compétence
de la CREI à juger Karim Wade et une dizaine d’autres prévenus.
La défense estime que la CREI est "incompétente" pour juger M. Wade, un
ancien ministre qui, selon elle, doit répondre de ses actes devant la Haute
cour de Justice.
Elle a fait valoir que la CREI "n’existe plus en droit et a été supprimée
par une loi de 1984".
La CREI, créée en 1981 par le président Abdou Diouf (1981-2000) et en
dormance pendant plusieurs années, a été réactivée par Macky Sall, qui a
succédé en avril 2012 à Abdoulaye Wade (2000-2012).
Les avocats de l’Etat et le parquet ont soutenu une argumentation contraire.
"La CREI est toujours comprise dans l’ordonnancement juridique du Sénégal.
La juridiction est compétente" pour juger M. Wade, a déclaré le procureur
Alioune Ndao.
Karim Wade, en détention préventive depuis avril 2013, est accusé d’avoir
illégalement acquis 178 millions d’euros par le biais de montages financiers
complexes du temps où il était conseiller puis ministre de son père.
Selon l’accusation, cette somme se trouverait aujourd’hui dans des paradis
fiscaux, dont Monaco et Singapour. Mais d’après les avocats de Karim Wade,
près de la moitié correspond à un compte à Singapour dont il est avéré qu’il
ne lui appartient pas.
D’après la défense, son patrimoine est d’environ deux millions d’euros,
gagnés pour l’essentiel quand il était trader en Europe avant de travailler
auprès de son père.
Les avocats et partisans de Karim Wade soutiennent qu’il a été traduit en
justice pour l’empêcher de se présenter en 2017 à l’élection présidentielle
face à Macky Sall.
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