Ça chauffe au sein des instances dirigeantes de l’Alliance pour la République (APR) et son chef, le Président Macky Sall, observe avec un désintérêt feint les batailles qui ont lieu autour de lui.
Cette fois-ci, ce n’est pas n’importe qui qui entre dans l’oeil du cyclone : Harouna Dia himself, l’un des principaux soutiens financiers des «apéristes» lors de leur campagne électorale de 2012, ne serait plus en odeur de sainteté auprès de son ami.
Des gorges profondes logées auprès de hautes personnalités du parti présidentiel ont câblé avec insistance au cours de ces dernières heures des personnalités politiques et médiatiques pour «dénoncer le rôle néfaste et non opératoire au plan politique» que jouerait l’enfant de Windou Bosséabé, ce village de la région de Matam où on l’affuble du surnom de «Baba Copré» (père argent en pulaar) à cause de sa prodigalité.
C’est donc un véritable cas politique qui se pose car le «patron» laisse monter les récriminations et n’entend pas s’y mêler. Jalousie pour certains, vérité d’une conjoncture politique pour d’autres, la réalité est que le milliardaire s’est maintenant fait beaucoup d’ennemis au sein de l’Apr et à un niveau où personne ne pouvait l’imaginer… Il est loin le temps où, installé au chic Radisson Blu de Dakar avec l’équipe de campagne du second tour de mars 2012, le discret milliardaire dégainait à tout vent pour s’assurer de l’issue de la dernière ligne droite.
Des barons de l’Apr, membres du gouvernement, ont-ils eu connaissance de prises d’intérêts ? Ont-ils eu vent des ambitions financières liées à des marchés publics ? A-t-il exprimé de trop fortes «demandes» ou alors est-ce le fameux «entourage» qui l’a dans son collimateur ? On ne saurait l’affirmer car Harouna Dia est resté injoignable depuis que «EnQuête» cherche à lui poser des questions depuis deux jours pour avoir son opinion.
Mais il est constant qu’il n’est plus le militant adulé des foules «républicaines» entre 2009 et début 2013. Un de ses proches avance toutefois l’hypothèse qu’il en a «marre de casquer sans rien voir en retour». La dernière fois qu’il s’est signalé à l’endroit des militants de l’Apr, c’est quand il a financé pour dix (10) millions de F Cfa la mobilisation de ses militants pour la réception du président de la République qui présidait en mars dernier un conseil des ministres décentralisé à Matam.
Depuis, c’est silence radio. Pourtant, depuis la prise du pouvoir par Macky Sall, il était présenté un peu partout comme membre du premier cercle des proches du nouveau chef de l’Etat. Il aurait même refusé le poste de ministre de l’Agriculture et de l’Hydraulique dans le premier gouvernement de la deuxième alternance au Sénégal. Par contre, son frère cadet, Daouda Dia, a été installé en bonne place lors des dernières législatives et a «hérité» du poste stratégique de questeur de l’Assemblée nationale.
Ironie de l’histoire, même s’ils ont le Fouta, c’est l’ancien président Me Wade qui a mis en relation les deux hommes, alors que Macky Sall était alors numéro deux du Pds chargé par le parti libéral de mobiliser la communauté sénégalaise au Burkina Faso, où il s'est installé en 1986 et où il a fait fortune (son entreprise est leader sur les principaux marchés du poisson congelé dans la sous-région) et est respecté pour ses qualités de manager.
Cet ingénieur hydraulicien de 59 ans, sorti de l’Université Polytechnique de Toulouse, a vendu du sel, de l’eau, des plantes et du poisson. Toutefois, auparavant, Harouna Dia avait d'abord fourbi ses armes dans la fonction publique, puis dans l'humanitaire en Casamance, au Tchad et au Burkina, avant de lancer ses entreprises.
Quand Macky Sall a entamé sa traversée du désert et son combat politique contre le régime de Me Wade, l’homme d’affaires est resté à ses côtés, restant présent surtout pour la provision logistique. Les espaces présidentiels sont toujours ainsi faits : jeux d’ombres, promotions et limogeages, proximités et éloignements. Mais le cas Harouna Dia est une véritable énigme car personne ne lui connaît d’ambition politique. Alors, le business ?