Pour Me El Hadj Amadou Sall, Karim Wade dont il défend les intérêts n’a presque aucune chance de sortir blanchi de son procès dont l’ouverture est fixée au 31 juillet. Invité hier du Grand Jury de la Rfm, l’avocat a dénoncé un acharnement dont serait victime son client.
L’ouverture officielle du procès de Karim Wade est prévue le 31 juillet prochain. Mais à écouter l’un de ses avocats Me El hadji Amadou Sall invité hier du Grand Jury de la Rfm, l’on se demande si l’accusé sera à la barre pour se défendre. Malgré l’existence d’un pool d’une trentaine d’avocats, tout porte à croire que le fils d’Abdoulaye Wade et ses conseils y seront plutôt pour écouter un verdict qu’ils estiment comme prononcé à l’avance. Me Sall affirme lui-même regarder la justice avec un voile de scepticisme à la fois pour les hommes et les institutions, mais en réalité, il est plus que pessimiste.
L’avocat, ancien ministre de la justice, retient deux exemples parmi tant d’autres et qui fondent sa conviction. Le premier est le compte bancaire supposé appartenir à Karim et qui est logé à Singapour. Un compte qui, selon ses dires, n’existe pas et n’a jamais existé. Et qui est versé dans le dossier alors que son client n’a jamais été entendu sur cette question. L’autre point est le versement de 7 milliards dans un compte appartenant à Karim par une société dénommée Dubaï céramique. Laquelle est une filiale de Dubaï Port World (DPW). Sur ce sujet aussi, Me Sall révèle qu’il n’y a aucun témoin. Le concerné non plus n’a jamais été entendu.
‘’Je m’attendais à un dialogue franc entre acteurs de la justice, mais ’à l’arrivée, on a voulu, clandestinement, ajouter des éléments venus de la Présidence’’, accuse Me Amadou Lamine Sall. Ce qui ne l’empêche pas de demander un non-lieu total pour son client Karim Wade, car l’innocence de ce dernier est prouvée à ses yeux par la justice française qui a prononcé la fin des poursuites et le dégonflement progressif de la somme qu’on l’accuse d’avoir détournée.
Afin de justifier ses craintes par rapport au procès, Me Sall reconnaît que les dysfonctionnements de la justice ne datent pas d’aujourd’hui. L’institution connaît une histoire en dents de scie. «Il y a des moments où je suis aux anges, et des moments où je suis au bord de la révolte. La justice, c’est un tout. La justice, c’est les hommes. Parmi les hommes, il y a du bon, du moins bon et du mauvais», avoue-t-il. Parole d’un ancien ministre de la justice !