L’obligation de réserve ne doit pas primer sur la liberté d’expression quand l’intérêt de la nation est en jeu. C’est en substance la position exprimée par le Forum civil dans un communiqué de presse parvenu à EnQuête.
Le Forum civil demande ‘’au peuple sénégalais de soutenir le droit d’expression du Colonel Abdoulaye Aziz NDAW et de se mobiliser’’ pour l’auteur de l’ouvrage ‘’Pour l’honneur de la gendarmerie’’. Au lieu d’être placé sur un échafaud conformément à une règle de la discipline militaire, le Colonel Ndaw est à féliciter, selon le Forum Civil, pour ‘’son courage, son patriotisme et son sens des responsabilités, pour avoir donné l’occasion au peuple sénégalais de se faire une idée sur la gestion calamiteuse de leurs deniers publics par une partie de l’administration sénégalaise en uniforme‘’.
La section sénégalaise de Transparency international ‘’appelle solennellement le peuple sénégalais à soutenir le droit d’expression du Colonel Abdoulaye Aziz NDAW sur ces questions qui menacent la stabilité du pays et des Institutions de sécurité publique’’. Il les invite également à ‘’être vigilants et à se mobiliser pour la défense des institutions et des principes de la République.
L’organisation estime que le Colonel NDAW a été poussé à bout par les autorités étatiques et militaires qui n’ont pas réagi face aux nombreuses interpellations sur les manquements graves qu’il a constatés. ‘’Il a, en fait, pris conscience du fait que, face à des pratiques de corruption et d’actes qualifiables de haute trahison, ce serait une trahison d’opposer l’argument du devoir de réserve qui est purement règlementaire et de se confiner dans une omerta contraire à la constitution’’, écrit le Forum civil qui s’érige contre ‘’le discours martial et menaçant du ministre des Forces armées’’.
Loin de faire un plaidoyer pour ‘’le soustraire aux règles de la discipline militaire’’, Mouhamadou Mbodji et ses collègues pensent qu’‘’une stratégie d’évitement des autorités étatiques et militaires pour mettre toute leur énergie destructrice sur le lanceur d’alerte plutôt que sur le problème lui-même n’installera jamais le Sénégal sous le sceau d’une gouvernance vertueuse’’.
Si l’implication des Sénégalais est sollicitée, selon le Forum civil, ‘’les structures habituelles de la gendarmerie, habilitées à connaître de ces questions, sont disqualifiées cette fois-ci du fait qu’une partie de la hiérarchie militaire est pointée du doigt. Cette dernière ne peut pas être juge et partie’’, ajoute l’organisation.
Pour éviter que la situation n’empire, il recommande ‘’à l’Etat d’aller dans le sens de l’évolution du droit international en initiant une loi pour encourager et protéger les lanceurs d’alertes dans le secteur public comme dans le privé’’.