DAKAR - Le taux de réussite au baccalauréat sénégalais est de 31,3%, soit sept points de moins qu'en 2013, selon les chiffres fournis par les organisateurs de cet examen qui ouvre les portes de l'enseignement supérieur.
Les spécialistes expliquent ce faible taux de réussite par option élitiste de l'examen, les contrecoups des longues grèves des enseignants lors des années précédentes et les difficiles conditions d'apprentissage.
Cette année, 126.869 candidats des séries littéraires et scientifiques étaient candidats au baccalauréat, soit une augmentation de 17,7% par rapport à la session 2013.
Analysant les résultats de l'examen, Abdoulaye Sall, inspecteur de l'Education de Pikine (banlieue de Dakar), a déclaré à Xinhua qu'il s'agit d'un "problème d'option en définitive".
"Ce n'est pas parce que nos élèves sont très faibles, mais c' est parce que nous avons opté pour un baccalauréat sélectif, élitiste. Je pense qu'il est temps qu'on réfléchisse par rapport à cette option", souligne-t-il.
M. Sall estime qu'il faut, pour relever le taux de réussite aux examens du baccalauréat, une refondation du système éducatif sénégalais.
"L'enfant qui commence ses études, qui va jusqu'en terminale et qui échoue, a le sentiment d'avoir perdu du temps à l'école", relève l'inspecteur de l'éducation.
"C'est un problème d'option, je pense qu'il est temps qu'on réfléchisse à cela et aide nos enfants à réussir et qu'ils ne sentent pas abandonnés", ajoute-t-il.
Pour leur part, certains professeurs dont des présidents de jury, affirment que le faible taux de réussite de cette année s' explique par les longues perturbations scolaires notamment celle de 2012.
"Les candidats au baccalauréat de cette année, étaient, il y a deux ans, en classe de seconde. Et cette période avait coïncidé avec des perturbations scolaires. Donc, c'est le début du cycle qui a été perturbé", soutient Tamba Ngom, président de jury d'un centre d'examen.
"Je reste convaincu que ce sont les contrecoups de ces perturbations qui sont en partie à l'origine des résultats de cette année" qui n'a pas connu de perturbations, ajoute-t-il.
De leur côté, certains syndicalistes trouvent surprenant ces faibles résultats alors que le système éducatif sénégalais n'a pas connu de perturbation majeure contrairement aux années précédentes.
"C'est surprenant que les résultats soient à ce niveau là au regard du déroulement correcte de l'année scolaire", déclare au quotidien privé Le Populaire, Mamadou Lamine Dianté, secrétaire général du syndicat autonome des enseignant du moyen secondaire du Sénégal.
"C'est vrai qu'à ce stade, ajoute-t-il, nous n'avons pas fini de réunir l'ensemble des éléments qui nous permettent de faire une évaluation correcte des résultats de l'examen. Ce qu'on peut retenir, c'est que le niveau des sujets a été jugé relativement élevé".
Selon lui, la grève des professeurs de philosophie au cours de l'année scolaire constitue aussi un autre élément qui pourrait expliquer le faible taux de réussite.
"Il est clair que cette grève a eu un impact très significatif dans ces résultats parce que les candidats ont chuté pratiquement en philosophie", explique le syndicaliste.
Il estime enfin que l'autre élément qui explique le taux faible de réussite se situe au niveau des conditions d'apprentissage des élèves surtout dans les lycées publics.
"On a 80 à 90 élèves par classe alors que dans les normes, on devrait avoir 40 élèves par classe", souligne-t-il.