Ouvertes hier à Dakar, les Assises de l'entreprise ont été un moment d'échanges sur la santé de l'entreprise sénégalaise entre l'État du Sénégal et le Conseil national du patronat (Cnp).
Dans un contexte national marqué par la faillite de plusieurs entreprises, jadis fleurons de l'économie nationale, il urge d'appeler le gouvernement à faire de la relance des entreprises en difficulté sa priorité. Et pour soutenir les entreprises en difficultés et mettre en place des plans de restructuration viables, le président du Conseil national du patronat (Cnp), Baïdy Agne, estime qu'''il faut en avoir les capacités et disposer de réels pouvoirs transversaux à même de réunir autour d’une table tous les acteurs''.
Mais au préalable, l'État doit, selon M. Agne, ''revoir l'environnement des affaires et commencer par relancer la commande publique, pour favoriser la croissance et la création d’emplois pour le pays''. Il s'exprimait ainsi à l'occasion des Assises de l'entreprise tenues hier.
L'avance des concurrents étrangers
Baïdy Agne invite le gouvernement ''à être entreprenant pour son secteur privé national, notamment dans le cadre de contrats pour lesquels les concurrents étrangers semblent avoir pris de l'avance''. ''On tente de nous rassurer, en rappelant qu’on a prévu de porter à 25% au minimum la présence capitalistique des privés nationaux et ensuite, vous apprenez la contractualisation de marchés de délégation dans les secteurs de l’économie’’, a déploré le président de l'organisation patronale.
Outre ces griefs soulevés et qui compromettent grandement la survie des entreprises sénégalaises, Baïdy Agne a déploré le nombre jugé trop important de jours fériés, dans le calendrier sénégalais. ''La problématique des jours fériés ne se pose que parce que les Sénégalais ne travaillent pas la veille et le lendemain du jour férié : un jour férié, c’est trois jours minimum de repos’’, a-t-il déploré. Invitant ainsi le gouvernement à initier des concertations nationales sur les jours fériés.
Les réponses du ministre
Prenant la parole, le ministre de l'Économie et des Finances qui a présidé la cérémonie d'ouverture de ces assises de l'entreprise, a d'emblée précisé au patronat que ''l’État n’a aucun intérêt à regarder ses fleurs se faner, sinon, il ne lui resterait plus que les yeux du fisc pour pleurer ses entreprises''. Dans ce sens, il a souligné que le gouvernement a fait des efforts pour l’entreprise, et s’évertue à les renforcer, grâce à la réforme fiscale et celles engagées sur le Code des marchés publics et le Code des douanes. Ce vent de révolte selon lui doit continuer à souffler sur l'administration sénégalaise.
Cependant, le ministre estime que ''l’entreprise ne doit pas tout attendre de l’État''. ''Compétitivité à renforcer, créativité à consolider, viabilité à fortifier, voilà des enjeux qui interpellent l’entreprise'', a déclaré le ministre de l'Économie. Qui promet que ''l’entreprise sénégalaise sera la locomotive de la croissance si nous travaillons à réduire les délais de paiement, et nous visons un taux de croissance de 7% dans les années à venir''. Tout compte fait, il a invité les bailleurs à croire au Sénégal et à investir davantage dans l'économie nationale.