Une cinquantaine d’universitaires sénégalais ont adressé une lettre au président de la République pour l’inviter à ‘’revoir’’ le décret et les arrêtés sur l’orientation des bacheliers ainsi que le projet de loi relative à la gouvernance des universités adopté, selon eux, ‘’sans l’avis des instances délibérantes académiques’’.
‘’Il y va de l’adhésion et de la mobilisation de la communauté universitaire, gages du fonctionnement normal des établissements’’, soulignent ces universitaires, dans leur lettre dont copie a été transmise à l’APS.
Ils attirent également l’attention de Macky Sall sur le fait que le décret du 23 septembre 2013 relatif à l’orientation et à l’inscription des bacheliers ‘’entrave la marche de l’université sénégalaise’’.
‘’Ce décret abroge et remplace celui en date du 26 mai 1994 (…), qui conférait aux établissements publics d'enseignement supérieur et de formation, la charge de l’orientation des bacheliers’’, indiquent les universitaires.
‘’Ce faisant, regrettent-ils, le ministre de l’Enseignement supérieur a non seulement retiré aux établissements leur prérogative d’orienter et d’admettre mais s’est aussi donné, ce qui est nouveau, le pouvoir d’inscrire des étudiants’’.
‘’Ainsi, fort des nouvelles prérogatives réglementaires qu’il s’est données, il a cru bon de sortir un arrêté pour surcharger les départements universitaires de bacheliers qu’il a sélectionnés et classés sans l’avis d’aucune instance délibérante des établissements concernés’’, mentionne le document signé par des enseignants des universités de Dakar, Thiès, Bambey, Saint-Louis, Ziguinchor et d'universitaires de la diaspora.
Cette façon de faire ‘’viole’’ l’article du décret présidentiel sur l’orientation des bacheliers et ‘’foule aux pieds toutes les traditions universitaires’’, selon les signataires de la lettre.
‘’La communauté académique, jalouse de son autorité sur toute question ayant trait à la science ou à la pédagogie, accepte très mal cette pratique d’un autre âge. En effet, ce décret liberticide, préparé en catimini, déresponsabilise et infantilise les universitaires’’, affirment-ils.
‘’Suprême humiliation, les décisions de leurs assemblées ne comptent plus, même pour autoriser l’intervention des forces de l’ordre dans les campus ! On se demande à quoi servent les instances délibérantes des universités si leur non équivaut à leur oui’’, se désolent-ils.
Par ailleurs, font-ils observer, ‘’la surcharge des universités et la mauvaise orientation des bacheliers consécutives à l’application de ce décret, ont perturbé les établissements et les ont mis dans l’impossibilité d’achever l’année académique’’.