L’ancien international français de football, Lillian Thuram, venu présenter à Dakar son livre "Mes étoiles noires: de Lucy à Barack Obama", a souligné samedi la nécessité de l’éducation à la base pour prémunir les enfants des effets du racisme en les aidant par la pédagogie à développer leur estime de soi.
"Souvent, on ne se rend pas tellement compte qu'il y a des enfants, garçons et filles, qui n’ont pas toujours" la possibilité de développer "la chose la plus essentielle, l’estime de soi", a-t-il dit en introduisant une conférence suivie d’une dédicace de son ouvrage.
"Mes étoiles noires: de Lucy à Barack Obama" a été récemment réédité dans le cadre d’un partenariat liant 11 maisons édition africaines dont la sénégalaise Papyrus de Seydou Nourou Ndiaye. Ce qui a permis de mettre l’ouvrage à la disposition du grand public à un prix accessible.
"Tout le travail que j’essaie de faire, c’est d’interroger la société pour faire comprendre que le racisme, c’est avant tout une violence faite aux gens. Mais cela n’est pas vu tout de suite, ce n’est pas perçu bien qu’on en arrive à l’intérioriser'', a déclaré l’ancien latéral des Bleus.
"C'est-à-dire que culturellement, nous avons été conditionnés à penser à travers la couleur de la peau comme nous avons été conditionnés à penser à travers le genre. Et de génération en génération, on reproduit ces schémas de façon inconsciente", a indiqué le footballeur écrivain.
Lilian Thuram, 42 ans, a connu une carrière prestigieuse de football qui l’a conduit dans plusieurs grands clubs européens dont Monaco (France), Parme (Juventus) et le FC Barcelone (Espagne). Le natif de Guadeloupe qui a pris sa retraite internationale en 2008 est à ce jour le recordman des sélections chez les Bleus.
Il s’est vu décerner en 2010, par la chancellerie des universités de Paris, le prix Seligmann contre le racisme, pour son ouvrage "Mes étoiles noires: de Lucy à Barack Obama". Ce prix venait récompenser un engagement de plusieurs années notamment au sein de la Fondation Education contre le racisme qu’il a lancée après sa retraite.
Selon lui, lutter contre le racisme suppose que les enfants soient amenés par l’éducation à faire fi de la couleur de la peau, afin qu’ils soient convaincus que leur qualité personnelle "n’a rien à voir avec le fait d’être Noir ou Blanc''.
Pour Lilian Thuram, ''les parents ne font pas toujours le travail nécessaire au sein des familles pour amener les enfants à rompre avec les clichés, ce qui fait qu’ils en viennent à intérioriser des choses négatives sur la couleur de peau".
Or, a-t-il fait valoir, les gens victimes de discrimination sont dans une dynamique de victimisation et ne peuvent par conséquent "pas avoir une bonne estime de soi''.
"Quand vous avez une bonne estime de vous-même, il n’y a pas de limites. Mais malheureusement, il y a des enfants, on leur dit : +tout n’est pas pour toi+, alors que le discours qui doit leur être tenu, c’est que tout est possible", a martelé Thuram.
De cette manière, les enfants seront amenés à atteindre leurs objectifs, a-t-il insisté, estimant que l’école doit aider à changer cela, à côté de l’éducation reçue au sein du cercle familial.
Il a signalé que pour de nombreux enfants, l’histoire des populations noires débute avec l’esclavage, ''une ignorance à mettre, selon lui, à l’actif de la colonisation, qui n'est pas seulement l’occupation d’un territoire, mais aussi l’occupation d’un imaginaire".