Le nombre de donneurs de sang a baissé en ce mois de ramadan au Centre national de transfusion sanguine (Cnts). Selon Dr Youssou Bamar Guèye, chef du service prélèvement, cela s’explique par le nombre important de jeûneurs.
Au Centre national de transfusion sanguine, il n’y a presque personne. En ce début de matinée du mardi 15 juillet, les donneurs se font rares. On trouve seulement quelques personnes dans la salle d’attente et d’entretien. La plupart d’entre elles sont venues prendre les résultats de leurs prélévements. D’autres sont là pour se faire consulter. Dans la salle de prélèvement de sang, seuls trois donneurs sont présents. Pour Dr Guèye, chef du service prélèvement, préparation et distribution du sang, la cause de cette baisse s’explique par le taux élevé de jeûneurs. « On ne travaille pas. Le nombre de donneurs a fortement baissé, car le Sénégal est un pays à majorité musulmane. Avec le ramadan, les gens ne peuvent pas donner du sang. En général, il est déconseillé de donner du sang en temps de ramadan », explique-t-il. Poursuivant, il soutient que le donneur doit prendre une collation après chaque don de sang afin de pouvoir se maintenir. Concernant les stocks de sang, Dr Guèye précise qu’il ne reste actuellement au Cnts que 1.000 poches de sang.
Rareté des donneurs
« Les gens ne viennent presque plus donner du sang. Les stocks que nous avons présentement sont presque finis et nous distribuons 100 poches par jour dans les hôpitaux publics et autres cliniques basés à Dakar. Si cette situation perdure, on aura de grandes difficultés pour satisfaire tout le monde. Les stocks ne peuvent y rester jusqu’à la fin du mois de ramadan », regrette M. Guèye. Dans la salle de prélèvement, le personnel est presque au chômage, les agents ne travaillent pratiquement pas. « En ce mois béni de ramadan, nous recevons trente donneurs par jour ou moins. On n’a jamais dépassé ce nombre. Ce n’est vraiment pas fameux », se désole Dr Youssou Bamar Guèye. Les quelques donneurs trouvés dans la salle sont tous des chrétiens. Pour eux, tous les autres doivent pouvoir assurer la relève en ce mois de ramadan. « Nous devons donner du sang, car il y a des gens qui sont dans le besoin. Le fait de donner du sang n’est pas un gaspillage. Même si on me demandait de donner du sang chaque semaine, je le ferai. Pour moi, donner du sang est plus important que donner de la nourriture à quelqu’un », préconise Anne Awa Sané, qui dit avoir commencé à faire cet acte depuis 2004. Jean Sédar Marone a, quant à lui, fait son premier don de sang en 2011. Aujourd’hui, il renouvelle son acte. « Le fait de donner du sang ne dure pas 30 minutes. On donne du sang pour les autres qui en ont besoin, mais également pour soi-même et ses proches. En donnant son sang, on connait son groupe sanguin et cela peut te sauver un jour », recommande le jeune homme. L’objectif de Sédar Marone, c’est de donner le maximum de son sang pour sauver des vies et faire mieux qu’un vieux qu’il a une fois rencontré dans ce centre. « Le vieux a déjà bouclé 56 dons. J’avais même honte quand je l’ai su. Je vais continuer à donner mon sang pour le dépasser de très loin », promet-il.
L’appel du Cardinal entendu
Selon Dr Guèye, l’appel du Cardinal Théodore Adrien Sarr a été efficace. Et depuis, informe-t-il, plusieurs paroisses se sont manifestées. «Les paroisses organisent chaque semaine des journées de don de sang. La semaine passée, nous étions à Grand Yoff et Grand-Dakar. Nous avons eu beaucoup de poches dans les paroisses. Nous avons également organisé une campagne à Saint-Louis (Bango) où nous avons eu 700 poches. L’appel du Cardinal nous a beaucoup aidés. Les paroisses et les organisations de jeunes catholiques se sont mobilisées pour répondre vivement. Elles nous invitent à organiser des journées de don de sang dans leur localité », se réjouit le chef de service. Néanmoins, il lance à nouveau un appel aux non-jeûneurs et à ceux qui sont en bonne santé de se rapprocher des centres de collecte pour donner de leur sang afin de sauver la vie des autres et la leur. Le fait de donner du sang, dit-il, est avant tout un geste citoyen.
