Le bateau «Aline Sitoé Diatta» a repris ses rotations entre Dakar et Ziguinchor depuis le mardi 24 juin dernier après son arraisonnement pour trois semaines d’opérations techniques liées au carénage du navire (arrêt technique annuel 02 au juin 2014). Alors, en guise de plan B pour le transport de fret, le Consortium sénégalais d’activités maritimes (Cosama), chargé de l’exploitation du navire, avait mis en service son navire cargo de 2.155 tonnes, dans le but de permettre aux opérateurs économiques d’acheminer leurs marchandises en grande quantité et en toute sécurité. Tout est bien qui finit bien!
Néanmoins, Aline Sitoé Diatta devrait être renforcé dès juillet 2014 par deux autres navires qui assureront la desserte maritime Dakar-Ziguinchor via Foundiougne (région de Fatick) dont le futur port (Foundiougne-Ndakhonga), «sera livré au mois d’octobre prochain», les travaux étant exécuté à 70%, selon Ali El Haïdar, alors ministre de la Pêche et des Affaires maritimes qui a visité le chantier il y a quelques mois. Seulement, alors que le mois de juillet amorce sa dernière quinzaine, «Aguène» et «Diambone» les deux bateaux attendus (qui doivent leurs noms aux deux figures mythiques à l’origine du cousinage à plaisanterie entre Sérères et Diolas) voguent toujours.
Et, rien d’étonnant, si ce délai venait à ne pas être respecté. Car ce ne serait pas une première depuis l’annonce de l’acquisition, d’au moins, un deuxième navire pour le désenclavement de la Casamance par voie maritime. En sept 2009, l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, avait annoncé la construction d’un deuxième bateau pour la Casamance avec un délai de réception prévu en fin décembre 2010 d’abord, puis le 20 décembre 2011. Mais il n’en n’a été rien de tout cela jusqu’à l’avènement de la deuxième alternance.
Sous le régime de Macky Sall, à l’occasion de la commémoration du 10ième anniversaire du naufrage du «Joola» (le mercredi 26 septembre 2012), le ministre Pape Diouf, alors ministre de la Pêche et des Affaires maritimes, avait informé la construction des deux bateaux, commandés par l’Etat du Sénégal, en Corée du Sud tout en restant vague cette fois-ci sur le délai de livraison. «Ces bateaux, destinés au désenclavement de la Casamance, vont assurer la desserte maritime Dakar-Foundiougne-Ziguinchor. Ils seront livrés dans deux ans», donc en 2014, avait-il dit.
Aguène et Diambone voguent toujours, c’est normal
Son successeur à la tête de ce département, Ali El Haïdar, tout comme les autorités du Cosama avaient affirmé dès janvier-février dernier la réception des deux bateaux au Sénégal en juillet 2014. Ces deux autorités seront confortées par le chef de l’Etat Macky Sall quelques mois plus tard. A Ziguinchor où il a lancé le «Pôle de développement de la Casamance» en mars dernier, le président de la République avait confirmé que «le bateau Aline Sitoe Diatta va être rejoint, en juillet 2014, par deux (2) navires «Aguène» et «Diambone» financés par la République de Corée et l’Etat du Sénégal, dans le cadre de la première phase du projet d’infrastructures et d’équipements maritimes».
Pourtant, rien ne semble présager du non respect de ce deadline, au contraire. Déjà, le 12 septembre dernier, il a été annoncé la mise à eau du navire «Aguène» à Busan, en Corée du Sud, par une mission du gouvernement sénégalais. La seconde embarcation, «Diambone», alors en construction, serait également terminée et mise à l’eau. Aussi, avait-il été révélé, en février dernier, «l’envoie dans les deux prochains mois (à partir d’avril-ndlr) d’une équipe de marins sénégalais en Corée pour se familiariser avec les deux bateaux» d’une capacité de 212 places chacun et de fret de 450 à 500 tonnes, avant leur arrivée à Dakar.
Mais, jusqu’à hier, «Aguène» et «Diambone», «ça voguait toujours». Normal! Puisque chez-nous, ça court très vite, si vite que le gouvernement arrive tout le temps en retard par rapport à ses prévisions. Car il ne sert à rien de «partir à point», encore moins de parer au plus pressé. Surtout qu’avec l’acquisition et la mise en service du navire cargo «Diogué» (du nom d’une île de l’embouchure du fleuve Casamance) d’une capacité de 2.155 tonnes pour le transport de marchandises entre Dakar-Ziguinchor par le Cosama pour la continuité du service public de transport maritime de passagers et de marchandises au Sénégal (90% des marchandises en provenance ou à destination de notre pays passent par la mer), les fruits et autres produits de la région sud ne pourrissent plus, faute d’acheteur et de moyens et voies de communication. De même, il n’est plus besoins de faire des réservations des jours voire semaines à l’avance pour pouvoir voyager à bord d’Aline Sitoé Diatta comme c’était le cas.
Désenclavement par terre, mer et air: pari réussi
S’y ajoute qu’entre temps, en plus du fait que les transporteurs sénégalais ont levé le blocus sur la transgambienne, Yayah Jammeh, le président gambien étant revenu à de meilleurs sentiments, il n’y a plus de retard au bac de Farafegny, surtout en cette période d’hivernage. Les camionneurs ne perdent plus des jours (à la merci des moustiques) à entendre de traverser avec leurs chargements qui parfois pourrissaient (fruit et légumes, etc.). Quid des véhicules de transport en commun et des passagers qui ne sont plus victimes des nombreuses tracasseries à l’intérieur de la Gambie?
Dès lors, le projet de construction d’un pont sur le Fleuve Gambie d’un linéaire de 942 m et de deux (02) postes de contrôle juxtaposés aux frontières, conclu en mars 2013 ente les deux pays sous l’égide de la Banque Africaine de Développement (BAD) pour promouvoir les échanges économiques bilatéraux (Sénégal-Gambie) et par extension entre les membres de la CEDEAO ne constitue plus une urgence. Aussi, la construction de la route de contournement tant prônée par les transporteurs nationaux pour couper court aux tracasseries dans ce territoire voisin, qui n’est pas encore dans la «vision socioéconomique du chef de l’Etat et de son gouvernement en matière de désenclavement et de développement de la Casamance», peut attendre. Ce n’est pas l’affaire de notre génération et il ne peut rien rapporter, en termes de retombées (politiques), pour le régime actuel en perspective d’un second mandant pour son gouvernant. D’ailleurs, rien ne montre qu’une fois lancé, la première pierre d’un tel projet sera posé d’ici à 2017.
En plus de la terre et de la mer, le désenclavement par la voie aérienne est également réussi. Le voyage Dakar-Ziguinchor par avion n’est plus un luxe pour les populations de la région méridionale du pays. Non seulement le trafic aérien est devenu régulier, parce que ne battant plus de l’aile, mais l’avion est à la portée des bourses des pauvres populations. 45 minutes de vol pour plus de 70.000 à 80.000 F Cfa, en aller simple, et environ 120 000 à 130 000 F Cfa, en aller et retour, c’est désormais à la porté de tous, à l’heure du Sénégal émergent. Donc le défi du désenclavement de la Casamance tant chanté comme «super priorité», est relevé. Le nouveau gouvernement peut, à présent, se mettre «au travail», le désenclavement de la Casamance étant désormais une réalité.