La Cour d’assises de Dakar a condamné mardi Fatou Dabo, une ménagère âgée de 28 ans, à sept ans de travaux forcés pour infanticide.
Il lui est reproché d’avoir tranché, à l’aide d’un objet métallique, la région cervicale d’un enfant qu’elle venait de mettre au monde en novembre 2010.
Une avocate de la défense, Ndèye Coumba Diop, a vainement demandé une application bienveillante de la loi à l’encontre de Fatou Dabo.
Elle a fait un long procès des hommes qui, selon elle, sont à l’origine des cas d’infanticide en refusant la paternité des enfants nés de leur union.
"Des cas comme celui de Fatou Dabo, il y en à foison au Sénégal. (…) Si elle avait la possibilité d’avorter, elle ne serait pas aujourd’hui devant la Cour d’assises. Ma cliente vit un drame moral", a plaidé Ndèye Coumba Diop.
Selon son conseil, l’accusée, célibataire, percevait 35.000 francs CFA en échange de sa force de travail.
"Elle entretenait sa mère et ses six frères et sœurs avec ses revenus. Elle avait donc honte d’être en disgrâce auprès de sa maman, à cause d’un enfant en charge, sans être mariée", a fait valoir Me Diop. Selon elle, c’est pour cette raison que Fatou Dabo a choisi de se débarrasser du nouveau-né.
L’avocat général Abdou Karim Diop a requis 15 ans de travaux forcés, en soutenant que les conseils de l’accusée ont préféré s’attarder sur l’infanticide en général, au lieu d’aborder le cas de leur cliente avec des arguments juridiques.
Aucune circonstance atténuante ne pouvait objectivement être considérée en faveur de l’accusée, selon M. Diop.
"Donc les éléments de la procédure démontrent à suffisance qu’il y a eu infanticide dans ce dossier. Elle a parfaitement planifié la mort du nouveau-né", a argué l’avocat général.
Selon lui, Fatou Dabo est, dans un premier temps, passée aux aveux, pour ce délit commis en novembre 2010, dans un quartier de Keur Massar, dans la région de Dakar.
Il est reproché à l’accusée de s’être isolée quand est arrivé le moment de l’accouchement et d’avoir enveloppé son nouveau-né dans un pagne pour le jeter dans la nature.
L’accusée a déclaré devant la Cour d’assises qu’elle était enceinte des œuvres d’un nommé Seydou, qui, selon ses dires, a refusé la paternité de l’enfant et lui a demandé de s’en débarrasser.
La Cour d’assises a été plus clémente que l’avocat général, en la condamnant à sept ans de travaux forcés. Il reste à Fatou Dabo trois ans à passer en prison.