Professeur de Droit constitutionnel, Babacar Gueye se démarque du mode de désignation des conseillers municipaux et départementaux par le scrutin indirect. Il s’apprête, selon lui, à toutes sortes de manœuvres, à savoir les tentatives de corruption et l’achat de conscience.
Après les résultats issus des élections locales, il est venu le temps de l’installation des équipes municipales et départementales dans les communes et départements du Sénégal. Toujours est-il que le mode de désignation des conseillers au scrutin indirect suscite des interrogations. Certains observateurs ne sont pas allés par quatre chemins pour dire leur farouche opposition. C’est le cas du professeur Babacar Guèye. Interrogé au téléphone, il soutient que le mode de scrutin indirect est mauvais dans la mesure où, dit-il, la représentation est quelque peu pervertie.
Pour le constitutionnaliste, « Le mode de scrutin indirect dépersonnalise l’élection locale. Il met plutôt en avant le parti politique que l’individu ou candidat à la mairie. C’est le parti qui va choisir après les élections qui sera candidat“. Et de poursuivre : “C’est une élection qui donne beaucoup de pouvoir au parti politique ».
Suffisant pour remettre en cause la légitimé du maire élu. Car, souligne-t-il, le maire doit son élection moins aux électeurs qu’aux dirigeants des partis qui l’ont choisi. Dès lors, le Pr Guèye estime que “le choix des maires peut ouvrir la porte à toute sorte de combinaison, même contre nature, à l’occasion de l’installation d’une équipe municipale“. Pour lui, “le mode de scrutin indirect permet des manœuvres, notamment les tentatives de corruption, d’achat de conscience, qui sont tout de même déplorables ».
Il a toutefois relevé la nécessité de mettre sur pied un mode de désignation au suffrage universel direct pour obtenir des personnes bien élues dont la légitimé populaire ne souffre d’aucun doute. Ainsi, il parle d’un verdict qui est immédiat, où y a un vainqueur et un vaincu.
« Il faut aller vers un mode de scrutin qui permet de désigner directement le maire. Il faut que le maire soit issu directement du suffrage universel mais pas indirect. Cela lui conférerait toute sa légitimité“, a-t-il conclu.