Des populations de la banlieue vivent un véritable calvaire durant cette période de ramadan. Elles sont obligées, en sus de jeûner dans cette chaleur torride, de faire souvent des kilomètres à la recherche du liquide précieux
Les populations de la banlieue dakaroise ne vont pas oublier de sitôt le mois de ramadan de cette année. Avec cette forte canicule où le thermomètre affiche des températures record, elles subissent depuis des jours une pénurie d’eau qui transforme leur quotidien en cauchemar. De Keur-Massar, à Pikine, en passant par Guédiawaye, ils sont nombreux les quartiers frappés de plein fouet. C’est le cas de la commune de Wakhinane-Nimzatt durement touchée. Dans cette localité, des familles restent plusieurs jours sans qu’une seule goutte d’eau ne sorte des robinets.
C’est le pénible constat fait par Moctar Ba, un habitué d’une mosquée de la cité Gadaye. ‘’Vous ne pouvez pas comprendre le préjudice que nous subissons avec cette pénurie d’eau. Je ne parle même pas du véritable calvaire que nous éprouvons ne serait-ce que pour faire correctement nos ablutions. Si la situation actuelle persiste, on sera obligé de fermer la mosquée, car nous ne serons plus dans les prédispositions de trouver de l’eau pour le lavage mortuaire’’, soutient le vieux à la barbe hirsute et aux cheveux ébouriffés.
‘’C’est le y’en à marre généralisé’’
Non loin de là habite Fanta Kaïré. Pour raconter sa désillusion, la mère de famille est obligée de s’asseoir. Le sujet lui tient à cœur. ‘’C’est le y’en à marre généralisé, lance-t-elle avec colère. On n’en peut plus et on ne sait toujours pas à quand la fin de cette pénurie d’eau. Mes enfants sont obligés de veiller jusqu’à 4h du matin pour avoir de l’eau, mais en vain. Nous sollicitons de l’aide auprès des autorités, à défaut de régler le problème.
Au moins qu’on nous octroie des citernes d’eau pour alléger nos souffrances’’. Selon la dame, il est temps que le gouvernement trouve une solution définitive ; les pénuries d’eau perdurent, alors que les deux entreprises en charge du secteur, à savoir la SDE et la SONES, se renvoient la faute. ‘’L’Etat doit sévir et vite. Il faut trouver les responsables et les sanctionner. Gouverner, c’est prévoir. On ne peut pas être confronté à des problèmes d’eau à chaque mois. C’est déjà difficile de ne pas trouver de l’eau, mais c’est plus choquant de ne savoir ni les origines, ni à quand la fin du calvaire’’, se désole la ménagère.
Autre endroit, autre calvaire. Dans la commune de Sam-Notaire, les populations font des kilomètres pour trouver le liquide précieux. C’est ce que raconte Sokhna Fall. ‘’Je fais tous les jours des kilomètres pour aller chez mes parents à Sacré-Cœur ou à Pikine remplir des bidons.
Des fois, je dépense plus de 10 000 F par journée pour disposer de l’eau à boire et pour préparer les différents repas’’, insiste la caissière dans une institution financière de la place. Elle considère que tout le monde n’a pas les moyens de faire de telles dépenses. Elle termine en attirant l’attention sur le danger de consommer une certaine eau qui peut engendrer des diarrhées ou des maux de ventre.