La mise en place des conseils municipaux et départementaux, élus à l'occasion des élections locales du 29 juin dernier, entre dans sa phase active avec l'installation, à partir de ce lundi 14 juillet, d'une première vague de maires et membres de l'exécutif départemental. Si dans certaines agglomérations du pays, les dès sont bien jetés pour le nom du futur patron de l'exécutif local, pour d'autres en revanche, le temps est toujours aux manœuvres et aux tractations pour désigner le prochain premier magistrat de la commune. Tant les positions sont tranchées entre alliés, voire entre adversaires avec des menaces à peine voilées de coup fourré de dernière minute.
Les prolongations des élections locales du 29 juin dernier, remarquables par les sanctions infligées aux principaux responsables de l’Apr (le parti au pouvoir à Dakar, Thiès, Diourbel, Ziguinchor…) et remarquées par le faible taux de participation (41% du stock électoral), entrent dans leur phase dynamique, ce lundi 14 juillet, avec l’installation dans certaines localités du pays des conseillers municipaux et départementaux élus à l’issue du scrutin.
Quinze jours après la proclamation des résultats, des maires de communes et des membres de l’exécutif départemental prennent fonction, sous la supervision des préfets et sous-préfets, en leur qualité de représentants de l’Etat. Si dans certaines agglomérations du pays, l’installation des maires devrait se tenir sans « tsunami », il n’en est toutefois pas de même pour d’autres où le nom du futur patron de l’exécutif communal prête encore à interrogation, pour diverses raisons liées aux oppositions ouvertes comme internes et par voie de conséquence aux manœuvres, tractations et combines qui se jouent en coulisses, depuis de dix jours, afin de s’emparer du guidon communal.
Prévue pour ce jour, lundi 14 juillet, l’installation du maire de Podor est ainsi bien partie pour le titulaire au poste Aïssata Tall Sall dont la liste Benno ak Aïssata a remporté l’élection municipale du 29 juin dernier, aux dépens de Mamadou Racine Sy et de la coalition And ligueyyal Podor. En dépit …du recours introduit par ceux-ci auprès de la Cour d’Appel de Saint-Louis. Une commune qui devrait, elle, « introniser » aujourd’hui aussi Mansour Faye de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar comme successeur à la tête de Ndar du ministre démissionnaire Cheikh Bamba Dièye, par ailleurs leader du Fsd/Bj.
L’installation du nouveau ministre et beau-frère du Président Macky Sall comme maire de Saint-Louis se fait toutefois sans les conseillers municipaux de And dekhal Ndar ak Sopi, la liste de son principal adversaire Ahmet Fall Braya qui a décidé de boycotter la mise en place du conseil départemental, en raison de son opposition ouverte aux résultats le proclamant battu au scrutin du 29 juin dernier.
Dans cette vague d’installations de nouveaux maires prévue pour ce jour, la ville de Fatick retient, elle, son souffle. Pour cause, les supputations vont bon train sur l’élection du futur maire et des membres du bureau du Conseil municipal devant se tenir ce lundi. Beaucoup de Fatickois s’interrogent encore pour savoir si Mactar Bâ, le nouveau patron du département des Sports, va cumuler le poste de ministre avec celui de maire ou s’il va céder le fauteuil de premier magistrat de la ville anciennement dirigée par Macky Sall lui-même.
Tractations et manœuvres …de tous ordres
Alors que l’heure est à l’installation des maires dans les communes où la messe est dite pour les listes perdantes, la donne semble toutefois fort différente dans d’autres localités. Les manœuvres, les tractations et les combines prospèrent pour désigner le futur premier magistrat de la commune, tant les positions et les divergences semblent tranchées entre alliés du scrutin devenus entre temps des adversaires irréductibles, avec des menaces à peine voilées de coup fourré de dernière minute.
A Guédiawaye, par exemple, les choses s’annoncent ardues pour la tête de liste de Bby, Aliou Sall, non moins frère du Chef de l’Etat, contre qui une véritable levée de boucliers est savamment orchestrée pour miner la route vers la mairie. « Tout sauf Aliou Sall », semble aujourd’hui être le slogan le mieux partagé au sein de certains mouvements et organisations dits du terroir, non moins membres de la liste gagnante aux élections locales dans la zone.
Pour la commune de Pikine, en revanche, c’est la confusion totale qui préfigure une élection de maire qui n’est encore gagnée par aucune coalition. Face-à-face, on retrouve en effet le Pds et ses alliés gagnants de 07 communes d’arrondissement qui se trouvent opposés à la mouvance présidentielle victorieuse de 06 communes dans le département. De sorte que le nom du futur maire de Pikine va émerger, à l’issue d’une guerre fratricide à l’intérieur des camps (à preuve, intervention de Me Wade pour mettre fin au bras de fer entre libéraux de la localité), voire d’un prochain Conseil municipal agité et source de bien d’empoignades.
A Rufisque où le maire sortant Badara Mamaya Sène se trouve presque pris entre deux feux, (voir par ailleurs), à Kaolack où la candidature de Mariama Sarr (nouvellement nommée ministre à l’issue de sa victoire aux Locales) est contestée par des membres de son propre camp (Idrissa Tall et les jeunes apéristes qui la somment de ne faire du cumul) comme à Tambacounda, la donne augure de lendemains chauds pour les vainqueurs des Locales.
Des vainqueurs dont les états-majors politiques se retrouvent souvent obligés de recourir aux tractations, manœuvres et manœuvres, voire à l'achat de voix, pour installer pour de bon leur candidat à la tête de la mairie. Suffisant alors pour que des observateurs de la scène politique ne tirent la sonnette d’alarme pour demander que l’élection des maires et chefs d’exécutif local ne se fasse tout simplement …au suffrage universel.