La fréquentation de certaines plages dakaroises, jadis bondées de monde en période d'été, a chuté avec l’arrivée du mois de ramadan, qui a aussi entraîné un ralentissement des activités.
‘’Depuis cinq jours, les gens ne viennent plus comme avant, et le travail ne génère plus de bénéfice. Je passe mes journées presque à ne rien faire’’, déclare Bara Waly, un loueur de bâches et de parasols établi à Anse Bernard.
Faute de clients, il tue le temps sur une natte étalée à même le sable, les yeux cachés par des lunettes noires. L’arrivée du ramadan a en effet presque vidé Anse Bernard des nombreux baigneurs qui s’y pressaient chaque après-midi. Désormais, ils ne sont plus que quelques personnes à venir se baigner sur les lieux envahis par un calme inhabituel.
Une situation qui fait le bonheur de Fifi et Reine Mendy. Habillées de maillots de deux pièces colorées, ces deux sœurs profitent du calme et de la tranquillité qui règnent actuellement sur cette plage ‘’pour se baigner à l’aise’’.
‘’Nous savons que pendant le carême des musulmans, la plage est vide, et nous aimons ça. Il est beaucoup plus aisé de se baigner quand il y a de l’espace et moins de gens’’, déclare Reine, l’aînée.
Le maître nageur Ya Ousmane Fall confirme que la plage s’est vidée de son monde depuis le début du ramadan. Les muscles saillants, l’homme qui exhibe fièrement ses larges épaules, tel un lutteur prêt à bondir sur son adversaire semble bien apprécier le calme qui prévaut ces temps-ci à Anse Bernard.
Vêtu d’un maillot noir qui lui colle au corps, il explique que cela permet aux maîtres nageurs de ‘’souffler un peu’’. Selon lui, le plus souvent, ils étaient ‘’débordés par le grand nombre de personnes qui fréquentent la plage’’.
Pour lui d’ailleurs, jeûner et fréquenter une plage comme Anse Bernard ne sont guère compatibles, à cause des tenues légères qu’arborent certains parmi ceux qui fréquentent les lieux en cette période d’été.
Autre plage, autre ambiance : Terrou Bi. Ici, la grande masse des baigneurs est composée d’enfants accompagnés le plus souvent de leurs tuteurs. Mais quelques personnes plus âgées sont également venues se rafraîchir.
Une ambiance bon enfant règne sur les lieux, avec des cris, des chants et des courses à pied ou à vélo. Mais on est bien loin de l’affluence des jours ordinaires.
Malgré la dureté du jeûne, Alymou Diallo, un jeune maçon est venu se reposer et se baigner après une dure journée de labeur. Mais après quelques minutes de présence sur les lieux, il semble perturbé à la vue des tenues légères qu’arborent certaines filles.
Depuis son arrivée sur les lieux, il dit avoir du mal à lever son regard de peur de voir des choses qui pourraient compromettre son jeûne. Aussi en conclut-il que ‘’la plage n’est pas fréquentable en cette période de ramadan’’.
Le même sentiment habite mère Fall. Habillée d’un grand boubou gris, cette femme de petite taille, accompagnée de ses filles, se dit ‘’choquée par le spectacle qu’offre la plage’’, pointant du doigt deux jeunes couples dans des positions suggestives.
Tout le contraire pour Amadou Ba. L’homme est entouré de plusieurs enfants en train de tracer des arabesques sur la berge que les vagues viennent aussitôt effacer.
La cinquantaine, casquette vissée sur la tête, le sourire aux lèvres, il surveille tous les faits et gestes de ‘’ses petits fils’’.
‘’En famille, la plage est compatible avec le ramadan. Je ne regarde que mes petits enfants, je les ai amenés ici pour qu’ils passent de bons moments’’, explique-t-il.