1 350 intervenants pour 96h de débats, c’est la prouesse réussie par le marathon budgétaire clôturé hier à l’Assemblée nationale. Le projet «Sénégal émergent» et le rendez-vous du Sénégal avec le Club de Paris ont dominé le vote du projet de budget du ministère de l’Economie et des Finances. Malgré la fatigue qui se lisait sur tous les visages, les députés ont tenu à assister massivement à la dernière séance plénière qui clôturait hier le marathon budgétaire 2013. C’était le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Bâ, qui défendait son projet de budget, arrêté finalement à la somme de 167 158 850 151FCfa contre 201 787 869 651FCfa en 2013, soit une baisse de 34 629 019 500FCfa. Le ministre a été essentiellement interpellé par les députés sur le projet Sénégal émergent (Pse) et le rendez-vous avec le Club de Paris. Pour rassurer les parlementaires, M. Bâ leur a d’abord annoncé une bonne nouvelle en indiquant qu’il y a deux semaines, le Conseil d’Administration du Fonds monétaire international (Fmi) a surclassé le Sénégal comme un pays à faible revenu, mais ayant une grande capacité à gérer son endettement. «Nous sommes 5 ou 6 pays dans le monde à être dans ce cas», se réjouit-il. La conséquence directe de cette décision, poursuit le ministre, est que les dettes du Sénégal ne seront plus analysées au cas par cas, mais plutôt globalement. Il a révélé, dans la foulée, que le stock de dettes du Sénégal était de 3 076 milliards de FCfa en 2012. Ce stock, ajoute-t-il, va désormais passer à 30 500 milliards.
«Le Pse, c’est 35% d’argent public et 65% d’argent privé»
Avant de détailler le projet Sénégal émergent (Pse), le ministre de l’Economie a d’abord rappelé le contexte difficile de l’économie sénégalaise. Et c’est pour souligner que le taux de croissance était de 2,1% en 2011, 3,5% en 2012 et 4% en 2013. Avec une projection de croissance de 4,6% relève-t-il, le déficit budgétaire est en baisse passant de 6,7% en 2011 à 4,9% en 2013. Tel est le contexte, signale M. Bâ, dans lequel toute la stratégie du Programme triennal d’investissements publics (Ptip) est bâtie. Selon lui, l’option de financement de ce programme va reposer sur les fonds internes pour 52%.
Concernant le Projet Sénégal émergent (Pse), il a montré qu’il s’inscrit dans la continuité du Document stratégique de la réduction de la pauvreté (Dsrp1 et 2), de la Stratégie nationale de développement du Sénégal (Snds) qui est une vision de politique économique dont l’horizon est fixé en 2017, entre autres. Selon lui, tous ces documents ont une même logique, celle de doter le Sénégal d’un cadre de référence pour porter son développement économique. Pour M. Bâ, le Pse c’est 35% d’argent public et 65% d’argent provenant du privé. Ce Plan, souligne-t-il, propose un ensemble de 28 projets opérationnels de l’axe de la Snds. «C’est avec le document de la Snds renforcé par le Pse qu’on ira au groupe consultatif de Paris», répond-t-il aux députés qui se demandaient lequel des nombreux Plans le Sénégal va présenter à ladite structure. Mieux, avise le ministre, le montant des projets qui font doublon entre la Snds et le Pse se chiffre à 960 milliards de FCfa. Il conseille de travailler sur cet aspect dès 2014. Sur les 2,5 milliards payés au cabinet Ifco pour l’étude du Pse, M. Bâ a dit que ledit cabinet leur a simplement permis d’avoir des informations qui auraient pu coûter encore plus cher. Et que seuls les frais de déplacement étaient pris en charge par l’Etat. Il a aussi noté que les cadres du ministère n’ont jamais été exclus de ce travail et que le Président Macky Sall n’a validé aucun segment de cette étude sans l’aval du ministère de l’Economie et des Finances. Amadou Bâ a enfin demandé aux députés de donner un délai d’une semaine, voire d’attendre jusqu’à la fin du mois de décembre pour qu’il leur donne le montant exact que le Sénégal sollicitera du Groupe consultatif de Paris.