Un forum d’échanges visant un "meilleur partage de connaissances et d’expériences entre experts et acteurs des transports des pays de la sous-région’’ dans les domaines notamment de la sécurité routière et de la mobilité urbaine en vue d’’’améliorer la performance du secteur’’ s’est ouvert mardi à Dakar, à l’initiative du Programme des politiques de transport en Afrique (SSATP).
‘’L’évolution actuelle du transport ne peut se poursuivre sans les changements qui s’imposent car elle constitue une menace pour les sociétés et pour le développement durable’’, a souligné Jean-Noël Guillossou, responsable du SSATP, lors d’un point de presse en marge de la cérémonie d’ouverture.
En effet, à l'heure actuelle, ''beaucoup de villes africaines s'étendent de plus en plus, sans un plan approprié de développement du transport urbain'', a-t-il dit.
Le résultat, c'est que l'accent n'est pas suffisamment mis sur les transports en commun, l'étalement des bidonvilles, l’afflux massif de voitures importées sur des infrastructures insuffisantes et déficientes, a-t-il fait observer.
''Du point de vue de la sécurité routière, l’Afrique a les plus mauvaises performances dans le monde. Les parcs automobiles représentent 2% du parc automobile mondiale et l’Afrique a 16% des accidents. Donc, il y a un écart énorme qui montre combien l’Afrique souffre d’un transport qui n’est pas suffisamment efficace'', a souligné le responsable de SSATP.
Il a affirmé que ''la sécurité routière est une affaire complexe’’, indiquant qu’’il y a des mesures à prendre au niveau des infrastructures pour s’assurer que l’infrastructure elle-même n’est pas cause d’accident, en plus des questions de sensibilisation et d’éducation''.
Pour avoir un impact sur la sécurité routière, cela suppose que tout le monde travaille ensemble, les forces de l’ordre, les services de santé et d’éducation et tous ceux qui sont responsables du transport, a-t-il ajouté.
Une des solutions recommandées, notamment au niveau continental, est de créer des organes directeurs de gestion de sécurité routière capables de coordonner toutes les agences des gouvernements qui travaillent dans ce domaine. Cela entre dans le cadre de la décennie d'action adoptée par les chefs d'Etat africains en 2012 et souligné dans une charte de sécurité routière.
Prenant part au point de presse après avoir présidé l'ouverture du Forum, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du désenclavement, Thierno Alassane Sall, a souligné qu'aujourd'hui l'enjeu est que le secteur des transports doit être pris en compte dans les Objectifs de développement durable (ODD). Ce qui n'était pas le cas pour les Objectifs de développement pour le millénaire.
''L'inscription de la promotion d'infrastructures et services des transports dans les ODD sera sans aucun doute un apport consistant voire indispensable à la réussite des politiques de transports'', selon le ministre.
Par ailleurs, a ajouté Thierno Alassane Sall, ''l'amélioration de la mobilité urbaine en Afrique mériterait une attention particulière''.
Pour le directeur de la Division Transport de la Banque mondiale, Marc Juhel, ''le secteur des transports peut jouer un rôle important dans la réalisation d'un développement durable''.
''Des systèmes de transport bien conçus peuvent réduire considérablement la pauvreté et permettre de lutter contre l’exclusion sociale en assurant l’accès à l'emploi, aux biens et aux services'', a-t-il ajouté.
Le directeur de la Division des transports de la Banque mondiale estime que le partage de connaissances et d'expériences peut aider à un passage à une approche intégrée des transports durables. Mais cela suppose, selon M. Juhel, ''la mise en place de politiques robustes; le renforcement des capacités institutionnelles, la mobilisation des ressources financières et des infrastructures adaptées aux usagers''.
Le SSATP a organisé un forum de deux jours en marge de sa réunion annuelle qui sera ouverte jeudi à Dakar.