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Le Quotidien N° 3430 du 5/7/2014

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Sanctions contre les vaincus des Locales : Logique de légitimité ou de compétence
Publié le dimanche 6 juillet 2014   |  Le Quotidien


Macky
© Agence de Presse Africaine par EAG
Macky Sall pose la première pierre du pôle urbain de Diamniadio
Diamniadio, le 24 Mai 2014- Le président Macky Sall a procédé, le samedi 24 Mai 2014, au lancement des travaux du pôle urbain de Diamniadio.


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Au nom d’une prétendue élégance républicaine, les perdants du 29 juin n’ont que deux issues fatales : le harakiri (démission) ou la mise à mort (limogeage). Mimi Touré est partie avec son équipe, après Cheikh Bamba Dièye.
Mise en accusation
L’axiome vendu par les mathématiciens de la politique pose en règle générale : quand un responsable politique perd dans des élections locales, il doit être déchu de ses fonctions politiques. Les observateurs ont, depuis dimanche soir, fini de tirer les conséquences, improvisés en aide bourreau, charriant devant la guillotine de Macky Sall des têtes à couper. Lui-même, maître timonier avait cru bon de préciser, la menace aux lèvres : «Ceux qui perdront les élections dans leurs localités seront sanctionnés.» Ses affidés ont connu au soir du scrutin du 29 juin des fortunes diverses. Même si dans leur écrasante majorité, ils ont écopé d’une rouste monumentale, certains sont parvenus, après avoir fermement guerroyé, à tirer leur épingle du jeu. Les plus mal lotis et les moins heureux tremblotent, accrochés à d’éventuels décrets présidentiels. Aminata Touré a succombé à ses blessures causées par Khalifa Sall et Taxawu Dakar. Elle emporte avec elle tout un gouvernement. De vainqueurs et de vaincus. Mais sur cette liste noire, il y a une belle brochette de directeurs généraux, de présidents de conseil d’administration, etc. Cheikh Bamba Dièye, désormais ex-ministre de la Communi­cation et de l’Economie numérique, sentant le vent tourner, a préféré, lui, prendre les devants, court-circuiter l’éventuelle volonté présidentielle et sortir par la grande porte. Pourtant, ce mot d’ordre général appelle une question.

Légitimité ou compétence ?
Elle n’a rien d’une sinusoïdale. Elle est le juste corollaire d’une succession d’évènements majeurs dans la vie d’un parti politique. Elle rejaillit en gerbes et se pose en plein milieu du plat de rupture de jeûne d’un Macky Sall affamé par les résultats très mitigés de ses hommes. Doit-on, au nom d’une supposée décence républicaine, faire payer cash, par le prix fort, un responsable politique mis à mal par les mauvais résultats d’un scrutin ? Peut-on faire abstraction d’un contrat moral conclu intuitu personae, juste pour s’accommoder d’un schéma justifié par les exigences malsaines de la realpolitik ? Peut-on, à l’heure de «l’accélération de la cadence», se permettre volontairement une halte pour repenser sa conduite, remettre les compteurs à zéro ? Peut-on au nom d’un branlant principe cracher sur la méritocratie et la compétence ?
Même s’il est évident qu’un contexte de tension latente avec le chef de l’Etat soit évoqué depuis quelques mois, il demeure toujours constant que le bilan de Mimi Touré à la tête du ministère de la Justice, son zèle, son engagement et sa volonté infaillible devant ses charges avaient survitaminé son capital-sympathie auprès d’une bonne part des Sénégalais. Son limogeage ne peut avoir pour effet que de calmer le jeu, juste pour un moment. Tout en obligeant Macky Sall à repenser son équipe, reconsidérer ses urgences, rebâtir une nouvelle politique générale à seulement moins de trois ans des défis de la Présidentielle de 2017 ou 2019. Pour le cas Mimi Touré, on ne peut quand même pas manquer de s’interroger : qu’est-ce qui l’a poussée à loger dans son collimateur la mairie de Grand Yoff ? Sur ce coup-là, Mimi Touré a certes manqué de jugeote. Ça crevait les yeux que Khaf (diminutif affectif de Khalifa Sall) n’avait pas fait les choses à moitié à Dakar et qu’une œuvre balèze plaidait éloquemment en sa faveur.
Mais il y a mieux. Les partisans d’une logique de sanction contre les vaincus, brandissent à bout de bras la question d’une perte de légitimité. Il n’y a pas pire aberration ! Dans l’armature administrative de l’Etat, les fonctions sont électives ou nominatives. Or il est constant que la plupart des potentielles victimes du sabre présidentiel (Premier ministre, ministres, directeurs généraux) ont été nommées. Il ne peut se poser ici une question de légitimité. Il en serait le cas par exemple pour les parlementaires. Mais il n’est pas de légitimité qui tienne pour un ministre ou du directeur général parce qu’ils ont été nommés. Ils peuvent être des personnes en marge de la politique, de purs technocrates sollicités pour leurs compétences certaines dans un domaine bien défini. Comment, dès lors, tirer comme conséquence de la perte d’une élection municipale, la perte de la légitimité. Celle-ci n’opère qu’à l’égard de la personne du président de la République. Elle s’analyse plus exactement en une question de confiance. Cette même confiance devant reposer sur des aptitudes réelles se démarque de la légitimité comprise dans le sens de la dévolution de la confiance populaire.

Quel sort pour les alliés perdants ?
Mais encore, pour être conséquent, Macky Sall devra, s’il s’engage dans la logique de sanction, en effectuer le parallélisme des formes avec ses alliés progressistes, obligé qu’il est de tirer totalement les enseignements des scores des municipales, de reconsidérer ses accointances. A la veille des élections locales, l’Alliance des forces de progrès avait, volontairement et consécutivement à la volonté de Moustapha Niasse, choisi de se lier à la cordée Benno bokk yaakaar. Un pacte qui était vu par plusieurs observateurs comme une façon pour le président de l’Assemblée nationale de renier ses ambitions politiques, d’emballer soigneusement l’Afp dans un joli paquet-cadeau, gracieusement offert à Macky Sall, juste rétribution d’un poste de perchoir à l’Assemblée. Macky Sall, fin politique, peu porté vers le sentimentalisme, est cependant obligé de trancher dans le vif. Un rapide survol des résultats renseigne sur le marasme progressiste. Mises à part les éclaircies de Mbaye Dione à Ngoundiane, et de Alioune Sarr, ministre du Com­mer­ce, les scores enregistrés par les ouailles de Niasse frisent le ridicule. Le Docteur Malick Diop défait par Taxawu Dakar n’a pas mis trop de temps à admettre sa déconvenue. Prima facie la question se pose : que gagne Macky Sall dans cette alliance ? Pourtant l’Afp avait cru bon de devoir ranger au placard ses ambitions, s’effaçant et préférant céder le pas sur plusieurs fronts aux membres de l’Apr. Malick Gackou et Pape Sagna Mbaye s’étaient volontiers alignés dans les rangs, négligeant par là une sacrée carte blottie par devers de leur manche. Pour autant, doit-on leur appliquer le singulier raisonnement qui conclut en leur sanction ? Pour l’heure, des sorts sont scellés. En attendant de voir ceux qui seront admis – ou réadmis- au gouvernement post Mimi.

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