Dans l’histoire politique de Rufisque, c’est déjà arrivé que des leaders soient réélus plusieurs fois de suite. Alioune Mar, maire sortant de Rufisque-Ouest, vient de faire son entrée dans ce cercle fermé après sa victoire aux élections locales de dimanche. Ce qui, dit-il, ne constitue point une surprise à ses yeux.
Né en juillet 1956, marié à trois femmes et père de cinq enfants. Alioune Mar doit sa mine calme à l’école coranique qu’il a fréquentée à bas âge. D’ailleurs, il a tendance à rappeler cet épisode marquant de sa vie. « Je suis peut-être généreux et j’ai le sens du partage parce que je suis quelque part un produit de l’école coranique ». Outre l’école coranique, « Reuma » comme l’appellent affectueusement ses fidèles, est également un produit de l’université de Dakar où il a décroché son diplôme de troisième cycle en droit privé.
C’est de l’université Cheikh Anta Diop qu’il embrasse la politique en se « convertissant » au marxisme militant. Il s’est fait trotskyste car, croyait-il dur comme fer, c’était seulement avec une telle idéologie révolutionnaire qu’il était possible de bouter hors du pouvoir le régime socialiste alors en place.
A And-Jëf, il revisite cependant ses ardeurs militantes. Grâce à Landing Savané, Alioune Mar se rend bientôt compte que ce pouvoir socialiste qu’il veut défaire par la révolution peut être vaincu autrement que par la violence. Il s’en rendra compte encore plus nettement avec les méthodes et stratégies d’Abdoulaye Wade, parachevées en mars 2000 par le départ d’Abdou Diouf après quarante ans de régime socialiste. «C’est à ce moment là que j’ai compris que la révolution est possible par la voie des urnes ».
L’éducation du maître Landing
C’est ensuite grâce à Awa Diop, responsable nationale des femmes libérales, qu’il s’encarte au Parti démocratique sénégalais (PDS). Awa Diop, celle avec qui il partage le fief de Rufisque-Ouest. Celle qui, dit Alioune Mar, « a eu le mérite d’être capable de déceler (en moi) un gagneur. »
Aux élections locales de 2002, il porte la candidature du Pds et remporte la victoire haut la main. Un succès qu’il réédite en 2009 quand il est le seul maire libéral de Rufisque à résister victorieusement à la vague torrentielle de la coalition Benno Siggil Senegaal. C’est de là qu’est née l’alliance entre Rufisque-Ouest et lui. Son invincibilité dans cette commune s’est vérifiée dimanche dernier avec la victoire de la coalition « Booloo Taxawu Askan Wi » dont il était tête de liste majoritaire, contre Benno Bokk Yaakaar conduite par le député Souleymane Ndoye.
Le secret de sa réussite politique, fait-il remarquer, c’est trois facteurs : les investissements de la commune de Rufisque-Ouest dans le domaine social, la prise en charge des élèves et étudiants, et le fait qu’il ait pu gagner le respect de la jeunesse à son endroit.
« Vous savez, mon éducation fait que je peux manger à la table du riche et m’asseoir sur la natte du pauvre. Les jeunes ont conscience qu’un tel homme est celui qui peut prendre en charge toutes les couches sociales. Et ils l’ont montré lors de la campagne. Le nombre de jeunes présent à mes caravanes dépassait mes attentes». Cette fibre sociale ne serait-elle pas tirée du trotskisme de sa jeunesse ?