La campagne pour les élections locales qui auront lieu ce dimanche s’est achevée vendredi. Cette dernière a particulièrement été émaillée de violences. On y a tout vu : des affrontements entre militants de différents camps qui ont conduit à plusieurs dizaines de blessés, ou encore des émissions de télévisions interrompus suite à des accrochages entre sympathisants de politiques de camp opposés.
A Dakar,
Ce vendredi soir, les quartiers de Dakar grouillent de monde. Le bruit qui y règne pourrait même briser les tympans de ceux qui ont l’ouïe fragile. Ce n’est en effet pas un jour comme un autre. C’est le dernier jour de la campagne des élections locales. Partout dans la capitale sénégalaise, on entend encore des voix qui résonnent à l’aide de micros des différents candidats des locales, qui n’ont pas lésiné sur les moyens en ce dernier jour de campagne pour convaincre les électeurs. Durant toute la journée, certains ont sillonné les quartiers de Dakar à bord de gros camions, accompagnés de DJ, mettant des musiques tendances du moment à fond. Leurs partisans distribuent des tracs, et promettent de transformer la vie de tous les citoyens qui votent pour eux. Sans oublier bien évidemment de pointer « le bilan négatif » des maires sortants. A quelques semaines du scrutin, certains maires sortants se sont même dépêchés de faire goudronner des voies de passage de leur commune ensablée pour espérer se maintenir et grappiller quelques voix de plus.
La fin justifie les moyens
La stratégie de la proximité de quartier a été reine durant en effet toutes les élections locales. Pour sortir vainqueur, tous les challengers sont convaincus qu’aller directement à la rencontre des citoyens est la meilleure tactique. Sans oublier surtout la musique, dont raffolent les Sénégalais, pour créer une ambiance bonne enfant et détendue. Un martèlement jugé excessif par certains. « On n’en peut plus du bruit à cause de ces locales, ce soir encore personne ne pourra dormir », lance cette jeune sénégalaise, qui marche le long d’une rue de la capitale sénégalaise en compagnie de son compagnon. Elle a été surtout impressionnée par la violences de ces élections survenues lors de la campagne. Même lors de la présidentielle, le climat n’était pas aussi tendu, fustige-t-elle.
La fin justifie les moyens. Cet adage reflète bien le climat en effet extrêmement tendu des élections locales sénégalaises, où tous les coups ont été permis entres les sympathisants politiques des différents camps. Des émissions de télévisions de débat politique ont été interrompues en raison d’échauffourées en direct entre partisans. Les affrontements fin mai dans la commune de Grand-Yoff entre les militants de deux poids lourds de la politique sénégalaise : le maire sortant de Dakar Khalifa Sall et le Premier ministre Aminata Touré ont particulièrement marqué les esprits. Bilan de ces accrochages : plusieurs dizaines d’hospitalisations et de blessés. Granf-Yoff est en effet une des commune clée de la battaille de Dakar, où le socialiste Khalifa Sall se représente. Natif de Grand-Yoff, il est très attachée à cette commune gigantesque de 400 000 habitants. D’un autre côté, Aminata Touré, du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (APR), y a aussi ses marques car elle y vit depuis 23 ans.
« Certains candidats sont paniqués à l’idée de perdre »
L’enjeu de remporter cette localité est de taille. Aminata Touré pourrait voir son poste de Premier ministre sérieusement menacé et Khalifa Sall qui vise la présidentielle de 2017 pourrait perdre pied s’il n’est pas réélu à la mairie de la capitale. D’autant qu’il a refusé de succéder à OusmaneTanor Dieng à la présidence du Parti socialiste. « Les enjeux de ces élections locales sont en effet très importantes pour de nombreux politiques ce qui explique le niveau très élevé de violences », affirme ce fin observateur de la vie politique sénégalaise à Afrik.com. Selon lui, « beaucoup de candidats sont paniqués car y a trop de listes par rapport aux années précédentes. On s’y perd même par le nombre de candidats. La concurrence est donc plus féroce encore. Mais rien ne justifie de telles violences car nous sommes en démocratie. Elles sont selon moi instrumentalisées par les politiques, qui craignent de perdre leurs avantages s’ils s’inclinent à ces locales ».
D’autant que Macky Sall a averti que ceux de son parti qui perdraient ces locales seront lourdement sanctionnés. « Les esprits sont donc surchauffés, et tous les moyens sont permis pour arriver à sa fin. En 2009, nous n’avions pas eu un tel climat de violence. En général au Sénégal, les élections sont toujours émaillées de violences, d’accrochages par-ci par-là, explique cet observateur. Mais l’avantage c’est que le citoyen sénégalais est suffisamment mature politiquement. Il sait faire la part des choses. Les violences s’estompent à quelques jours du scrutin. Le moment venu, lorsqu’il est l’heure de se rendre aux urnes, il va toujours voter de façon pacifique. » Après le scrutin de dimanche, le paysage politique pourrait bien changer. Un possible remaniement ministériel n’est pas impossible. Tout dépendra des résultats des urnes...