Après deux semaines de campagne électorale pratiquement monocorde (14-27 juin), les citoyens sénégalais s'acheminent lentement mais sûrement vers l'élection de quelque 28028 conseillers municipaux et départementaux devant être triés sur près de 2707 listes de candidats. Consacrant l'entrée en vigueur de l'Acte III de la décentralisation, le scrutin local de demain, dimanche 29 juin 2014, est parti pour redessiner les cartes, à moins de trois années de la présidentielle.
Deux semaines après le démarrage d’une campagne électorale où les suffragants sénégalais ont eu du mal à vibrer sauf en de rares occasions (avec l’implication dans la campagne de Me Wade, d’Idrissa Seck ou Youssou Ndour), la conquête des 552 collectivités locales du Sénégal (communes urbaines ou rurales) et 45 départements est bien arrivée, avec le scrutin de ce dimanche 29 juin, dans sa dernière phase.
Vingt-huit mille vingt-huit (28 028) conseillers municipaux et départementaux vont devoir être choisis, par les électeurs, entre 2707 listes de candidats. Une première dans l’histoire politique du Sénégal qui montre, nonobstant les probables couacs dans l’organisation, à quel point l’éclatement du champ politique est aujourd’hui prononcé, moins de deux années après la fin de règne du Président Abdoulaye Wade. Un maître du jeu qui avait réussi la «prouesse» de maintenir une certaine homogénéité du champ politique partagé alors entre le pouvoir en place (Pds et alliés) et une opposition aux contours clairement définis (Ps, Apr, Rewmi, Afp, Ld, Pit, Aj/Pads…).
Moins de vingt-six mois après l’avènement de Macky Sall à la magistrature suprême, l’émiettement de l’espace politique est si marqué entre une pseudo-majorité présidentielle (où les acteurs se regardent en chiens de faïence et où les divergences entre le parti au pouvoir et ses alliés augurent d’une proche implosion) et une opposition qui concentre aussi bien les adversaires naturels du pouvoir (comme le Pds) que ses récents alliés au second tour de la dernière présidentielle.
Conséquence : une kyrielle de listes de candidats (2707) se sont présentées pour les élections locales de ce dimanche, consacrant une sorte de guerre sans merci et de lutte fratricide pour la conquête des communes et départements du Sénégal. Dakar et sa banlieue, Saint-Louis, Ziguinchor, Podor comme d’autres villes du Sénégal vont être ainsi, pour ce scrutin de demain, le théâtre de duels acharnés sinon à mort qui vont sérieusement redessiner la configuration politique du pays, à moins de trois années de la présidentielle de 2017.
Au final, le scrutin des élections locales les plus ouvertes de l’histoire politique du pays est parti pour élire 28 028 conseillers municipaux, départementaux et de ville. Et cela, conformément aux décrets n°2014-500 du 10 avril 2014 qui fixe le nombre total de conseillers à élire pour chaque ville et n° 2014-501 qui fixe le nombre de conseillers pour chaque département. A noter que le nombre de conseillers à élire passent pratiquement du simple au double en une douzaine d’années. De 14.351 conseillers à élire aux élections locales de 2002, le chiffre a été revu sérieusement à la hausse du fait de la multiplication des collectivités locales avoisinant aujourd’hui la six-centaine.