L'achat de produits aphrodisiaques n'est pas chose aisée pour certains visiteurs de la Foire internationale de Dakar (FIDAK) qui, ayant peur du qu’en-dira-t-on, font tout pour se dérober à la vue ou font semblant de ne pas s'y intéresser, préférant laisser l’initiative aux vendeurs, a constaté un reporter de l'APS.
A l'esplanade du Pavillon orange, une dame d'un âge avancé a eu ainsi toutes les peines du monde pour commander un aphrodisiaque.
Gagnée par une gêne manifeste, elle n'a pas osé aborder les deux jeunes filles préposées à l’un des stands proposant ces produits.
Finalement, pour mieux passer inaperçue, elle s'est rabattue sur un autre exposant. Mais manque de chance ! Ce dernier avait déjà épuisé son stock.
Mais cela n’a en rien refroidi sa volonté de se faire discrète, car même réorientée vers un autre stand, elle a refusé de s'y rendre, prétextant que ses vendeuses étaient des ''Sénégalaises''.
Selon les confidences recueillies auprès de vendeuses, cette dame est loin d'être un cas isolé. La plupart des visiteurs évoquent en effet avec délicatesse leur désir d'acheter les aphrodisiaques, expliquent-elles.
''En usant du marketing, on essaie de les appâter. Sinon, c'est très difficile que des clients vous disent au premier abord les produits désirés'', indique l'une des vendeuses d’un stand de produits aphrodisiaques.
''C'est quelque chose de vraiment gênant pour les clients. Cela se ressent dans leurs faits, paroles et gestes. Ils ne veulent pas que tout le monde sache pourquoi ils sont là. De ce fait, nous avons une feuille où sont marqués nos produits et où il est aussi apposé consultation gratuite. Donc, c'est entre toi et +le docteur+'', confie Nourou, un tradipraticien.
A cause de la gêne, certains clients se mettent devant les comptoirs, pour éviter d'être entendus ou vus par une personne de leurs connaissances.
Pour éviter que cette gêne n’ait un effet négatif sur ses ventes, le Dr Nourou, qui se dit spécialiste en aphrodisiaques, a loué les services de deux filles et d’un étudiant.
Ce dernier est chargé de repérer les clients en vue de leur montrer la liste des produits proposés par le tradipraticien. De taille moyenne, le jeune homme se faufile entre les visiteurs à l'abri du regard des curieux et autres badauds pour vanter les produits de son patron.
Ce dernier, qui n’est jamais très loin, suit à chaque fois avec intérêt ses explications. Cette stratégie semble bien marcher même s’il ne pas manque de clients que les prix découragent.
Dreadlocks au vent, un quinquagénaire affiche non loin de là sa désolation de n'avoir pas pu arracher le produit tant voulu pour soigner sa prostate, à l’origine selon lui d’une panne sexuelle.
L'homme a beau chuchoté dans l’oreille du tradipraticien, mais rien n’y fait : il repartira comme il était venu. Mais en partant, il promet de revenir le lendemain avec les 12.000 francs Cfa nécessaires à l’achat du produit.
Si certains se cachent, d'autres, sous l’empire de la nécessité liée à leur pathologie, avancent à visage découvert. Ce vendeur d'aphrodisiaques rapporte cette confidence d’un homme qui n’a pas hésité à dire, de manière crue, qu’il avait du mal à être sexuellement performant.
Il y a aussi le cas d'une dame qui, en plus d’avoir acheté des aphrodisiaques pour elle-même, en a également payé pour son mari. ''Elle a acheté du gel destiné à doper l'appétit sexuel. Et un autre produit appelé +glace+ et qui produit les mêmes effets. A la différence du premier aphrodisiaque cité, la glace s'utilise aussi bien pour les hommes que pour les femmes'', explique une vendeuse de produits aphrodisiaques et autres médicaments traditionnels.
Le stand dont elle est chargée de faire vendre les produits reçoit en moyenne 50 à 60 visiteurs, presque la majorité pour des problèmes ayant trait à une panne ou un appétit sexuel.
''Des garçons dont l'âge n'excède pas 25 ans demandent en grande en masse des produits destinés à les rendre plus performants au lit. Visiblement, ces jeunes garçons, à peine sortis de l'adolescence, ne ressentent aucune gêne à afficher leur dépendance à ces aphrodisiaques'', explique-t-on.