Le respect des principes de la bonne gouvernance permettra au secteur de l’éducation d’atteindre ses objectifs et de réconcilier les Sénégalais avec leur école. C’est le principal enseignement du rapport du Forum civil portant sur la gouvernance dans le secteur de l’éducation.
Selon une étude menée par le Forum civil, en collaboration avec la Cosydep, portant sur la gouvernance dans le secteur de l’éducation au Sénégal à travers le Pdef, c’est la mal gouvernance du secteur scolaire qui explique une grande partie des contre-performances du système. Ce document souligne qu’à tous les niveaux (étatique, local, individuel), le déficit de transparence, l’absence de suivi et de contrôle et quelque fois la mauvaise gestion des fonds alloués entravent le bon fonctionnement du système éducatif. « En choisissant d’étudier la question scolaire sous l’angle des politiques publiques, nous avons voulu poser un regard socio-historique sur le Pdef. Il s’agissait essentiellement de décrire le fonctionnement concret de l’Etat, l’action de ses partenaires et de l’ensemble des acteurs intervenant dans ce secteur, d’expliquer les origines du Pdef, sa mise en œuvre, ses réalisations, les limites et les résistances qu’il rencontre », a expliqué le coordonnateur du Forum civil, Mouhamadou Mbodji.
Pour le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, les observations et les recommandations de cette étude rejoignent, dans une large mesure, celles de l’évaluation interne et externe du Pdef et ont permis d’alimenter le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet). « Je suis heureux de constater que certaines mesures préconisées dans le cadre du Paquet ont été bien relevées dans le rapport. Par exemple, la promotion d’une gouvernance inclusive et transparente constitue le troisième pilier du Paquet. Il a été prouvé, dans l’évaluation du Pdef, que sur la période 2000-2011, beaucoup de ressources matérielles, humaines, financières ont été injectées dans le système, mais il s’est posé un problème d’utilisation efficiente de ces ressources », a fait savoir le ministre.
Des mesures d’amélioration
A cet effet, il a rappelé les mesures d’amélioration envisagées ou mises en œuvre. Elles portent, entre autres, sur le recrutement des enseignants, les conditions de travail dans les écoles, la participation des collectivités locales et des communautés, le contrôle interne et citoyen, l’allocation des ressources. Sur ce dernier point, le ministre a rappelé que le gouvernement a établi de nouveaux critères consensuels et plus équitables d’allocation des ressources aux écoles et aux inspections et supprimé la ligne budgétaire Iden-école. « Le budget des écoles n’est plus géré par les inspections, mais par les comités de gestion des écoles. De même, les allocations aux écoles primaires sont passées de 400 FCfa par élève à 3.500 FCfa en moyenne par élève, soit un montant de 5,3 milliards de FCfa pour l’année 2014 alors que ce budget n’était que de 800 millions de FCfa », a révélé M. Thiam. A cela, il faut ajouter 22 milliards de FCfa déjà positionnés par le partenariat mondial pour l’éducation afin de soutenir les efforts de financement du gouvernement.
Contrat de performance
En plus de cette augmentation sensible des ressources destinées aux écoles, la grande nouveauté c’est l’orientation de l’utilisation des fonds sur la performance et la qualité de l’éducation. A cet effet, les écoles ont déjà signé des contrats de performance avec les inspections de l’éducation et de la formation qui, à leur tour, ont signé des contrats de performance avec les inspections d’académie. Pour favoriser la transparence et le contrôle citoyen à tous les niveaux, le ministre a annoncé la publication, sur son site, des montants alloués à chacune des 7.200 écoles primaires publiques sur les ressources internes et externes mobilisables en leur faveur.
Il a réaffirmé que le gouvernement accorde une grande attention à une bonne gestion et une bonne qualité des enseignants dont les charges salariales absorbent près de 87% des dépenses publiques d’éducation par le renforcement de la formation initiale continue, le relèvement du niveau de recrutement des instituteurs, etc.
Six responsables démis de leurs fonctions pour malversations financières en 2013
Avec les mesures de renforcement de la gestion décentralisée et le transfert massif de ressources financières vers les inspections et les écoles, le ministère de l’Education nationale a renforcé la fonction de contrôle interne à tous les niveaux pour garantir une traçabilité des dépenses et sécuriser ainsi les ressources et favoriser la reddition des comptes. Ainsi, pour 2013, l’inspection interne a produit 17 rapports de vérification sur la gestion des établissements d’enseignement moyen secondaire, des inspections d’académie et des directions centrales du ministère. Ces vérifications ont porté sur l’exécution des marchés publics, le parc automobile, le carburant, l’organisation des examens, etc. C’est ainsi que six responsables, à différents niveaux, ont été démis de leurs fonctions et des agents contraints à rembourser des écarts non justifiés dans leur gestion, a révélé le ministre Serigne Mbaye Thiam. Mieux, a-t-il ajouté, la vérification sur l’optimisation des ressources relatives à l’organisation des examens de fin d’année a permis de faire une économie d’échelle de 1,8 milliard de FCfa au cours de l’année 2013.
Les inspecteurs désormais nommés sur appel à candidature
Dorénavant, les inspecteurs d’académie (Ia) et les inspecteurs de l’éducation et de la formation (Ief) seront nommés sur appel à candidature. Le ministre a annoncé une réforme en cours des inspections d’académie et des inspections de l’éducation et de la formation, y compris les conditions de nomination de ces chefs de circonscriptions. « Pour la première fois les Ia et les Ief ont été nommés sur la base d’un appel public ouvert à candidature publié dans les journaux avec un comité de sélection », a-t-il dit.