Les quotidiens parvenus lundi à l'APS traitent en priorité du dénouement de l'affaire opposant le député Moustapha Cissé Lô, premier vice-président de l'Assemblée nationale, à des dignitaires de la communauté mouride dont le fief se trouve à Touba au centre du pays.
Des adeptes de cette confrérie, l'une des plus importantes au Sénégal, ont saccagé des biens appartenant au parlementaire, en réaction contre des propos que celui-ci aurait tenu à l'endroit d'une des familles représentant cette communauté.
Les deux maisons de M. Lô, son véhicule 4X4 et sa boulangerie ont été incendiées, vendredi dernier à Touba par des disciples de Serigne Abdou Fatah qui l'accusent d'avoir tenu des propos irrévérencieux à l'encontre de leur guide.
Des personnes ont été arrêtées suite à ces actes de violence mais ont été par la suite libérées, une décision des pouvoirs publics analysé par de nombreux quotidiens comme une capitulation. ''La République brûlée à Touba'', affiche par exemple Le Quotidien.
''Les personnes arrêtées dans le cadre des incendies volontaires des maisons et boulangeries du député Moustapha Cissé Lô de Touba sont rentrées chez elles libres. Alors qu'elles pourraient être passibles des Cours d'assises'', informe Le Quotidien.
"Cette libération survient après le départ du ministre de l'Intérieur qui était dans la ville sainte pour désamorcer la crise. En même temps, écrit ce journal, l'Etat renouvelle son pacte d'allégeance à Touba et perd une partie essentielle de son pouvoir : l'exercice de la justice''.
C'est que les choses se sont compliquées pour Moustapha Cissé Lô, à en croire L'Observateur. "Après avoir perdu tous ses biens, incendiés par les talibés, vendredi, le député de l'Alliance pour la République (APR) a provoqué l'ire du khalife'' général des mourides, écrit le journal.
Serigne Cheikh Moctar Mbacké ''l'a déclaré persona non grata dans la cité religieuse'' de Touba. ''D'ailleurs, poursuit L'Observateur, la délégation envoyée par (le président de la République) Macky Sall pour +éteindre le feu+ a frôlé l'humiliation''.
Finalement M. Lô a fini par présenter ses excuses et a envoyé des émissaires pour les réitérer auprès des dignitaires de la communauté mouride, signale encore le même quotidien.
''Je demande pardon pour les propos venant de politiciens comme moi et qui me sont attribués pour me mettre en mal avec la famille de Serigne Touba. Je demande à tous les disciples d'accepter mes sincères excuses. Car un bon musulman ne devrait jamais offenser son prochain'', dit Moustapha Cissé Lô dont les propos sont repris par Enquête.
Et d'autres quotidiens comme Rewmi et Direct Info de confirmer la même information relative aux excuses présentées par Moustapha Cissé Lô et qui ont été acceptées par la hiérarchie de la communauté mouride. ''Moustapha Cissé Lô en talibé de Serigne Fallou a présenté ses excuses à la famille de Bamba. Les personnes arrêtées ont été libérées'', résume Direct Info.
De cette affaire, le journal conclut ce qui suit : ''Au Sénégal, le guide religieux est une force supérieure, vénérée par des inconditionnels qui sont prêts à casser toute personne qui s'en prendrait à lui. Dans tous les cas, savoir raison garder est une attitude responsable qui valorise tout homme politique''.
Pour le reste, la campagne pour les locales du 29 juin prochain est le sujet qui occupe le plus les quotidiens, dont L'Observateur. ''Wade, l'intrus qui dérègle la campagne'', estime ce journal. Il rapporte qu'une marche bleue organisée par l'ancien président de la République a drainé une foule de militants et d'admirateurs du prédécesseur de Macky Sall.
''Wade en campagne, Macky en embuscade'', signale aussi Sud Quotidien, là où Le Populaire s'intéresse à la violence émaillant la campagne électorale. ''La cadence de la violence accélérée'', titre ce journal, parodiant un slogan des cercles du pouvoir invitant à une mise en oeuvre accélérée des réformes et réalisations promises.
Selon Le Populaire, des ''nervis font couler le sang" à Gibraltar (Dakar) où une vingtaine de blessés ont été enregistrés et des véhicules saccagés. Il fait dans le même temps état d'une ''haute tension'' à la Médina, toujours dans la capitale.