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Sénégal : sous les lampes opératoires, la transmission d’un savoir-faire à Diamniadio (REPORTAGE)
Publié le mercredi 17 decembre 2025  |  Xinhua
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© Autre presse par DR
L`Association "Lunettes pour tous" en mission à Dakar à la fin du mois de juillet
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DIAMNIADIO (Sénégal), (Xinhua) -- Dans la salle d'opération, le bip régulier du moniteur rythme le silence. L'appareil de phacoémulsification est prêt.

Assis devant le microscope, l'ophtalmologue sénégalais Babacar Mbengue, du Centre national hospitalier pour enfants de Diamniadio (CNHED), se penche légèrement en avant. Les pieds posés sur la pédale de commande, il tient fermement la sonde chirurgicale, fine comme un stylo. Il marque une courte pause, puis tourne instinctivement la tête vers le médecin chinois assis à ses côtés.

La spécialiste chinoise Xue Yin, de l'Hôpital provincial affilié à l'Université de Fuzhou dans la province chinoise du Fujian (sud-est), reste à sa place. Elle n'intervient pas, se contentant d'un rappel à voix basse : "Stabilise encore un peu la pression négative".

Quelques secondes plus tard, la sonde revient dans le champ opératoire. Le léger bruit d'aspiration reprend son rythme et l'intervention se poursuit.

Une chirurgie de la cataracte congénitale est pratiquée ce mardi sur un nourrisson né en janvier 2024. Selon le protocole établi, médecins chinois et sénégalais se relaient au bloc opératoire, travaillant de concert sur les étapes clés de l'émulsification et de l'aspiration du cristallin. L'intervention dure près de 50 minutes. Tout au long de l'opération, le Dr Xue observe attentivement, prodiguant des indications en temps réel, laissant volontairement l'initiative au chirurgien local.

Le CNHED prend en charge de jeunes patients. Contrairement aux cas adultes, la chirurgie de la cataracte chez l'enfant exige une précision accrue, un contrôle rigoureux du rythme opératoire et une coordination étroite avec l'anesthésie.

"Lorsqu'un enfant est séparé de ses parents, la peur peut entraîner des pleurs et une augmentation des sécrétions, ce qui perturbe la stabilité de l'intervention", explique Zhang Wenqing, anesthésiste de la 20e mission médicale chinoise au Sénégal, en poste permanent dans le pays. Durant la présence de l'équipe d'experts, il a participé à l'ensemble des opérations.

Pour réduire ces risques, les équipes ont ajusté le protocole anesthésique, en privilégiant une induction par inhalation avant toute autre manipulation, afin que l'enfant soit plongé dans un état sans peur ni conscience avant le début de la chirurgie.

Dans un coin du bloc opératoire, la coordination infirmière se fait avec la même rigueur.

Zhang Xiaoxia, infirmière en chef du bloc opératoire, ne se limite pas à l'assistance chirurgicale. Elle a également assuré des formations ciblées sur la gestion de l'asepsie, introduisant des outils de contrôle de la stérilisation et démontrant leur utilisation au cours des interventions. Les exigences en matière d'hygiène ont été intégrées aux instruments, à l'organisation du personnel et aux procédures opératoires.

Pour les médecins sénégalais, cette semaine de pratique intensive s'inscrit dans un parcours déjà engagé.

Entre août et septembre de l'année précédente, le Dr Mbengue et son collègue Mamour Dieng ont suivi une formation de deux mois à l'Hôpital provincial affilié à l'Université de Fuzhou.

En l'espace de plus une semaine, les équipes chinoises et sénégalaises ont réalisé ensemble 36 interventions ophtalmologiques. Sur place, le Dr Mbengue est désormais en mesure d'effectuer de manière autonome plusieurs étapes clés de l'intervention, sous une supervision discrète.

"A force de pratiquer, la technique devient plus claire et plus facile à maîtriser", confie-t-il.

Le Dr Dieng souligne, pour sa part, l'évolution technique observée : "Par rapport à la méthode classique d'extraction extracapsulaire, la phacoémulsification permet des incisions plus petites, sans sutures, avec une récupération plus rapide pour le patient. Depuis l'arrivée des équipements, nous sommes plus à l'aise dans nos gestes et nos décisions".

Le 11 décembre, la partie chinoise a remis au CNHED un microscope opératoire, un appareil de phacoémulsification, un échographe et des lampes à fente, renforçant les capacités locales en ophtalmologie pédiatrique.

Mardi matin, des médecins sénégalais et chinois dans le CNHED ont participé à une réunion par visioconférence avec des ophtalmologues basés en Chine. Les échanges ont porté sur deux cas pédiatriques complexes, posant des difficultés à la fois diagnostiques et thérapeutiques. Cheng Dongfeng, chef du groupe d'experts chinois composé de six personnes, a indiqué que ce type de concertation à distance serait maintenu après le départ de l'équipe, afin d'assurer un suivi médical continu.

A la fin de l'intervention, la mère de l'enfant serre son bébé dans ses bras dans la chambre d'hospitalisation. Elle ne parle pas français et exprime sa gratitude en wolof. Aucun mot n'est traduit, mais son regard et son ton suffisent à faire comprendre ses remerciements à l'ensemble du personnel médical présent.

La salle est de nouveau préparée. Une autre opération va commencer.

Sous les lampes opératoires, les mains qui tiennent les instruments se transmettent désormais le relais.

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