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Sénégal : les semences climato-intelligentes séduisent les producteurs
Publié le jeudi 23 octobre 2025  |  Agence de Presse Africaine
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© Autre presse par DR
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Soutenues par le projet AICCRA et l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar), plusieurs coopératives agricoles sénégalaises s’imposent comme des modèles d’innovation communautaire, expérimentant avec succès des semences adaptées au climat, transformant leurs méthodes de production, leur rapport au marché et leur solidarité locale.

Dans les plaines semi-arides du Sénégal, entre Thiel, Méouane et Mabo, souffle un vent nouveau sur les champs. Là où les aléas climatiques et la pauvreté des sols freinaient autrefois la production, des agriculteurs unis en coopératives sont en train de bâtir pas à pas une autre agriculture — plus résiliente, plus solidaire et plus ancrée dans l’innovation.

Au cœur de cette mutation se trouve le projet AICCRA (Accélérer l’impact de la recherche climatique du CGIAR en Afrique), financé par la Banque mondiale et coordonné au Sénégal par le Centre international de recherche sur l’élevage (Ilri) et le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT).

Au Sénégal, l’initiative a accompagné des groupements de producteurs dans la multiplication des variétés de mil, d’arachide et de niébé adaptées à la variabilité climatique, pour ensuite les écouler localement ou les redistribuer au sein des communautés.

« Nous aidons les groupements à rendre leur semence crédible aux yeux du marché : test de germination, étiquette avec la variété et le lot, registre pour tracer chaque sac. Quand tout est clair et vérifié, les acheteurs font confiance et achètent » explique Sadio Dème, conseiller agricole à Thiel.

Des résultats déjà probants

performance des semences, se sont rapprochés du réseau pour s’en procurer. Cependant, les quantités disponibles restent limitées, une contrainte qui freine la diffusion du modèle.

Pour pallier ce manque, le réseau a mis en place un système de partage équitable. Sur chaque production de 100 kilos, 60 sont redistribués gratuitement ou à prix réduit aux producteurs de la zone, et 40 sont conservés pour la reproduction.

De même, un système communautaire de collecte où chaque producteur va verser au moins 10 % de sa récolte dans un magasin de stockage commun a été initié. L’objectif est de garantir la disponibilité des semences pour les campagnes à venir.

Une démarche que salue Modou Seck, producteur à Mabo. « Nous avons fourni ces semences à dix autres personnes qui avaient exprimé le besoin, les résultats ont dépassé nos attentes », témoigne-t-il.

Les mini-packs de graines (0,5 à 2 kg) permettent d’essayer sans risque et fidélisent. Enfin, la double valeur du niébé (grains pour le ménage et fanes pour le bétail) pèse dans la décision, notamment en zones laitières.

À Thiél, la coopérative a décidé de « donner un prix à la confiance. » Avec l’appui de l’Ancar, les équipes ont standardisé le tri et le séchage, étiqueté chaque sac (variété, origine, lot) et amélioré le stockage. Ces résultats expliquent la bascule vers le marché. Désormais, les producteurs se disent prêts à payer pour une semence qui a fait ses preuves et dont la qualité est visible.

« Dès qu’on a soigné le tri et les étiquettes, les acheteurs ont accepté un léger surcoût. Ils paient la confiance, » résume El Hadji Gueye, président de la coopérative semencière Ande Jappo Liguey.

« Quand la donnée climatique, la preuve au champ et la qualité documentaire se rejoignent, la décision d’achat devient plus simple. C’est cela l’héritage qu’on veut consolider : de meilleures décisions, prises au bon moment », conclut Nadine Worou, coordinatrice AICCRA Sénégal.

Les chiffres consolidés du projet témoignent de résultats significatifs, avec 9 830 agriculteurs, dont 33 % de femmes, ayant amélioré leur accès aux variétés climato-intelligentes. Ces efforts se sont traduits par des gains de rendement notables, allant de +33 % à +54 % pour le mil, et une progression du taux d’égrenage de l’arachide de 46 % à 98 %.

Par ailleurs, l’indice d’autonomisation des femmes a enregistré une hausse de 9,11 %, confirmant l’impact positif du projet tant sur la productivité agricole que sur l’inclusion socioéconomique.

ARD/ac/Sf.APA
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