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Médias : la dématérialisation de la commande publique menace les revenus de la presse écrite, selon l’économiste Cheikh Thiam
Publié le jeudi 23 octobre 2025  |  aDakar.com
L`Assemblée
© aDakar.com par DF
L`Assemblée Général du Cored, mécanisme d’autorégulation des médias sénégalais
L`assemblée générale du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias au Sénégal (CORED) marque la relance des activités de ce mécanisme d’autorégulation des médias sénégalais. Cheikh Thiam, directeur général du quotidien national Le Soleil
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L’économiste et ancien directeur général du quotidien Le Soleil, Cheikh Thiam, a alerté sur les conséquences économiques immédiates et potentiellement dévastatrices de la dématérialisation complète de la commande publique sur les entreprises de presse sénégalaises.

Depuis le 14 octobre, l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP) a lancé la digitalisation totale des procédures de publication et de gestion des appels d’offres, supprimant ainsi les insertions publicitaires dans la presse papier.

« Cette réforme aura des conséquences financières lourdes et immédiates sur les entreprises de presse sénégalaises, dont une partie importante des recettes provenait précisément de ces insertions publicitaires obligatoires », a averti M. Thiam dans une tribune transmise par voie de presse.

Lancée à titre expérimental sur une cinquantaine d’entités publiques et parapubliques, dont la SENELEC, le Port autonome de Dakar et plusieurs ministères, la réforme vise à moderniser et rendre plus transparente la commande publique.

Mais pour le secteur de la presse écrite, le choc est brutal. Selon Cheikh Thiam, la suppression des publications d’appels d’offres dans les journaux entraîne la disparition d’environ 3 milliards de francs CFA de recettes annuelles, soit l’équivalent de l’un des principaux leviers de financement de la presse nationale.

« Le quotidien Le Soleil, principal bénéficiaire de cette publicité institutionnelle, risque de subir une chute vertigineuse de ses recettes », souligne-t-il.

Avant la réforme, près de 800 autorités contractantes publiaient en moyenne 10 appels d’offres par an, à raison d’environ 400 000 francs CFA la demi-page, selon les chiffres cités par Moustapha Djitté, directeur général de l’ARCOP.

Cette “publicité institutionnelle obligatoire” constituait une source stable et solvable de revenus pour les journaux. Elle permettait de financer les charges salariales, l’entretien des imprimeries et les efforts de couverture nationale, souvent coûteux.

« La bascule vers le tout numérique signifie que cette manne disparaît du jour au lendemain, sans mécanisme compensatoire », déplore Cheikh Thiam.

Il rappelle que la presse sénégalaise traverse déjà une crise structurelle, marquée par la baisse des ventes papier, la dépendance à la publicité institutionnelle et le retard dans la transition numérique.

Tout en saluant une réforme inévitable et cohérente avec la stratégie de transformation numérique 2025-2029, Cheikh Thiam invite les médias à réinventer leur modèle économique.

Il propose notamment de diversifier les revenus (abonnements numériques, partenariats, contenus sponsorisés) ; d'investir dans la transition digitale ; de mutualiser certaines fonctions (impression, régie, distribution) ; et créer des groupes de presse solides à travers des regroupements stratégiques.

En parallèle, il appelle les autorités à prévoir des mesures d’accompagnement, telles que : des incitations fiscales à la modernisation ; un quota minimal de publications légales pour la presse écrite ; ou la rétrocession partielle des économies réalisées pour financer la transition numérique du secteur.

« Si la digitalisation est inévitable, elle ne doit pas se faire au détriment de la viabilité économique de la presse, un secteur stratégique pour la démocratie », plaide l’économiste.

Selon lui, sans accompagnement, cette réforme risque d’appauvrir le pluralisme médiatique et de fragiliser durablement le paysage de la presse écrite au Sénégal.

KM
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