Double événement hier sur le Mondial brésilien. D’abord le Costa Rica a dominé l’Italie, décrochant son premier huitième de finale de l’histoire. Et ensuite la France a réduit son choc annoncé avec la Suisse à une sorte de promenade de santé.
Brasilia : Le 3 – 0 infligé en ouverture par le Costa Rica à l’Uruguay n’était donc pas un coup d’éclat sans lendemain. Hier, pour leur deuxième sortie dans le Groupe D, les « Ticos » ont en effet dominé et vaincu l’Italie (1 – 0) à Recife et décroché une première qualification au second tour dans un Mondial. Car, avec 6 points, ils sont sûrs de terminer à l’une des deux places donnant droit aux huitièmes de finale. Dans la foulée de cette belle victoire sur la Squadra Azurra, ils ont même éliminé l’Angleterre avant de l’affronter lors de la dernière journée. Et créé une situation des plus dramatiques puisque l’Uruguay et l’Italie (tous deux 3 points) vont devoir se battre à mort pour le ticket restant. Et au lieu d’un (seul) ancien champion du monde qui devra retourner à la maison au bout de 3 petits matches, il y en aura bien deux. En effet, on disait le Costa Rica condamné d’avance ; et restait à savoir lequel des anciens champions du monde l’accompagnerait. Formidable pied-de-nez à la logique que ce dribble digne de Ruiz, meneur de jeu et capitaine du Costa Rica.
Pour ce qui est du choc annoncé du groupe E entre la France et la Suisse à Salvador, il a tourné court. La faute à des Helvètes plus que dépassés qui ont bu le calice jusqu’à la lie. Les Français ont longtemps maîtrisé le match menant même par 5 à 0 avant de se relâcher dans les 10 dernières minutes. Ce qui a permis aux hommes de Hitzfeld de revenir à 5 – 2. Après un premier succès déjà convaincant sur le Honduras, les hommes de Didier Deschamps se positionnent comme une des grandes forces de ce Mondial.
Ils auraient difficilement pu faire mieux avec … Ribéry, leur meilleur joueur forfait sur blessure.
Trajectoires opposées : L’Amérique du Sud qui sourit, l’Afrique qui grimace
Brasilia (Brésil) : « Pour les équipes sud-américaines, c’est certainement un avantage de jouer ici au Brésil. Nous avons l’avantage de pouvoir être soutenus par des milliers de nos compatriotes. Et en plus, nous connaissons bien le terrain, puisque beaucoup de joueurs évoluent dans le championnat brésilien sans compter les matches de qualifications aux différentes compétitions régionales qu’on y dispute ». José Perkerman, le sélectionneur argentin de la Colombie, a insisté avant-hier, à l’issue de la victoire de ses troupes sur la Côte d’Ivoire (2 – 1), sur l’importance de jouer (presque) à domicile. Aussi, a-t-il rappelé que l’Argentine (face à la Bosnie Herzégovine, 2 – 1) et le Chili (contre l’Espagne, 2 – 0) au Maracana de Rio de Janeiro avaient été soutenus presque comme ils l’auraient été à Buenos Aires ou à Santiago. Et, avant-hier, devant la Côte d’Ivoire, Pekerman a reconnu que son équipe « a pu compter sur le remarquable soutien » de ses supporters qui faisaient au moins 97% des 68 748 spectateurs qui avaient littéralement coloré les travées de l’Estadia Nacional de Brasilia en jaune. A l’inverse, son alter égo à la tête des « Eléphants », Sabri Lamouchi, a regretté que le stade ne fût pas « en orange et vert », aux couleurs de la Côte d’Ivoire.
Mais, ce seul soutien populaire explique-t-il que les équipes sud-américaines soient si fringantes lors des deux premières journées du Mondial brésilien, alors que les représentants de l’Afrique, par exemple, peinent toujours à s’affirmer ? Certainement pas, puisque si la loi du terrain (ou de la proximité) pouvait jouer à ce point, l’Afrique n’aurait pas si mal géré « sa » coupe du monde, il y a quatre ans. Puisqu’en plus de jouer à domicile, elle avait pour la première fois 6 représentants, les 5 présents au Brésil plus l’Afrique du sud en tant que pays organisateur. Or, à l’exception du Ghana quart de finale, aucune autre formation n’avait franchi le seuil des matches de groupe. Encore qu’on peut toujours opposer à l’argument de la proximité celui du pouvoir économique qui a fait que même pour cette compétition de 2010 en terre africaine, les Africains ont été les moins nombreux à fréquenter les stades.
Rictus
Dans tous les cas, alors que la deuxième journée sera bouclée ce week-end, les équipes sud-américaines affichent un beau sourire, là où les nations africaines ont le rictus. D’un côté, le Brésil (1er du groupe A), le Chili (2ème du Groupe B), la Colombie (1ère du Groupe C et déjà qualifiée pour les huitièmes de finale) et l’Argentine (1ère du Groupe F) ; seul l’Uruguay semble à la traîne, mais il s’est peut-être relancé après sa victoire sur l’Angleterre. Et de l’autre le Cameroun (4ème et dernier du Groupe A, éliminé), l’Algérie (4ème du groupe H), le Nigeria (3ème du groupe F), le Ghana (3ème du groupe G) et à un degré moindre la Côte d’Ivoire (2ème du groupe C) ! Les trajectoires des deux (sous)continents qui « se regardent » par-dessus l’océan Atlantique sont pour l’heure bien opposées.
En attendant que la deuxième journée se complète aujourd’hui et demain et surtout la 3ème et dernière qui débute dès lundi, des tendances fortes se dessinent. L’Amérique du Sud qui n’a jamais laissé échapper le trophée lorsque la compétition s’est déroulée quelque part sur le continent américain, est encore partie sur de bonnes bases. Ce n’est certainement pas l’Afrique, encore très mal barrée qui pourrait lui barrer la route. Il reste à savoir si l’Europe pourra réussir le hold-up. A moins que la surprise vienne des voisins du Nord, les équipes de la Concacaf : le Mexique qui a tenu le Brésil en échec et qui le talonne au classement, le Costa Rica qui après l’Uruguay (3 – 0) a réussi hier un autre exploit en dominant l’Italie, voire les Etats-Unis, surprenants tombeurs du Ghana…
