Le Sénégal exprime son étonnement et sa désapprobation face aux sanctions imposées par les États-Unis à quatre magistrats de la Cour pénale internationale (CPI), dont le juge sénégalais Mame Mandiaye Niang, estimant qu’elles portent atteinte à l’indépendance de la justice internationale.
Dans un communiqué parvenu à APA, le gouvernement sénégalais invite les autorités américaines à retirer ces sanctions, qu’il considère comme une grave atteinte au principe de l’indépendance de la justice et au droit des magistrats d’exercer librement et sereinement le mandat confié par les 125 États parties au Statut de Rome.
Premier pays à avoir ratifié ce Statut, le Sénégal réaffirme sa pleine solidarité à M. Niang et aux autres magistrats concernés, tout en réitérant son soutien indéfectible à la CPI dans sa mission au service de la justice pénale internationale.
Dakar appelle également l’ensemble des États Parties à confirmer leur solidarité avec la Cour et à veiller à ce que magistrats et personnel puissent accomplir leur mission en toute indépendance, à l’abri de toute menace ou restriction.
Sur ses réseaux sociaux, le Premier ministre sénégalais a félicité le président Bassirou Diomaye Faye pour son « leadership éclairé et sa position ferme en soutien à la Cour pénale internationale, et tout particulièrement à notre compatriote Mame Mandiaye Niang. » « À mon tour, je souhaite exprimer mon soutien personnel, total et indéfectible à notre compatriote, dont j’ai pu apprécier l’engagement profond envers les principes fondamentaux et sacrés de la justice, lors de l’audience que je lui ai accordée au cours de son dernier séjour à Dakar », a-t-il ajouté, rappelant que le « gouvernement du Sénégal, son pays, se tiendra résolument à ses côtés pour faire face à ces mesures injustes et infondées des États Unis d’Amérique. »
Selon un communiqué conjoint du département d’État et du Trésor américain, les sanctions visent le juge français Nicolas Yann Guillou, la juge fidjienne Nazhat Shameem Khan, le magistrat sénégalais Mame Mandiaye Niang et la procureure canadienne Kimberly Prost.
La décision intervient après que la CPI a délivré, en novembre dernier, des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, de l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et du chef du Hamas Ibrahim al-Masri, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés dans le cadre du conflit à Gaza. Le juge Guillou avait présidé la chambre préliminaire ayant validé le mandat d’arrêt contre M. Netanyahou, tandis que Khan et Niang exercent les fonctions de procureurs adjoints auprès de la Cour.
Sur X, mercredi 20 août, le sénateur américain Marco Rubio a justifié ces sanctions en affirmant que « La CPI continue de bafouer la souveraineté nationale et de favoriser la guerre juridique en s’efforçant d’enquêter, d’arrêter, de détenir et de poursuivre des ressortissants américains et israéliens. En réponse, je sanctionne quatre autres responsables de la CPI. Nous continuerons de demander des comptes aux responsables des actions moralement dénuées de fondement juridique et de la CPI contre les Américains et les Israéliens. »