Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Necrologie
Article
Necrologie

La justice sénégalaise en deuil : Mamadou Badio Camara, le défenseur de la démocratie, s’éteint à 73 ans
Publié le jeudi 10 avril 2025  |  aDakar.com
La
© Autre presse par DR
La justice sénégalaise en deuil : Mamadou Badio Camara, le défenseur de la démocratie, s`éteint à 73 ans
Comment


Figure incontournable de la justice sénégalaise, le président du Conseil constitutionnel est décédé ce jeudi 10 avril à Dakar alors que le pays entame une réforme majeure de ses institutions, a appris Adakar.com des confrères Apa et rfi en ligne..

Le Sénégal perd l’un de ses plus hauts magistrats et une figure emblématique de la préservation de l’ordre démocratique. Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel, est décédé ce jeudi à Dakar, à l’âge de 73 ans, selon une annonce confirmée par le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust).

Pour de nombreux Sénégalais, il restera dans les mémoires comme "l’homme qui a sauvé la présidentielle de 2024". Dans un contexte de vives tensions politiques, il s’était opposé à la tentative de report de l’élection présidentielle par l’ancien président Macky Sall, qui invoquait des irrégularités dans le processus électoral.

En février 2024, alors que le pouvoir exécutif, soutenu par une majorité parlementaire, avait acté le report du scrutin, le Conseil constitutionnel, sous l'autorité de Badio Camara, avait invalidé cette décision, la jugeant contraire à la Constitution. Cette prise de position historique avait contraint les autorités à organiser l’élection dans les délais constitutionnels. Le scrutin s’est tenu le 25 mars 2024 et a vu la victoire de Bassirou Diomaye Faye, candidat soutenu par l’opposant Ousmane Sonko.

Né en 1952 à Dakar, Mamadou Badio Camara a gravi tous les échelons de la magistrature : substitut du procureur à Dakar, procureur à Ziguinchor et Kaolack, puis président de la Cour suprême avant d’être nommé en 2021 à la tête du Conseil constitutionnel, dans un contexte déjà marqué par des tensions institutionnelles.

Dans un discours à Paris lors de la Nuit du droit 2024, il avait révélé que le Conseil s’était également opposé à une éventuelle candidature pour un troisième mandat de Macky Sall – un avis non public, mais déterminant dans le renoncement de ce dernier.

La disparition de Mamadou Badio Camara intervient à un moment crucial pour la démocratie sénégalaise. Le président Bassirou Diomaye Faye a récemment annoncé une réforme profonde de l’architecture institutionnelle, prévoyant notamment la remplacement du Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnelle.

« Les projets de lois organiques relatifs à cette réforme ont déjà été finalisés et transmis pour validation », a précisé le chef de l’État samedi dernier.

Depuis l’annonce de son décès, les hommages se multiplient sur les réseaux sociaux et dans les milieux juridiques. Alioune Tine, défenseur des droits humains, a salué « le courage d’un homme qui a tenu tête à la dérive », tandis qu’un internaute résume : « Il a sauvé le Sénégal d’un basculement certain. »

Mamadou Badio Camara laisse derrière lui l’image d’un homme discret mais décisif, ferme dans ses principes, et profondément engagé dans la défense de l’État de droit. Son décès marque la fin d’un chapitre important dans l’histoire politique du Sénégal, mais son héritage institutionnel reste bien vivant.

KM
Commentaires