Des responsables de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) se sont montrés insatisfaits de la mise en œuvre du Programme d’appui au renforcement des politiques et industries culturelles au Sénégal, relevant notamment des "obstacles et problèmes" liés au pilotage institutionnel du processus.
‘’Les résultats sont en deçà de ce que l’on peut attendre de ce programme. On a du mal avec le pilotage institutionnel, avec des réunions irrégulières, des rapports qui arrivent en retard, etc.’’, a dit jeudi la directrice de la diversité et du développement culturels de la Francophonie.
S’exprimant à l’ouverture de la troisième session ordinaire du comité de pilotage, Youma Fall a estimé qu’il faut ‘’un geste politique fort, des décisions politiques fortes visant à changer la coordination du programme, une pleine appropriation du projet par toutes les directions du ministère’’.
‘’C’est un programme-pilote qui est mis en œuvre au Sénégal. L’objectif est que ce programme fasse tache d’huile. On a donc besoin de résultats pertinents pour que d’autres pays puissent en profiter. C’est le lieu de restructurer pour essayer d’améliorer. On ne peut plus fuir les difficultés’’, a-t-elle dit en présence du secrétaire général du ministère sénégalais de la Culture.
‘’Il est important de corriger parce que le pilotage institutionnel est au cœur du dossier du Sénégal qui a motivé l’appui de l’Organisation internationale de la francophonie’’, a-t-elle insisté, tandis que son collaborateur, Toussaint Tiendrébéogo, a relevé que le rapport d’activités de l’année 2013 ‘’n’est pas suffisamment détaillé’’.
Selon lui, le document présenté par le Directeur de la francophonie, Maguèye Touré, ‘’ne s’inscrit pas en harmonie avec l’architecture institutionnelle du programme. Il y a un problème de pilotage’’. M. Tiendrébéogo a notamment signalé trois actions passées sous silence : l’appui à la relance du cinéma, la mise en place du comité interministériel, les actions de communication visant à désenclaver la culture.
Plus loin, dans son appréciation du rapport, il a dit que concernant l’exécution du programme en 2013, sur les 46.000 euros dégagés, ‘’seuls 14.000 ont fait l’objet de pièces justificatives’’, tandis qu’en 2014, l’utilisation de 36.000 des 79.000 euros a été justifiée. ‘’Il est difficile d’envisager la suite du programme sans respect des engagements en termes de rapports financiers’’, a commenté Toussaint Tiendrébéogo.
Répondant à ces remarques, le secrétaire général du ministère de la Culture, Birane Niang, s’est dit ‘’tout aussi mal à l’aise’’, que les responsables de l’OIF, estimant pour sa part que ‘’le Sénégal est très loin des objectifs définis au départ avec les retards dans l’organisation des réunions du comité de pilotage, le caractère incomplet des documents, l’absence de pièces justificatives des dépenses effectuées, entre autres faiblesses’’.
Le Programme d’appui au renforcement des politiques et industries culturelles au Sénégal, appuyé par l’OIF pour les années 2013, 2014 et 2015, vise à renforcer les capacités de gouvernance du département en charge de la culture, diversifier les dispositifs de financement des activités et programmes culturels et accroître leurs moyens, favoriser la professionnalisation des artistes et entrepreneurs culturels, désenclaver la culture sur le plan social, financier et politique.