89 milliards de manque à gagner entre 2010 et 2013 et 16 milliards de taxes pour l’Etat. C’est le bilan des dégâts causés par les fraudes d’électricité durant cette période. En séminaire depuis hier mercredi, la Senelec a annoncé par la voie de son directeur général Papa Dieng, un programme de lutte contre ce fléau sur la période 2014-2016 pour un montant de 06 milliards FCFA, avec un focus sur la communication et l’implication participative de tous les acteurs nationaux.
Experts de la Senelec, représentants des consommateurs et juristes se sont retrouvés autour d’une table hier mercredi, pour parler de la fraude qui plombe l’économie de la société d’électricité. En séminaire à Dakar pour deux jours (18 et 19 juin), le directeur général Papa Dieng de ladite société, a souligné que « la fraude cause un préjudice énorme évalué à près de 9% du chiffre d’affaires de la Senelec, soit près de 27 milliards de fcfa par an ». Et de poursuivre : « le vol d’électricité participe fortement à la détérioration de la qualité du service de l’électricité en mobilisant 8, 6% de la capacité de production et privant ainsi plus de 135.000 clients d’électricité ».
Pour le directeur commercial de la communication et de la clientèle de la Senelec, Moussa Dièye, les pertes pendant les trois années 2010 et 2013 s’élèvent à 98 milliards et 16 milliards de taxes pour l’Etat. Pour M.Dièye, les différentes formes de fraude sont constatées au niveau des clients à basse tension, petites puissances et sont faites par des raccordements directs d’appareils hors des circuits de comptage de l’énergie.
A cet effet, il a estimé que ce type de fraude représente plus de 80% des cas de vol d’électricité chez les clients généraux à basse tension. D’autres cas de fraude sont aussi signalés au niveau des clients industriels soit par manipulation des équipements de comptage de l’énergie où ils parviennent à couvrir leur consommation en énergie à bas prix.
Selon M. Dièye, plusieurs facteurs favorisent la fraude. Il s’agit entres autres de l’implication de la population sur le processus. «Il y a l’indifférence des populations dans la dénonciation des cas de fraude. La difficulté de prouver le vol d’électricité après constat, l’insuffisance des sanctions » a-t-il souligné. Pour certains participants, ils ne sont pas du tout d’accord avec les chiffres de la Senelec. Pour Momar Ndao, représentant les consommateurs, on ne peut pas toujours parler de fraude. « Il y a certaines défaillances qui sont notées du coté de la Senelec. Il s’agit des compteurs défectueux, le problème de la disponibilité de compteurs qui amène certains clients à opérer des branchements.
Et pour parler de calcul, de perte fiscal, il faut revoir les bases de calcul », a-t-il fait relevé. Pour un autre séminariste, Ibrahima Dièye, la Senelec doit d’abord travailler sur le projet d’extension avec des postes. Une solution qui pourrait tout simplement pallier certaines insuffisances. D’autres par contre, ont tout bonnement demandé à la société de baisser le prix de l’électricité pour permettre à tous d’y accéder et de s’acquitter de ses charges.
Campagne contre la fraude
La société nationale d’électricité va lancer une campagne nationale de lutte contre les pertes non techniques en mettant l’accent sur la fraude. Selon son directeur général Papa Dieng, cet investissement estestimé à plus de 6 milliards FCFA et le focus sera mis sur la communication avec une action participative de toutes les composantes de la société. Ce programme va s’étendre sur la période 2014-2016. « Ce programme ambitionne de réduire la fraude ou le vol d’électricité de plus de 70% à l’horizon 2016. Il requiert un investissement de 6,2 milliards CFA et engendra des gains de 28,5 milliards pour la Senelec et 5,1 milliards en taxes pour l’Etat» , a-t-il souligné.
La stratégie pour cette action résidera selon le directeur commercial sur quatre piliers dont l’axe juridique avec le renforcement du cadre juridique par la criminalisation de la fraude et le renforcement des peines, l’axe stratégique avec la mobilisation des ressources de lutte contre le vol mais la sensibilisation des acteurs nationaux. Il y a aussi l’axe organisation et motivation de leurs personnels à travers des formations mais aussi l’axe technique qui va mettre en place des dispositions permettant de réduire la vulnérabilité des équipements de comptage.