Malgré le classement sans suite par le parquet de Paris de la plainte de l’Etat du Sénégal contre Karim Wade, dans la cadre de la traque des biens mal acquis, la procédure suivra son cours, indique le ministère de la Justice.
« Le classement sans suite est une décision du Parquet de Paris qui a l’opportunité des poursuites et non d’une décision d’un tribunal », indique un communiqué du ministère de la Justice. Le document souligne que cette décision ne met nullement fin aux poursuites qu’une partie civile entend mener. Selon la même source, l’enquête menée en France a permis d’identifier des biens d’un montant de 18 millions d’euros environ, soit plus de 11 milliards de FCfa sans préciser le propriétaire.
Avant-hier, les avocats de Karim Wade ont annoncé que le 13 mai dernier, le parquet de Paris a classé sans suite la plainte de l’Etat du Sénégal, un prétexte qu’ils ont saisi pour dénoncer à nouveau ce qu’ils qualifient de « procédure politique » visant à écarter un potentiel adversaire de l’actuel président.
Le ministère de la Justice confirme que le classement sans suite serait motivé par le fait que « l’origine illicite des fonds ne serait pas démontrée ». « Les enquêteurs français ne semblent pas avoir poussé leurs investigations sur la provenance des biens », lit-on dans le communiqué. L’Etat du Sénégal pourrait envisager de se constituer partie civile pour obtenir la désignation d’un juge d’instruction et avoir ainsi la possibilité de faire des demandes d’actes, de tenir compte de ces éléments dans le cadre des poursuites au Sénégal.
Le ministère de la Justice souligne que les investigations faites au Sénégal et les commissions rogatoires internationales ont permis d’établir des faits qui ont conduit au renvoi des personnes mises en cause devant la Cour de répression et d’enrichissement illicite (Crei). Parmi celles-ci figure Karim Wade dont l’ouverture du procès est prévue le 31 juillet 2014. «Ce procès permettra alors de débattre de façon contradictoire et de faire la lumière sur cette affaire, en dépit du brouillage médiatique organisé via une agence de communication recrutée et dont les messages sont relayés par certains organes français et africains », note le ministère. « C’est le lieu par ailleurs de signaler qu’il existe plusieurs autres commissions rogatoires en dehors de la France dont les autorités n’ont pas choisi les canaux diplomatiques pour informer l’Etat du Sénégal en dépit de la qualité de nos accords de coopération », déplore le ministère de la justice.
Dans le cadre de la traque des biens mal acquis, Karim Wade a été mis en demeure, le 15 mars 2013, après une audition par la commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), dans un délai d’un mois, pour justifier ses avoirs. Il est inculpé d’« enrichissement illicite » et écroué avec sept autres personnes depuis le 18 avril 2013 à Reubeuss.