De l’éducation à la santé en passant par l’allégement des travaux des femmes, de l’adduction d’eau, pour ne citer que ces secteurs, les trois sociétés signataires du Fonds social minier que sont Arcelor Mittal, SGO et Oromin ne devaient rien laisser au hasard de 2008 à 2013. Plus d’un milliard sur les trois prévus, soit le tiers du Fonds ont été investis de 2008 à 2009, selon une source proche du dossier. Les efforts consentis par les compagnies minières sont toutefois jugés peu satisfaisants par les populations de la région de Kédougou.
Si l’arrivée des compagnies minières dans les communautés rurales de Khossanto et Sabodala a changé une partie du vécu des populations, il reste que l’action de ces dernières est jugée « insuffisante ». Selon une source proche du dossier, « Selon les nouvelles orientations du code minier du Sénégal, les sociétés se devaient de mettre sur pied un fonds social minier bâti sur un programme social minier ». Ainsi, « toute demande de permis d’exploitation ou de concession minière doit être accompagnée d’un plan de développement et de mise en exploitation de la découverte commerciale. Ce plan doit notamment, contenir des informations concernant le montant des réserves exploitables, le schéma de développement, les estimations des investissements et des coûts ainsi qu’une étude justifiant le caractère commercial de la découverte et l’impact de l’exploitation sur l’environnement. »
Interpellés sur les éventuelles réalisations des compagnies minières dans les villages qui gravitent alentour, les présidents de conseil rural sont insatisfaits. « L’exploitation minière ne profite pas du tout aux populations, certaines compagnies ne font rien par contre d’autres font les choses à moitié », s’indigne Moussa Cissokho, président de la communauté rurale de Khossanto. Pour lui : « elles auraient dû goudronner l’axe Bembou-Sabodala, mais ce n’est pas leur souci. Et en plus, leurs véhicules tuent nos bétails sans compensation aucune », ajoute-t-il.
Revenant sur le fonds social minier qui se chiffrait à 3.190.000.000 FCfa pour une période de cinq ans, c'est-à-dire de 2008 à 2013, notre source renseigne qu'il revenait à Arcelormittal d'assurer 80% des investissements, le restant revenant à SGO et Oromin. A en croire notre interlocuteur, « Oromin a fait des réalisations dans le domaine de l’éducation, de l’hydraulique, de la santé et surtout pour l’allégement des travaux des femmes (achat de moulins) à hauteur de 99.622.000 f (quatre vingt dix neuf millions six cent vingt deux mille) de 2008 à 2009 », factures à l’appui. Sabodala Gold Operations (SGO) qui a fait d’autres réalisations, notamment des appuis communautaires qui avoisinent 606.000.000 FCfa (six cent six millions) pour la même période.
Arcelormittal s’est taillé la part du lion en matière d’investissement et d’appui aux populations de la région de Kédougou pour les quatre dernières années avant de fermer boutique. De l’achat d’ambulances à l’extension du lycée technique en passant par l’électrification du stade de Kédougou sans oublier le camp de santé annuel de Saraya, la multinationale indienne avait casqué la rondelette somme de 360.000.000 FCfa ( trois cent soixante millions). Les jeunes de Sabodala, très remontés par le mode de fonctionnement du fonds social minier et ses retombées, en veulent à l’Etat du Sénégal.
« Quiconque entre à Sabodala devrait sentir que notre village s’est visiblement métamorphosé grâce à l’exploitation de notre or », déclare Bambo. En tout cas au moment où le Mali voisin exploite cinq mines que sont Loulo, Morila, Yatéla, Sadiola et Bouncoto, le Sénégal n’en est qu’à sa première mine. Si la zone de Massawa est plus importante que Sabodala, son minerai serait très « réfractaire », à en croire les géologues. L’impact environnemental est toutefois revenu dans les discussions.