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Validation des dépenses d’investissement de l’État : un nouveau pouvoir pour le Premier ministre ?
Publié le samedi 11 janvier 2025  |  pressafrik.com
Déclaration
© aDakar.com par MC
Déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko devant l`Assemblée nationale
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Lors du Conseil des ministres du 8 janvier 2025, le président de la République a salué le travail remarquable accompli par le Gouvernement au cours des huit derniers mois, mettant en lumière les mesures prises pour le redressement des finances publiques et la relance des activités économiques et sociales. Ce fut également l’occasion de rappeler l’importance de la Déclaration de politique générale (DPG) présentée le 27 décembre 2024, ainsi que l’adoption de la Loi de finances rectificatives 2024 et du projet de Loi de finances pour l'année 2025, qui garantissent la continuité de l’État.

Au cœur de cette réunion, une question centrale a été abordée : la gestion des finances publiques et la supervision des projets de développement, notamment dans le cadre de l’organisation des Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ) Dakar 2026, un événement stratégique pour le pays.

Le président de la République a donné des instructions claires à son Premier ministre, Ousmane Sonko, concernant la gestion des finances publiques pour l’année 2025. En effet, au-delà des aspects techniques de la gestion budgétaire, le Premier ministre se voit désormais chargé de piloter la mise en œuvre du Plan d’action du Gouvernement pour cette année, en collaboration avec les ministres et secrétaires d’État. Ce plan inclura l’agenda législatif et réglementaire, tout en veillant à la bonne marche du système éducatif, des universités et des établissements d’enseignement supérieur.

La désignation de Sonko pour la gestion des finances publiques est perçue par nombre de Sénégalais comme une étape importante dans l’organisation des pouvoirs au sein du Gouvernement. En témoignent les nombreux commentaires des personnes favorables à cette idée sur les réseaux sociaux. En revanche, les médias, pas tous, et des analystes financiers ont rapidement souligné la portée de cette évolution, la qualifiant de renforcement du rôle du Premier ministre dans le domaine budgétaire.

La Supervision des Jeux olympiques de la Jeunesse 2026
Un autre point majeur abordé par le chef de l’État fut l’organisation des Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ) Dakar 2026. Cet événement d’envergure représente un défi pour le Sénégal sur les plans sportif, économique, infrastructure, culturel et logistique. L’économiste Magaye Gaye a souligné que cet événement revêt une importance capitale pour le pays. « Le Sénégal n’a jamais organisé un événement de cette taille. C’est un défi de taille. Le second point, c’est que malheureusement, le problème majeur du Sénégal reste la qualité de ses dépenses publiques, une situation qui perdure depuis Abdoulaye Wade (arrivé au pouvoir en mars 2000 et parti en 2012). Nous dépensons mal nos ressources », a déclaré M. Gaye.
Pour l’ancien responsable de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la désignation du Premier ministre pour la supervision des Jeux olympiques de la Jeunesse Dakar 2026 trouve sa justification dans deux raisons. D’abord, la taille et l’importance de l’événement en font un enjeu majeur. Ensuite, cette décision pourrait être perçue comme un moyen de contourner les risques de gaspillage des ressources publiques et de détournement dans le cadre des marchés à adjuger. « Il n’y a aucun inconvénient à cela, et il ne s’agit pas de contourner M. Diba, ministre des Finances. C’est une manière de garantir que cet événement d’importance internationale se déroule avec la plus grande rigueur. Les exigences de résultats sont essentielles. Cela permet de placer le Premier ministre en position de responsabilité directe. Le travail de base se fera bien sûr au sein des ministères concernés, mais c’est à Sonko qu’il reviendra de valider toutes les dépenses pour garantir leur conformité avec le budget et éviter toute forme de détournement de fonds publics », a ajouté Magaye Gaye.

Le Premier ministre Ousmane Sonko, en collaboration avec le ministre chargé des Sports, aura désormais la responsabilité de superviser l’ensemble des projets et financements liés à l’organisation des JOJ 2026. Il devra s’assurer de la réception des infrastructures dans les délais impartis, un défi colossal pour un pays qui accueillera pour la première fois en Afrique un événement sportif de cette envergure. La gestion des fonds et la réalisation des infrastructures seront donc placées sous la houlette de Sonko, avec un accent particulier sur la transparence et la rigueur budgétaire.

Une réflexion sur la structuration du ministère des Finances
Cette évolution soulève des interrogations sur la structure même du Gouvernement. Le quotidien Les Echos, dans son édition du 10 janvier 2025, a titré : « Diomaye "écoute", Barth, Sonko "surveille" Diagna », mettant en évidence la dynamique de pouvoir qui s’installe entre le ministre des Finances, Cheikh Diba, et le Premier ministre. Dans le même temps, un autre journal, Le dakarois a posé une question "provocante" : « À quoi sert Cheikh Diba ? », soulignant le rôle du ministre des Finances face à l’extension des pouvoirs de Sonko dans la validation des dépenses d’investissement de l’État.

Cette situation a conduit certains analystes à se demander s'il ne s’agirait pas d'une refonte en profondeur du ministère des Finances, qui pourrait se rapprocher davantage de la Primature, renforçant ainsi le rôle de Sonko dans la gestion des finances publiques. Selon certains experts, cette centralisation des décisions budgétaires pourrait compliquer la tâche des entreprises sénégalaises, déjà confrontées à une conjoncture économique difficile, notamment en période de gestion budgétaire tendue.

Le rôle renforcé de Sonko dans cette gestion pourrait, d’une part, offrir un pilotage plus cohérent et centralisé des finances publiques, comme l’a indiqué l’économiste Magaye Gaye. "De plus en plus, le Premier ministre est appelé à jouer un rôle essentiel dans la validation des dépenses d’investissement", telle est restée sa conviction.
En revanche, pour cet analyste financier ayant requis l'anonymat, ce processus pourrait aussi accentuer les tensions au sein du Gouvernement concernant la répartition des responsabilités. "Une telle centralisation des pouvoirs pourrait entraîner une redistribution des rôles entre les ministères, notamment celui des Finances, et soulever des questions sur l’efficacité d’une gestion budgétaire trop centralisée", a-t-il commenté.
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