L’expropriation puis la destruction de Noom Hôtel de Cotonou Teyliom International de l’entrepreneur Yérim Sow sont désormais suivies d’un mandat d’arrêt international par la Justice béninoise. Stupéfait par cette décision, le groupe rappelle que le dossier est toujours en instruction devant le Cirdi et que ses responsables n’ont pas été notifiés du jugement de décembre 2021.
La démolition de l’Hôtel Noom, situé au cœur de Cotonou et construit par le Groupe Teyliom de Yérim Sow, était déjà un coup dur pour l’homme d’affaires sénégalais. Mais, l’émission d’un mandat d’arrêt international est un coup de massue pour l’investisseur sénégalais condamné, le 23 décembre 2021, par le Tribunal de première instance de première classe de Cotonou pour escroquerie, surévaluation frauduleuse d’apports en nature et non-établissement d’états financiers. Le verdict est sans appel : 5 ans d’emprisonnement dont 2 ans ferme. La même peine et les mêmes infractions sont retenues contre Yigo Faly Thiam, qui fait partie d’une longue liste de personnes recherchées par la Justice béninoise et mise en ligne sur le site du ministère de la Justice et de la législation de ce pays.
Monument Amazone à la place de l’hôtel
C’est le 28 février 2020 que l’homme d’affaires Yérim Sow, à la tête du Groupe Teyliom, reçut un appel téléphonique du ministre béninois des Finances lui annonçant que son hôtel est réquisitionné pour les besoins d’utilité publique. Alors que le projet était en construction depuis 2014 sur une surface de 2 hectares obtenue à la suite d’un bail accordé au groupe sous l’ère de l’ancien Président, Yayi Boni, remplacé depuis 2016 par le Président Patrice Talon. Selon le site financialafrik.com, M. Sow fut bénéficiaire d’un Code d’investissement et l’hôtel réalisé à plus de 90% pour un investissement de 15 milliards de F Cfa. Plus tard, le complexe hôtelier a été «réquisitionné», puis une décision a été rendue par le Tribunal de première instance de Cotonou, confirmée ensuite par la Cour d’appel. Selon le même site, il a été ensuite démoli dans une procédure accélérée après que l’homme d’affaires s’est vu notifier verbalement de faire la liste des investissements consentis pour un éventuel remboursement. Ce qui est fait mais sans suite à ce jour, note-t-il. D’autres hôtels aussi ont fait l’objet de réquisitions versées dans le patrimoine de l’Etat béninois ou ont été démolis. Autant de pratiques qui risquent de remettre en cause la sécurité des investissements ?
Stupéfaction du Groupe Teyliom
Aujourd’hui, deux procédures judiciaires sont en cours. Le Groupe Teyliom a porté l’affaire à Washington devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), comme l’a confirmé le groupe fondé par Habib Yérim Sow dans un communiqué à travers lequel il ne cache pas sa stupéfaction : «Par le présent communiqué de presse, le Groupe Teyliom souhaite ainsi rappeler un certain nombre de faits afin d’éclairer l’opinion publique nationale et internationale sur les actions ayant conduit à la destruction arbitraire de l’hôtel Noom Cotonou, l’ouverture d’une procédure d’arbitrage au Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements internationaux (Cirdi) en cours opposant le Groupe Teyliom à la République du Bénin («l’Arbitrage Cirdi») ; des mesures prises par les autorités béninoises postérieurement à l’introduction de l’Arbitrage Cirdi.» Il poursuit : «Par ailleurs, il est important de préciser que Messieurs Sow et Thiam ne s’étant jamais vu signifier le jugement du 23 novembre 2021 (décembre), les délais d’opposition ou d’appel n’avaient pas pu commencer à courir : la décision n’ayant pas acquis l’autorité de la chose jugée est dépourvue de tout caractère exécutoire. Enfin, il est à souligner qu’à ce jour, Messieurs Sow et Thiam ne sont toujours pas en mesure d’apprécier ou de commenter les éléments de fait et de droit sur lesquels la Chambre correctionnelle semble avoir «fondé» sa décision, n’ayant jamais été informés des charges ou du dossier d’instruction. Le Groupe Teyliom entend faire pleinement valoir ses droits légitimes, comme cela a toujours été le cas.»
Il faut savoir que l’ex-complexe hôtel, réalisé à 90%, était situé au cœur de la capitale économique du Bénin, surplombant les bâtiments ministériels et à proximité du Palais présidentiel et du Port de Cotonou. Après sa démolition, il y a été érigé le Monument Amazone qui est devenu «the place to be» à Cotonou.