Fidèle à sa tradition d’alternance politique pacifique, le Ghana vient d’élire dans le calme le candidat de l’opposition John Mahama comme nouveau président, le candidat du parti au pouvoir ayant reconnu sa défaite dans ce pays d’Afrique de l’ouest aux 34 millions d’habitants.
Le vice-président ghanéen Mahamudu Bawumia, candidat du New Patriotic Party (NPP) au pouvoir, a déclaré dimanche qu’il reconnaissait sa défaite lors de l’élection présidentielle de la veille, précisant qu’il avait appelé M. Mahama pour le féliciter.
"Le peuple ghanéen s’est exprimé, il a voté pour le changement et nous le respectons en toute humilité", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse dimanche matin à Accra, la capitale, dont les rues commençaient à se remplir de partisans de M. Mahama laissant éclater leur joie.
Sur son compte X, M. Mahama a confirmé avoir reçu l’appel de félicitations de M. Bawumia. Il succèdera à Nana Akufo-Addo qui achève son second mandat.
Lors du scrutin présidentiel de samedi, les électeurs ghanéens, qui élisaient également leurs députés, avaient le choix entre M. Mahama, du National Democratic Congress (NDC), et M. Mahamudu Bawumia, candidat du parti au pouvoir New Patriotic Party (NPP), et vice-président depuis 2017.
Les difficultés économiques du Ghana ont dominé les élections: le pays est confronté à une inflation et un endettement élevés, et a dû recourir à un prêt de trois milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI).
Premier producteur d’or du continent et grand exportateur de cacao, cet Etat d’Afrique de l’ouest est considéré comme un investisseur privilégié sur le continent, et comme un modèle de stabilité dans une région secouée par de récents coups d’Etats, des défis constitutionnels et des insurrections.
Le porte-parole du NDC, Sammy Gyamfi, a déclaré aux journalistes que l’examen interne des résultats du parti montrait que Mahama avait obtenu 56,3% des voix contre 41,3% pour Bawumia.
"Il est très clair que le peuple de ce pays a voté pour le changement", a déclaré M. Gyamfi.
La chaîne de télévision locale ChannelOneTV a déclaré que son comptage des résultats de 42 des 276 circonscriptions du Ghana montrait que M. Mahama était en tête.
Plus tôt, le commissaire adjoint de la Commission électorale, Bossman Asare, a déclaré aux journalistes que le comptage était toujours en cours et que les résultats régionaux n’étaient pas encore parvenus au centre national.
La commission avait déclaré que les résultats officiels seraient probablement disponibles d’ici mardi.
- Alternance -
Le scrutin s’est déroulé dans le calme. Toutefois, une personne a été tuée par balle dans le nord du pays, tandis qu’une autre a été tuée par balle dans la région centrale, selon la police ghanéenne.
Les deux principaux partis du Ghana, le NPP et le NDC, ont alterné au pouvoir de manière égale depuis le retour au multipartisme en 1992.
Président du Ghana de 2013 à 2017, M. Mahama, 66 ans, a promis de relancer l’économie et de mettre en place des réformes anti-corruption.
La victoire de John Mahama marque un retour historique, faisant de lui le premier président de la Quatrième république du Ghana à reprendre la présidence après en avoir été chassé par les urnes.
Sa vice-présidente sera l’ancienne ministre de l’Éducation, Jane Naana Opoku-Agyemang, première femme du pays à accéder à ce poste.
En utilisant le slogan "Break the 8", qui fait référence aux deux mandats au pouvoir, M. Bawumia a cherché à mener le NPP à un troisième mandat sans précédent, mais il n’a pas réussi à se détacher des critiques sur le bilan économique de Nana Akufo-Addo.
Bien que l’inflation ait été ramenée de plus de 50% à environ 23% et que d’autres indicateurs macroéconomiques se soient stabilisés, les difficultés économiques sont restées pour beaucoup un enjeu électoral majeur.
Cette frustration a ouvert la voie à un retour de M. Mahama, qui a été président de 2012 à 2017, mais qui a depuis échoué à deux reprises dans sa candidature à l’élection présidentielle.