L'appétit des investisseurs pour la dette des pays africains ne se dément pas. Après la Zambie qui avait levé en avril dernier 1 milliard de dollars sur le marché international de la dette, le Maroc a annoncé, le 13 juin, avoir levé un milliard d’euros en émettant un emprunt obligataire d’une maturité de 10 ans et d’un coupon de 3,5%. Le livre d’ordre de cet emprunt, qui marque le retour du royaume chérifien sur le marché de la dette en euro après quatre ans d’absence, a atteint 2 milliards d'euros.
Gestion Publique : L’appétit pour la dette des pays africains reste fort sur les marchés internationaux
Dernier pays africain à solliciter les marchés internationaux de la dette en date, le Kenya a finalisé le 16 juin la levée de 2 milliards de dollars, un montant record en Afrique. Selon le gouvernement kényan, le livre d’ordres de cet emprunt a atteint 8,8 milliards de dollars, un montant jamais atteint auparavant pour un pays africain. L’eurobond kenyan divisé en deux catégories (5 ans et 10 ans de maturité) a reçu des coupons respectifs de 5.875% et de 6.875
Au moins trois autres pays africains se préparent aussi à sortir cette année sur les marchés internationaux de la dette pour y lever des montants allant de 500 millions de dollars à un milliard de dollars: le Ghana, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
L’intérêt des investisseurs pour les titres de dette des pays africains ne doit pas, cependant, cacher les risques du recours aux marchés obligataires internationaux dans un contexte de diminution des injections de liquidités de la réserve fédérale américaine (Fed).
«Les beaux jours des obligations internationales émises ces deux dernières années, par de nouveaux acteurs ou en provenance des marchés frontières comme ceux des pays africains sont aujourd'hui dépassés. Les périodes où on assistait à des sursouscriptions et des taux très étroits ne sont plus d'actualité», avait déclaré fin mai le directeur du département Afrique subsaharienne chez l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P), Konrad Reuss.
Ce renchérissement des coûts des émissions obligataires dans des devises étrangères a incité la directrice du FMI, Christine Lagarde, à mettre en garde contre les risques de l’engouement croissant des pays africains pour les émissions obligataires souveraines. Selon Mme Lagarde, ces émissions risquent de surcharger leurs économies avec trop de dettes et de faire dérailler l'excellente conjoncture économique de la région.
La patronne du FMI a également relevé que les investisseurs commençaient à exiger des taux d'intérêt plus élevés pour détenir des titres de dette de certains pays africains, signe que le marché est devenu de plus en plus prudent quant à la hausse des déficits budgétaires en Afrique. Cela explique d’ailleurs en grande partie l’augmentation du coupon de l’emprunt obligataire de la Zambie de 5,63% en 2012 à 8,63% au début du mois d'avril dernier.