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France : le gouvernement renversé par l’Assemblée, une première depuis 1962
Publié le jeudi 5 decembre 2024  |  AFP
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Les députés français ont voté mercredi la censure du gouvernement en place depuis à peine
trois mois, une première en France depuis 1962 qui aggrave l'incertitude politique et
économique dans un pays pivot de l'Union européenne.
Après trois heures et demie de débats très agités dans un hémicycle comble, 331 députés ont
finalement décidé de faire chuter l'exécutif, alors que 289 voix étaient requises.
"En raison de la motion de censure, (...)
le Premier ministre doit remettre au président de la
République la démission du gouvernement", a déclaré au perchoir la présidente de
l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.

La présidence française a indiqué à l'AFP qu'il le ferait jeudi à 10H00 (9H00 GMT).
Tout juste rentré d'une visite d'Etat en Arabie saoudite, M. Macron, au plus bas dans les
sondages, doit désormais désigner un nouveau Premier ministre. Son entourage a annoncé
qu'il s'adresserait jeudi à 20H00 (19H00 GMT) aux Français.
Pour parvenir à la censure, les parlementaires de gauche et du parti d'extrême droite
Rassemblement national, ainsi que ses alliés, ont voté ensemble pour faire tomber le
gouvernement sur des questions budgétaires, alors que la France est très fortement endettée.
Le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI) a aussitôt réclamé la démission du chef
de l'Etat. La présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, a demandé à
"Emmanuel Macron de s'en aller", réclamant "des présidentielles anticipées".

- "Jour historique" -

"Aujourd'hui est un jour historique. Pour la seconde fois dans la Ve République et pour la
première fois depuis 62 années, un gouvernement est renversé", a-t-elle encore lancé.
Elu en 2017 et réélu en 2022, M. Macron, dont le mandat va jusqu'en 2027, a par avance
qualifié de "politique fiction" les appels à sa démission. Il afirmé mardi qu'il comptait servir
son mandat "jusqu'à la dernière seconde".

La chefe de l'extrême droite française Marine Le Pen a semblé plus mesurée que la gauche
radicale dans sa première réaction, assurant qu'elle laisserait "travailler" le futur chef du
gouvernmement pour "co-construire un budget acceptable pour tous". "Je ne demande pas la
démission d'Emmanuel Macron", a-t-elle encore lancé.
M. Barnier avait pris la parole avant le vote, moins pour dissuader les élus de voter la censure
que pour prendre date en cas de renversement de son gouvernement. La France consacre 60
milliards d'euros par an à payer les intérêts de sa dette, soit plus que pour sa défense ou son
enseignement supérieur, a-t-il rappelé.
"On peut dire ce qu'on veut, c'est la réalité. Croyez-moi: cette réalité ne disparaîtra pas par
l'enchantement d'une motion de censure", a-t-il mis en garde.
Cette censure suit des mois de crise, déclenchée par la dissolution suprise de l'Assemblée
nationale voulue par le chef de l’État après la déroute de son camp aux européennes face à
l'extrême droite.
Les législatives anticipées qui ont suivi ont abouti à la formation d'une assemblée fracturée
en trois blocs (alliance de gauche, macronistes et droite, extrême droite), dont aucun ne
dispose de la majorité absolue. Après 50 jours de tractations, un gouvernement de droite et
du centre avait finalement été nommé début septembre.
La chute de l'exécutif après seulement trois mois aux afaires constitue un record de brièveté
depuis l'adoption en 1958 de la Constitution française.

- Endettement massif -

Deux motions de censure avaient été déposées après que le Premier ministre a déclenché
mardi l'article 49.3 de la Constitution permettant de faire adopter un texte sans vote, sur le
budget de la Sécurité sociale. Une seule a sufi.
Depuis l'Arabie saoudite, où il était en visite d’État, le président français avait de son côté
afirmé qu'il ne pouvait "pas croire au vote d'une censure" du gouvernement. M. Macron
devait être de retour à Paris mercredi soir.
Le chef de l'Etat français doit désormais désigner un nouveau Premier ministre, sur fond
d'endettement croissant du pays. Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4%
prévus à l'automne 2023, le déficit public ratera son objectif de 5% en l'absence de budget, et
l'incertitude politique pèsera sur le coût de la dette et la croissance.
Autant la gauche que le centre ou la droite paraissent désunis pour s'entendre sur un

nouveau gouvernement de coalition.
Marine Le Pen, triple candidate malheureuse à l'élection présidentielle, dont deux fois face à
M. Macron, a, elle, les yeux rivés sur le prochain scrutin présidentiel prévu en 2027. Mais son
destin politique est suspendu à une décision de justice attendue le 31 mars. Elle risque cinq
ans d'inéligibilité avec efet immédiat pour un détournement de fonds du Parlement
européen au profit de son parti.


bur-bb/jf/ib
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